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L'économie iranienne sous la pression des sanctions

Une plateforme pétrolière iranienne, en mer Caspienne [ / Présidence iranienne/AFP/Archives] Une plateforme pétrolière iranienne, en mer Caspienne [ / Présidence iranienne/AFP/Archives]

L'économie iranienne, fortement dépendante du pétrole, montre des signes de faiblesse sous la pression des sanctions occidentales, alors que le président Mahmoud Ahmadinejad doit prononcer mercredi un discours devant l'Assemblée générale des Nations unies.

La monnaie iranienne a chuté de plus de 4% en moins 24 heures, alors que le chômage se développe, l'inflation bat des records, et des milliers d'ouvriers se plaignent de ne pas avoir été payés.

Les initiatives du gouvernement pour maintenir la valeur du rial mais aussi le niveau des exportations pétrolières ont échoué.

Les dirigeants iraniens ont toutefois exclu d'infléchir leur programme nucléaire controversé afin d'obtenir une levée des sanctions, une position que M. Ahmadinejad devrait réaffirmer avec force mercredi.

Le numéro un iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a de son côté souligné que le pays avait adopté une "économie de résistance" face aux sanctions, que les Etats-Unis et les pays européens voudraient encore durcir prochainement.

Les responsables iraniens ont demandé aux médias locaux de ne pas mettre l'accent sur les difficultés économiques et de souligner en revanche les succès.

Mais les difficultés apparaissent de plus en plus, en raison notamment du boycott pétrolier et des sanctions bancaires imposées par les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne.

Un important député conservateur, Mohammad Reza Bahonnar, a déclaré ce week-end que l'Iran avait exporté en juin-juillet "environ 800.000 barils par jour" contre environ 2,3 millions il y a un an, selon l'agence Isna.

Ces chiffres sont proches de ceux évoqués par l'Opep et l'Agence internationale de l'énergie.

Mais le ministre du Pétrole, Rostam Ghassemi, a affirmé selon Isna que la production pétrolière serait au total cette année "identique à celle de l'an passé".

Les consommateurs iraniens touchés

Les exportations devraient augmenter légèrement en raison de la décision de la Corée du Sud de reprendre ses achats de pétrole iranien.

Le président Ahmadinejad a lui-même reconnu que l'Iran faisait face à "des problèmes" pour vendre son pétrole, qui représente près de la moitié des ressources budgétaires du gouvernement. Mais il a insisté sur le fait que le pays était capable de faire face à la situation.

La population subit toutefois directement les sanctions, qui se traduisent notamment par une forte hausse des prix des produits alimentaires.

Selon l'agence Ilna, quelque 20.000 ouvriers ont envoyé une lettre au ministre du Travail Abdolreza Sheikholeslami pour se plaindre de ne pas avoir été payés et demander une hausse de leur salaire de 120 dollars à 285 dollars, expliquant qu'ils sont "sous le seuil de pauvreté".

Dans les classes sociales plus favorisées, de nombreux Iraniens ont également dû renoncer aux voyages à l'étranger du fait de la chute de la valeur de la monnaie nationale.

"Les Iraniens qui voyageaient à l'étranger doivent maintenant aller sur l'île de Kish ou à Machhad", dans le nord-ouest de l'Iran, relève une employée d'une agence de voyages.

Le président du Parlement, Ali Larijani, a tiré la sonnette d'alarme.

"Selon les statistiques, il y a une forte hausse du chômage. Il faut trouver une solution. De même, l'inflation est officiellement de 22%, ce qui est très élevé et dans certains domaines, elle encore plus forte", a déclaré M. Larijani, cité par l'agence Isna.

Le sous-secrétaire américain au Trésor chargé du renseignement financier et de la lutte antiterroriste, David Cohen, a déclaré il y a deux semaines que les sanctions économiques commençaient à "étrangler" l'économie iranienne.

Il a précisé que la chute des exportations pétrolières coûtait à l'Iran "jusqu'à 5 milliards de dollars par mois, ce qui oblige le gouvernement à faire des coupes dans le budget".

La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne veulent faire adopter le 15 octobre de nouvelles sanctions contre les secteurs de l'énergie, des finances, du commerce et des transports pour accentuer la pression contre Téhéran.

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