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Joyeux anniversaire la crise !

Photo prétexte.[ANDREAS SOLARO / AFP]

Cinq années de crise ! Le monde fête un bien triste anniversaire. Le 9 août 2007 éclate la crise des subprimes. Mais le monde fête également son incapacité à juguler la pire crise financière depuis 1929. Retour sur une catastrophe économique, politique et sociale...

2007 : quand tout à commencé

C’est une banque française qui allume l’étincelle qui fait exploser la poudrière sur laquelle repose l’ensemble du système financier américain et européen. Le 9 août 2007, BNP Paribas annonce le gel de ses activités sur le marché américain des subprimes, ces prêts immobiliers accordés aux familles modestes mais à des taux plus élevés. Dès lors, c’est la panique. Les banques refusent de se prêter de l’argent, et tombent les unes après les autres. Le Royaume-Uni décide de nationaliser la Northern Rock, tandis que les autres gouvernements lancent des plans de relance afin de sauver la croissance économique.

2008 : le calme avant la tempête

Les investisseurs se calment et sont rassurés par les actions des gouvernements et des banques centrales. Mais en janvier 2008, nouvelle frayeur. La Société Générale annonce une perte gigantesque de près de 6 milliards d’euros suite aux investissements hasardeux d’un de ses traders. Les effets de cet accident sont néanmoins très vite circonscrits. Les marchés financiers retrouvent même la confiance.

Jusqu’à ce funeste mois d’octobre 2008 qui voit la très retentissante faillite de la banque d'affaire américaine Lehman Brothers. Cette fois, le système bancaire est complètement grippé ce qui paralyse les circuits de financement de l’économie. Aux Etats-Unis, c’est l’hécatombe. Le chômage explose, les constructeurs automobiles sont nationalisés, partout les usines sont fermées. Le gouvernement fédéral doit trouver des centaines de milliards de dollars pour sauver les établissements financiers. Il s’agit d’éviter un nouveau Lehman Brothers. Le sauvetage de l’assureur AIG coûtera plus de 100 milliards de dollars au contribuable américain.

En Europe, les gouvernements redoublent alors d’initiatives pour sauver le système financier. En France, le gouvernement prête plusieurs milliards d’euros aux principales banques.

2009 : la Grèce surprend le monde entier

En 2009, l’Europe parvient à sortir de l’ornière et son économie retrouve des niveaux de croissance meilleurs que prévus. Les déficits publics sont réduits. Les banques ont retrouvé une bonne partie de leur capacité de financement… C’est la fin de la crise des subprimes.

Mais à peine le temps de s’en réjouir que le monde est confronté à une nouvelle crise. En octobre, le nouveau Premier ministre grec annonce que son pays souffre d’un déficit public de 12% au lieu des 6% avancés par le gouvernement précédent. Dupés, les marchés réalisent qu’ils ont prêté à Athènes sur la base de données macroéconomiques tronquées. Dès lors, la Grèce est livrée aux attaques spéculatives et doit emprunter à des taux jamais vus. Pour le moment, les gouvernements européens ne semblent pas inquiets.

2010, le tournant de la rigueur

L’année 2010 est l’année du grand basculement. D’un côté, la Grèce s’enfonce seule dans la crise financière. De l’autre côté, les dirigeants de la zone euro mettent leur plan de relance au placard, persuadés que la crise est derrière eux. Ils ignorent les avertissements des économistes et se lancent dans une surenchère d’annonces d’austérité. Il faut dire que l’année 2010 continuera à bénéficier des plans de relance et affichera des performances économiques solides.

2011 : la crise mal dépistée

La Grèce multiplie les plans de rigueur et s’ampute de plusieurs points de PIB afin de satisfaire aux exigences du FMI et de Bruxelles. Sans effets. La Banque centrale européenne, elle, continue à resserrer les taux d’intérêts toujours convaincue des « fondamentaux solides ». Erreur ! Le 28 juillet 2011, le monde découvre brutalement que les Etats-Unis et l’Europe sont revenus en crise depuis six mois et sans le savoir. Les Etats-Unis divisent par cinq leur estimation de la croissance au premier trimestre, les Européens font de même. La crise grecque prend une nouvelle ampleur et menace désormais d’autres pays comme l’Espagne et l’Italie. Les évènements se précipitent. En Italie, les marchés poussent au départ de Silvio Berlusconi. Les Européens s’accordent finalement sur un défaut de la Grèce.

2012 : la zone euro au bord du gouffre

L’année commence mal en France puisque l’agence de notation Standard & Poor’s lui retire sa note AAA. Les marchés ne croient plus en la capacité des Européens à en finir avec la crise grecque qui se propage à l’Espagne et à l’Italie. Pour ne rien arranger, l’économie chinoise affiche des signes de ralentissement.

François Hollande, élu président de la République, veut réorienter la politique économique vers plus de croissance contrairement aux positions allemandes. Les Européens affichent un consensus qui ne convainc pas les marchés : les taux sur les obligations espagnoles et italiennes explosent. Pendant ce temps-là, la Grèce s’enfonce dans une crise politique et doit organiser à deux reprises des élections législatives. Les dirigeants européens semblent désormais préparer l’opinion publique à une sortie de la Grèce de la zone euro, ce qu’ils ont toujours voulu éviter. Les marchés, eux, n’ont jamais cru à une autre issue pour la petite république Hellène.

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