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La semaine de Philippe Labro : le lumineux JFK, l’obscur Oswald

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Cette semaine, il consacre sa chronique hebdomadaire au cinquantième anniversaire de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

 

AUJOURD’HUI

C’est donc le jour du cinquantième anniversaire de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, à Dallas (Texas), en 1963. Comment ne pas vous en parler ? On le sait, j’ai vécu cette affaire de très près.

 

MON SOUVENIR

 Dallas était une ville en proie à la honte («Cela va ternir notre image pour toujours», me confia un notable local) et à la confusion.

Je l’ai palpée : pendant 48 heures, dans ce Dallas Police Headquarters, au milieu de quatre cents journalistes, photographes, techniciens télé, flics avec chapeaux de cow-boy, avec ce petit jeune homme, Oswald, qu’on baladait, menottes aux poings, avec le capitaine Will Fritz, madré et expérimenté, et le chef Jesse Curry, affolé et dépassé, au milieu, donc, de ce capharnaüm, un personnage vulgaire, se présente à moi : «My name is Jack Ruby».

La voix et le visage de cet homme qui, le lendemain matin, va tuer Oswald d’un seul coup de son Colt Cobra calibre 38, resteront toujours gravés dans ma mémoire. Son visage et celui d’Oswald, animal de sang-froid.

 

LES QUESTIONS

 Si aujourd’hui, on assiste à une telle «Kennedymania», c’est pour plusieurs raisons. D’abord, quelles que soient les preuves tangibles, les faits avérés (c’est la bonne formule), démontrant que c’est Lee Harvey Oswald qui a tué Kennedy, une grande partie de l’opinion n’accepte pas une telle version.

Lorsque je passe à la télévision ou à la radio, j’ai parfois la sensation qu’on ne veut même pas m’écouter. Il y a pourtant eu, en l’espace de cinquante ans, suffisamment d’expertises et de contre-enquêtes, de vérifications faites avec tous les moyens de la technologie moderne, pour balayer le doute.

Je sais – et cela m’a poussé, à l’époque, à épouser la thèse d’un complot – que nombre de faits, éléments, personnes, demeurent énigmatiques.

Il n’empêche : je persiste et signe – avec de nombreux journalistes, historiens, biographes – pour écrire : aucun témoin crédible, aucune preuve formelle ! Reste une myriade d’hypothèses, toutes très intéressantes.

Et c’est bien pour cela que le mystère continue de passionner. Une énigme historique, cela nourrit tous les fantasmes, c’est romanesque. Bien plus qu’un fait divers qu’on pourrait résumer ainsi : un solitaire dérangé, Oswald, tue celui qui est son contraire (Kennedy) et sera tué par un tenancier de boîte de nuit avide de gloire.

Autre question, à mes yeux, plus importante : pourquoi Kennedy lui-même retient-il autant notre attention ? Parce qu’il était d’un charisme exceptionnel – parce qu’il avait une femme, Jackie, remarquable de culture et de goût, qui a transformé la Maison Blanche et qui s’est comportée de façon admirable pendant toute la tragédie –, parce que JFK représentait une sorte d’archétype de l’Américain moderne, jeune, vigoureux, à l’aube de la fameuse décennie des 60’s.

Parce que, toute aussi inachevée qu’ait pu être sa présidence, on compte, à son actif, de nombreuses initiatives : il a amorcé la détente avec l’URSS – il a évité un Armageddon nucléaire – il a signé le décret qui envoya l’homme sur la Lune – il a entamé le combat pour les droits civiques des Noirs, des lois sur l’immigration et sur l’aide médicale, etc.

Enfin, sa photogénie, son élégance, son style, ont marqué l’époque. Je signale la parution d’un excellent ouvrage, L’assassinat de JFK, différent de beaucoup d’autres. François Dufour signe un album de 120 pages, truffé de photos, faits, chiffres, citations. Publié aux éditions KatouMalou (PlayBac), c’est ludique, original, attrayant.

Il faut lire, aussi, d’un confrère, Vincent Quivy, Qui n’a pas tué John Kennedy ? (Seuil). Ultime question : demain matin, après toute cette «Kennedyphilie», en parlera-t-on encore ? Peut-être que non mais j’ai tendance à croire que oui.

 

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