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Le cochon volant de l'ex-Pink Floyd est-il antisémite ?

Manteau en cuir, brassard, liseré de la Waffen-SS, casque modèle allemand : les codes employés par Roger Waters pour dénoncer la politique israélienne, ont de quoi créer la polémique[HENNING KAISER / DPA / AFP]

Alors que Roger Waters, l'ex-bassiste du groupe Pink Floyd, doit se produire en concert le 21 septembre au stade de France dans le cadre de sa tournée "The Wall", certains de ses choix scénographiques suscitent un début de controverse.

 

Il est des symboles qu'il est toujours délicat de manipuler. Aussi, quand Roger Waters fait survoler les spectateurs de ses concerts par un cochon noir gonflé à l'hélium, affublé d'une étoile de David, il ne manque pas de déclencher la polémique.

L'association du cochon et de l'étoile de David est en effet une des caricatures antisémites traditionnelles, rappelait le rabbin Abraham Cooper du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles, peu après le concert de Roger Waters en Belgique en juillet dernier.

Roger Waters se défend de toute complaisance antisémite. Dans une réponse postée le 1er août sur sa page Facebook, le musicien entend contredire les accusations "sauvages" et "sectaires" du rabbin Cooper.

Il y rappelle notamment que l'"Anti Defamation League", une puissante organisation américaine de lutte contre l'antisémitisme, l'a exhonéré de toute accointance antisémite, tout en regrettant l'usage de ces symboles. Dans le même courrier, il rappelle que son père, lieutenant dans l'armée britannique, a été tué à Anzio en février 1944. Il précise enfin que sa propre belle-fille est juive.

 

Bouc émissaire

L'emploi de la symbolique du cochon est ancienne dans l'univers de Pink Floyd et celui de Roger Waters depuis qu'il poursuit en carrière en solo.

Au fil des années et des concerts, depuis son apparition en 1976, on a souvent vu ce cochon lors des concerts du groupe. Peu à peu, l'habitude est venue de le couvrir de graffitis dénonçant les maux de ce monde, à l'image d'un moderne bouc émissaire.

Le cochon de Roger Waters a donc successivement dénoncé George W. Bush, la torture, Jean-Marie Le Pen (lors d'un concert à Paris en 1997).

Par cette étoile de David peinte sur le cochon noir, Roger Waters a expliqué vouloir dénoncer la politique d'Israël. Et s'il fallait enfoncer le clou, toujours sur sa page Facebook, il a publié le 18 août une lettre invitant ses collègues artistes à boycotter Israël, ce qui lui a valu de s'attirer une volée de critiques, dont celle du top model Bar Refaeli.

 

Brassard et Schmeisser

A l'approche de son concert en France, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a envoyé un courrier signé par son président Roger Cukierman au ministre de l'Intérieur Manuel Valls et au ministre de la Culture Aurélie Filipetti. Accusant Roger Waters non pas d'antisémitisme, mais de "mauvais goût", cette lettre s'inquiète des possibles interprétations de la mise en scène.

Il faut dire que cette scénographie, qui n'est pas sans évoquer certaines des liturgies du IIIe Reich filmées par Leni Riefenstahl, peut prêter à confusion.

Dénoncer la politique d'Israël sur scène, vêtu d'un manteau de cuir orné du liseré de la Waffen-SS, avec un brassard rouge blanc et noir, n'est pas anodin. Idem lorsque l'on tire à blanc de longue rafales de Schmeisser MP40, qui était l'arme automatique en dotation dans la Wehrmacht.

 

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