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A l'étranger, on dénigre de plus en plus la politique de la France

François Hollande et Mario Monti Les critiques sur la politique économique de la France venues de l’étranger commencent à fuser.[FILIPPO MONTEFORTE / AFP]

Qu'il s'agisse de personnalités politiques ou de médias, depuis quelques semaines les critiques acerbes à l'égard de la politique économique du gouvernement Français se multiplient à l'étranger.

Le programme économique de François Hollande avait déjà suscité chez certains une courtoise ironie avant son élection. Mais depuis le mois de juin, la crise de la zone euro s'est accentuée. Une occasion toute trouvée pour nos voisins européens, notamment britannique et allemand, de faire part de leurs doutes sur les réformes menées par le gouvernement français.

Le tapis rouge de Cameron

Premier tireur, ironique de surcroît, David Cameron. Le 19 juin, le Premier ministre britannique assure qu'il est prêt à "dérouler le tapis rouge" aux entreprises fuyant l'impôt en France. Une flèche qui moque ouvertement le projet de François Hollande de relever l'imposition des contribuables les plus riches.

"Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu nous déroulerons le tapis rouge, et nous accueillerons plus d'entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni", avait-t-il déclaré. "Cela paiera nos services publics et nos écoles" avait-il ajouté. Une déclaration qui ne frisa pas l'incident diplomatique, mais qui a été fraichement accueillie côté français.

Depuis le "tapis rouge" de Cameron est devenu un gag international. Le 8 août, à l'instar du Premier ministre britannique, le gouverneur du Mississippi indiquait vouloir dérouler ce fameux tapis aux gros contribuables français, proposant en sus de "hisser le drapeau tricolore sur Fort Maurepas", la première colonie française au Mississippi.

La presse allemande se déchaîne

Plus récente, l'attaque en règle des médias allemands. La semaine dernière, au lendemain de l'annonce de la baisse du prix des carburants, les grands titres de la presse d'outre-Rhin se sont déchaînés. Dans son éditorial, Süddeutsche Zeitung glissait délicatement : "pas besoin d'être voyant pour deviner que Hollande va échouer" avant de flinguer en creux la politique générale de la France.

Certains sont allés jusqu'à accuser le gouvernement Ayrault de se réfugier derrière des annonces mineures pour éviter de parler de vrais problèmes. Ainsi, pour le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans cette annonce de la baisse des prix du carburant "se dessinent les contours de l’action politique à la Hollande : on ne veut faire de peine à personne – seulement aux riches – et on vise à faire les gros titres avec des mesures isolées (…) Et c’est ainsi que la France reste engluée au lieu de réformer".

"Die Welt" juste après l'épisode PSA de juillet avait estimé que la France socialiste de François Hollande "prenait le chemin d'une économie planifiée", à tel point que le quotidien s'alarmait pour l'Allemagne de ne plus avoir un partenaire digne de confiance.

Les industriels allemands tirent au canon

Dernières critiques retentissantes, celle aujourd'hui mardi du président de la fédération allemande de l'industrie (BDI), Hans-Peter Keitel. Lui juge carrément la politique économique du gouvernement français, trop "interventionniste" : "Je m'inquiète du fait que la croissance en France repose toujours sur l'interventionnisme de l'Etat", a-t-il lancé lors d'un congrès bancaire à Francfort.

"Il faut rapidement changer de cap" car "l'écart se creuse entre l'Allemagne et la France", a-t-il ajouté, évoquant aussi la crainte que la solidité financière réelle du pays soit inférieure à sa notation actuelle. Les amabilités se font de plus en plus vives.

La presse anglo-saxonne aussi

Au mois d'août déjà, moins de 100 jours après son arrivée à l'Elysée, ce sont quelques médias anglo-saxons, dont le très influent "The Economist" qui condamnaient le président de la république. Plutôt libéral, le quotidien économique avait qualifié le 12 août dernier François Hollande de "danger public".

Le mandat de Nicolas Sarkozy avait lui aussi été marqué par des déclarations tonitruantes sur sa politique économique. La presse étrangère l'avait rarement épargné. Un peu plus de 100 jours après son arrivée à l'Elysée, François Hollande en fait aujourd'hui les frais.

 

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