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Francis Huster : "Einstein est un personnage fascinant"

Francis Huster et Jean-Claude Dreyfus dans La trahison d'Einstein au théâtre Rive Gauche. Francis Huster et Jean-Claude Dreyfus dans La trahison d'Einstein au théâtre Rive Gauche. [LOT]

Méconnaissable, Francis Huster se glisse avec La Trahison d’Einstein dans la peau d’Albert Einstein. Une pièce historique d’Eric-Emmanuel Schmitt qui dresse le portrait d’un homme complexe grand pacifiste pourtant à l’origine du Projet Manhattan qui conduira à la naissance de la première bombe atomique.

 

Pour la première fois, Albert Einstein fait l’objet d’une pièce. Que vous évoque ce personnage?

Einstein est un personnage fascinant. Il a été élu personnalité du XX e siècle par le Times aux USA. Tout le 20 e siècle a dépendu de lui et parallèlement à cela, il est responsable de cette bombe atomique qui va faire 300 000 morts à Hiroshima et 80 000 à Nagasaki. Comme Gutenberg a été le père de l’imprimerie, Einstein a été le père du 21e siècle tel que nous le connaissons. 

 

Quel visage d’Einstein révèle la pièce ? 

La pièce est exactement comme était Einstein. Elle révèle d’abord un personnage conquérant. Un homme qui  s’est sauvé du nazisme, qui, aux Etats-Unis, est célébré comme un prix Nobel. Elle dévoile également un personnage  très drôle. Einstein avait l’humour yiddish. Je ne sais combien de phrases célèbres de lui sont restées dans les annales. Notamment une qui n’est pas dans la pièce d’ailleurs. Quand les gens lui demandaient ce qu’était la théorie de la relativité restreinte il disait : « Quand vous mettez la main dans une poêle, une minute vous parait durer une heure. Quand vous mettez la main sur une jolie fille, une heure vous parait durer une minute. C’est cela la relativité ». La deuxième partie se déroule après l’explosion de la bombe atomique. A partir de là, le public assiste à  la déchéance et la mort d’un homme qui comprend qu’il est peut être aussi le plus grand assassin du monde.*

 

Sur scène vous êtes méconnaissable ?

Il fallait que le public se trouve face à Einstein. Il était important pour moi de faire comme les acteurs britanniques ou américains qui, contrairement aux français, acceptent de se transformer totalement. Comme Daniel D. Lewis dans Lincoln, physiquement, je serai méconnaissable dans le rôle. Moustache, perruque maquillage, jusqu’à ses gestes, ses mimiques, sa façon de parler qu’on a été recherchée dans de vieux documents, il fallait que je lui ressemble.  Cette transformation me prend  près de 40 minutes. Par ailleurs, pour préparer mon rôle, j’ai essayé d’avoir une pensée qui ne se remet pas en question. En effet, ce génie qui est l’équivalant de Mozart pour le piano, ne doute pas de lui. Quand il écrit ses formules, il ne se remet pas en question. Il fallait que  mon jeu n’ait aucune zone d’ombre. A aucun moment, il ne faut que je doute. Cela donne un jeu extrêmement sec. Il ne se prend pas pour rien Einstein.

 

Cette pièce s’inscrit dans un contexte historique fort… 

On assiste pendant 1h 30 aux années Einstein aux USA. Son arrivée aux USA pour fuir le nazisme. L’envoi d’une lettre à Roosevelt en  1939 dans laquelle Einstein  lui écrit qu’il faut absolument construire la bombe atomique. La trahison de Roosevelt qui refuse pendant deux ans de lever le petit doigt. L’arrivée de Truman au pouvoir.  Son ultimatum au Japon. Les suspicions qu’Hoover entretenait sur Einstein. Hoover  a continuellement espionné Einstein mais aussi Charlie Chaplin. Il était persuadé d’ailleurs qu’Einstein trahirait les USA  et qu’il donnerait la bombe atomique aux Russes. D’ailleurs, le FBI a interdit à Roosevelt  de mettre Einstein dans l’équipe de préparation de la bombe atomique. En revanche, la marine américaine a demandé à Einstein de venir travailler pour elle. Il l’a fait. Il lui a précisément donné les endroits où il fallait mettre les bombes dans les ports japonais pour qu’elles soient percutantes.

 

Quelles est la part de fiction et de réalité dans cette pièce ? 

 

99 % de la pièce est basée sur des faits historiques. Il n’y a pas un détail qui ne soit pas historique. La seule chose inventée par Eric-Emmanuel Schmitt est le personnage de vagabond  incarné par Jean-Claude Dreyfus. Il a voulu faire de d’Einstein et de ce vagabond un duo inspiré de Sancho Pansa et Don quichotte avec Einstein en Don Quichotte luttant contre le moulin à vent du nazisme et de la guerre.

 

Comment le metteur en scène Steve Suissa rend-t-il compte de cette période historique marquante ?

Dans cette pièce, je me sens comme dans un film. Steve Suissa refuse la théâtralité pompeuse. Avec La Trahison d’Einstein, il offre une mise en scène entre cinéma et théâtre. Il y aura des projections. Il se rapproche des mises en scène de Robert Hossein, il a un côté très limpide pour le public.

 

La trahison d’Einstein, Théâtre Rive Gauche, Paris 14e.

 

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