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Pierce Brosnan, l’espion qu’il était

Pierce Brosnan en 2002[CC/Rita Molnár]

Même s’il a abandonné depuis 2002 le smoking du plus célèbre agent secret britannique, l’acteur irlandais reste indéniablement associé à James Bond, qu’il a incarné à quatre reprises. Désormais, il cherche à se démarquer de ce rôle emblématique en variant son répertoire, comme dans Married Life, une comédie noire, dans Mammia Mia où il pousse la chansonnette  en compagnie de Meryl Streep, ou encore dans Love is all you need, une comédie romantique tournée en Italie sous la direction d’une réalisatrice danoise.

 

Archive – Article publié le mercredi 24 septembre 2008

 

C’est peu dire que d’affirmer que Pierce Brosnan restera durablement associé au matricule 007. En premier lieu parce que c’est dans la peau de l’agent secret du MI6 que le grand public l’a découvert. Egalement parce que le rôle de l’espion le plus célèbre au monde fait partie de ces quelques personnages de fiction susceptibles d’éclipser une filmographie entière. Mais ces remarques sont valables pour chacun des cinq acteurs qui ont endossé avant lui le fameux smoking d’alpaga.

Peut-être dans une moindre mesure pour David Niven, qui n’a été qu’un éphémère 007 dans le fantaisiste Casino Royale de 1967, que tous les «bondophiles» considèrent en marge du reste de la saga cinématographique. Sean Connery, lui, a été le premier à camper sur grand écran le héros créé par Ian Fleming, et sa prestation dans les six épisodes qu’il a tournés constitue aujourd’hui encore un mètre étalon, auquel chacun de ses successeurs a été jugé. Roger Moore s’est illustré dans deux séries télévisées cultes, Le Saint et Amicalement vôtre (avec Tony Curtis), mais le 7e art a avant tout gardé de lui le souvenir de ses sept longs métrages dans la peau de l’implacable séducteur à la gâchette facile. Quant à George Lazenby et Timothy Dalton, ils ne doivent leur passage à la postérité qu’à leur intérim au service de Sa Majesté.

 

Vidéo : Pierce Brosnan dans Goldeneye (Martin Campbell, 1995)

 

 

Son nom Bond, James Bond

Mais dans le cas de Pierce Brosnan, l’influence du personnage de Bond semble avoir été encore plus prégnante. Son ombre paraît en effet avoir accompagné toute la première partie de la carrière de l’acteur irlandais. Le natif de Drogheda, dans la province de Leinster, assure lui devoir ni plus ni moins que sa vocation de comédien. Difficile de savoir si l’anecdote relève de la réalité plutôt que de la légende, ajustée aux besoins de la promotion. L’intéressé raconte en tout cas que le premier film que son beau-père l’aurait emmené voir au cinéma est Goldfinger. Et que c’est en voyant la prestation de Sean Connery que l’enfant, alors âgé de douze ans, se serait forgé l’ambition de percer dans le 7e art.

Le rêve de gosse se concrétise quelques années plus tard. Il rencontre l’actrice australienne Cassandra Harris, dont il tombe éperdument amoureux. Un an après leur mariage en 1980, il lui rend visite sur le tournage de Rien que pour vos yeux (avec Roger Moore et Carole Bouquet dans le rôle de la James Bond Girl), douzième épisode au cinéma de la saga des James Bond, où il rencontre Albert Broccoli, le producteur.

 

Vidéo : Pierce Brosnan dans Les Enquêtes de Remington Steele

 

 

L’évolution de l’apprenti comédien se fait déjà dans le sillage de l’espion britannique. Pierce Brosnan décroche un an plus tard, en 1982, le rôle principal dans la série Les enquêtes de Remington Steele. Son interprétation du détective, dont l’élégance flegmatique contraste avec le manque de délicatesse, lui vaut un commentaire prophétique dans le Washington Post : un journaliste estime que l’acteur « pourrait jouer un jeune James Bond ». En 1985, la série est suspendue et le producteur des adaptations cinématographiques des romans de Ian Fleming, le mythique Albert Broccoli, propose au jeune dandy qui monte la succession de Roger Moore. Pierce Brosnan croit toucher du doigt son fantasme de jeunesse. Mais les financiers de Remington Steele entendent remettre le feuilleton sur les rails et l’empêchent de rompre son contrat. L’Irlandais rempile pour une nouvelle (et dernière) saison, et c’est Timothy Dalton qui hérite du matricule 007.

 

Vidéo : Pierce Brosnan dans Mrs. Doubfire (Chris Columbus, 1993)

 

 

Pour Brosnan, la déception est grande, et préfigure quelques années de traversée du désert. Celle-ci prend fin en 1993, quand il décroche un second rôle dans son premier film à faire un carton au box-office : Madame Doubtfire. Ce succès lui permet de remonter la pente et, le 7 juin 1994, il signe un contrat pour trois James Bond, plus un quatrième optionnel, devenant ainsi officiellement le cinquième acteur à prêter ses traits au plus célèbre des agents secrets. Dès lors, la réussite ne le quittera plus.

 

Le souci de (re)bond(ir)

Si Pierce Brosnan est comblé de pouvoir enfin exaucer les vœux de son enfance, il médite les exemples de ses prédécesseurs plus ou moins illustres, et est déterminé à ne pas se laisser cataloguer. Il négocie donc la possibilité de pouvoir participer à d’autres productions entre deux tournages de James Bond. Cette disposition lui permet d’explorer de nouveaux registres, comme la comédie sentimentale Leçons de séduction (1997), la parodie de science-fiction Mars Attacks!  (Tim Burton, 1996) où il apparaît aux côtés de Jack Nicholson, Sarah Jessica Parker et Natalie Portman, le film catastrophe Le pic de Dante (1997) ou encore le «biopic» historique Grey Owl (1999). Il s’affiche cependant aussi dans des compositions plus proches de son personnage d’agent secret, comme dans le remake de L’affaire Thomas Crown (1999) ou Le tailleur de Panama (2001).

 

Vidéo : Pierce Brosnan dans Mars Attacks ! (Mars Attacks, 1996)

 

 

En 2002, il endosse pour la dernière fois le smoking de l’agent 007 dans Meurs un autre jour. Malgré les nombreuses rumeurs qui le donnaient partant pour un nouveau film, il décide de mettre un terme à son parcours dans les pas de l’espion britannique, sans doute soucieux de ne pas commettre l’erreur de Roger Moore, à qui l’on avait reproché d’avoir incarné un James Bond vieillissant.

 

Vidéo : Pierce Brosnan dans Mamma Mia (Phyllida Lloyd, 2008)

 

 

Dès lors, Pierce Brosnan s’évertue à casser l’image de tombeur invétéré et de tueur placide qui colle encore à sa filmographie, malgré ses efforts. Une option qui l’amène à se mettre souvent en danger, avec plus ou moins de réussite. S’il essuie plusieurs revers, comme dans Coup d’éclat en 2005, ou le plus mitigé Seraphim Falls, la même année, il se distingue par ailleurs dans The Matador, où il interprète un tueur à gages dépressif et désabusé. En 2008, on peut le voir prendre un plaisir jubilatoire à se détacher de son sérieux habituel dans la très légère comédie musicale Mamma Mia ! – il y séduit Meryl Streep en fredonnant les mélodies acidulées du groupe suédois Abba –, ou encore s’adonner à l’humour noir dans Married Life.

 

Vidéo : Bande-annonce de Love is all you need (Susanne Bier, 2012)

 

 

Un citoyen engagé

L’Irlandais a obtenu la nationalité américaine en septembre 2004. Mais il n’a pas attendu cette date pour revendiquer son profond attachement aux valeurs du camp démocrate. Lors de la campagne 2004, il a affiché son soutien à John Kerry. Et dans la campagne actuelle, on l’a aperçu lors du débat entre Barack Obama et Hillary Clinton, ainsi que dans un dîner de soutien au sénateur de l’Illinois.

Militant écologiste convaincu dès les années 1990, Pierce Brosnan a notamment apporté son soutien à des ONG comme Greenpeace, le Natural Resources Defense Council, ou encore le Fonds international pour la protection des animaux. Son engagement en faveur de l’environnement lui a d’ailleurs valu de nombreux prix honorifiques. Parmi eux, celui de l’écologiste le mieux habillé, décerné par la Sustainable Style Foundation, qui milite pour le développement durable dans la mode.

Outre la comédie, Pierce Brosnan a une autre activité artistique : la peinture. Une passion qu’il met au service d’œuvres caritatives au moyen d’une fondation, le Brosnan Trust. Les bénéfices des ventes de ses œuvres sont ainsi reversés à des causes qui lui sont chères. Il est notamment particulièrement impliqué dans la lutte contre le cancer, maladie qui a emporté en 1991 sa première femme, l’actrice australienne Cassandra Harris.

 

Vidéo : Bande-annonce de The Ghost Writer (Roman Polanski, 2010)

 

 

Aujourd’hui, Pierce Brosnan fait l’expérience de la difficile reconversion des acteurs qui ont eu l’exigeant privilège d’incarner des rôles si emblématiques qu’ils y restent associés à jamais. Mais quelle que soit l’issue de cette seconde carrière, le comédien irlandais aura eu le mérite de se confronter à son destin. Un destin qu’il entend bien désormais dépasser, pour démontrer que son talent ne se borne pas à jouer les espions de haute volée. L’occasion pour lui de rappeler que c’est d’abord au théâtre qu’il a fait ses armes, et qu’il y avait été repéré par un certain Tennessee Williams dès 1975. Pierce Brosnan a d’ailleurs conservé le télégramme que lui avait alors adressé l’illustre dramaturge et qui contenait simplement ces quelques mots : «Merci mon Dieu, pour vous, mon cher garçon».

 

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