En direct
A suivre

Et si la France subissait une cure d'austérité à la grecque ?

Manifestations en Grèce Des manifestants en colère devant le Parlement grec, à Athènes, le 26 septembre 2012.[PANAGIOTIS TZAMAROS / AFP]

Réforme des retraites, baisse des salaires, hausse des impôts… Les trains de mesures d'austérité ne cessent de succéder en Grèce depuis trois ans. Des efforts considérables sont imposés aux habitants. Des efforts inimaginables pour leurs voisins européens. Sauf si on les traduit avec des chiffres.

Les différentes cures d'austérité imposées par la troïka (FMI, UE, banques) à la Grèce pour résoudre ses problèmes de dette impactent fortement les habitants.

Derrière la froideur des chiffres et des mesures, voici un petit tour d'horizon de quelques-unes de ses mesures d'austérité mises en œuvre en Grèce appliquée à l'économie française. Il explique aussi la contestation qui traverse le pays.

 

> Le salaire minimum a été réduit de 22% en Grèce, et de 32% pour les jeunes de moins de 25 ans, début 2012. En France le Smic mensuel sur la base de 35 heures est en moyenne de 1 118,36 euros. Autrement dit, si une telle mesure d'austérité était appliquée dans l'Hexagone, elle ferait passer le Smic mensuel à 872,32 euros et impliquerait la création d'un Smic jeune établi à 760,48 euros.

La mesure concernerait 2,7 millions de salariés. Tous les célibataires payés au smic passeraient ainsi sous le seuil de pauvreté.

 

> En France, le salaire des fonctionnaires est gelé depuis deux ans. Une aubaine comparée au traitement infligé aux serviteurs de l'Etat en Grèce. Là-bas, les salariés du public ont subi une baisse de salaire de 15% en 2010 et la suppression de leur 13e et 14e mois.

Et depuis septembre 2012, les fonctionnaires de la magistrature et de la police les ont encore vus abaissés de 10% en moyenne. Un exemple : un gardien de la paix débutant en France, dont le traitement mensuel est de 1 700 euros, verrait sa rémunération dégringoler  à 1 280 euros et ses primes suprimées en moins de deux ans.

 

> Athènes va placer 35 000 fonctionnaires dans une "réserve de main-d'œuvre". En d'autres termes, l'Etat va sacrifier plus de 5% de ses effectifs en leur imposant de ne toucher que 65% de leur salaire de base… avec la garantie d'être licenciés au bout de ces trois ans. L'objectif de cette mesure serait le licenciement pur et simple de 150 000 agents d'ici 2015, soit près de 22% de la fonction publique grecque.

En France, cela se traduirait par la mise sur la touche de 280 000 fonctionnaires, à qui l'on accorderait un traitement moyen de 1 545 euros au lieu des 2 377 euros actuels, en attendant un licenciement au bout de trois ans.

 

> Parmi les mesures d'austérité grecques, est prévue la privatisation d'une cinquantaine d'organismes publics.  Doivent être privatisés entre autres la loterie nationale, les compagnies de gaz et d'électricité. En France, difficile d'estimer la valeur de la Française des Jeux qui collecte tout de même 11,4 milliards d'enjeux chaque année.

En revanche on peut estimer les parts détenues par l'Etat dans deux joyaux, EDF et GDF. En détenant 84,4% de la première entreprise et 36% de la seconde, l'Etat pourrait espérer retirer 41,11 milliards d'euros s'il venait à les vendre. Non sans conséquences sociales.

 

> Pour régler ses problèmes de finances publiques, l'Etat grec a vite fait des arbitrages en matière d'imposition et de taxe. Ainsi la TVA est passée brutalement de 19% à 23%. En France elle est toujours à 19,6%. Si une telle mesure d'austérité était appliquée dans l'Hexagone, cela reviendrait à renchérir mécaniquement de 4% tous les produits et services à la vente. Sauf à ce que les commerçants fassent des concessions sur leurs marges.

Mais passe encore. Car en Grèce, le taux de TVA concernant les biens de grande consommation est aussi à un niveau très élevé, 13%. Un peu comme si tous les produits de premières nécessité, les médicaments et les livres augmentait en France d'un coup de 5 à 10%. Adieu la hausse de pouvoir d'achat.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités