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Charlotte Gainsbourg, la femme magnétique

Charlotte Gainsbourg[CC/Olivier Pacteau]

La fille de Jane Birkin et Serge Gainsbourg est devenue célèbre par son propre talent.

 

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Difficile de se défaire d’un tel héritage quand on est célèbre avant même de voir le jour. En 1971, dans un hôpital londonien, trois figures se penchent sur le berceau de la petite Charlotte : un légendaire chanteur aux oreilles de chou, une actrice à l’accent british et un cow-boy comédien au crâne rasé – Yul Brynner en personne est le parrain de Charlotte !

Enfant de la balle, l’ancienne «Effrontée» a pourtant hérité du talent artistique de ses parents. A l’instar de Vanessa Paradis, Charlotte Gainsbourg passe aisément des studios d’enregistrement au plateau de cinéma. La comédie est son «vrai métier» comme elle aime le préciser. Claude Miller, Bertrand Blier, Danièle Thompson, Claude Berri, Alejandro Gonzalez Inarritu ou encore Todd Haynes, l’actrice a tourné avec les plus grands.

 

Premières notes sulfureuses

Pourtant cette popularité est difficile à supporter pour la petite Gainsbourg qui vit ses premières années repliée sur elle-même et qui prend la décision, à 12 ans, de partir dans un pensionnat suisse. Une enfance qui l’éloigne de la réputation du couple le plus scandaleux de l’époque... jusqu’en 1984.

A 13 ans, Charlotte Gainsbourg chante pour la première fois sur l’album Love On The Beat signé Serge Gainsbourg. Extrait de cet opus, le titre « Lemon Incest » marque les esprits. Le vidéo-clip qui l’accompagne – on la voit en sous-vêtements allongée à côté de son père – crée la polémique. Mais Charlotte et Serge Gainsbourg resteront fiers de cette chanson. En 1986, elle revient en duo avec son père sur l’album Charlotte For Ever, aux textes souvent provocateurs. Pendant huit ans, la jeune femme s’éloigne des micros, avant de rejoindre la troupe des Restos du cœur en 1994.

 

Vidéo : Clip de « Lemon Incest »

 

 

Une actrice confirmée

Sa première apparition sur le grand écran aura lieu la même année : elle joue la fille de Catherine Deneuve dans Paroles et musique d’Elie Chouraqui. En 1985, Claude Miller lui offre son premier rôle principal dans L’effrontée. Comme dans son premier film, elle joue le rôle d’une adolescente introvertie et torturée. Une performance dont elle sort récompensée par le césar du Meilleur espoir féminin en 1985. Les deux années suivantes, elle tourne avec son père dans Charlotte for ever, puis avec sa mère dans deux films d’Agnès Varda : Kung-Fu Master et Jane B. En 1989, l’adolescente retrouve Claude Miller pour un rôle écrit pour elle, et inspiré du dernier script de François Truffaut : La petite voleuse. Le succès est immédiat et la France adopte définitivement Charlotte, comme image d’une époque : une jeune femme fragile, timide et introvertie, fille d’un fumeur de gitanes que le public a élevé au rang de mythe.

 

Vidéo : Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée (Claude Miller, 1985)

 

 

A 19 ans, elle décide d’arrêter ses études et continue de tourner. Elle rencontre Yvan Attal sur le tournage d’Aux yeux du monde. Il devient son mari et le père de ses trois enfants. Malgré plusieurs rôles pour Bertrand Blier (Merci la vie), Jacques Doillon (La Tentation Isabelle et Amoureuse), Éric Rochant (Aux yeux du monde et Anna Oz) et Patrice Chéreau (Contre l’oubli et Persécution), elle attendra 2001 et Ma femme est une actrice d’Yvan Attal pour occuper à nouveau le premier plan. Avec La bûche, de Danièle Thompson, où elle est nommée pour le césar du Meilleur second rôle, et les films de son compagnon Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, Do not disturbelle rompt avec cette image de jeune femme introvertie. Viennent ensuite L’un reste, l’autre part et Lemming qui lui permettent d’élargir sa palette d’actrice.

Suivront entre autres 21 grammes (Alejandro Gonzalez Innaritu, 2001), Prête-moi ta main (Éric Lartigau, 2006) – son plus succès au box office avec plus de trois millions de spectateurs – et une collaboration avec le réalisateur danois Lars Von Trier, entamée en 2009 (Antichrist – qui lui a valu le prix d’interprétation féminine à Cannes en 2009 –, Melancholia et Nymphomaniac).

 

Vidéo : Charlotte Gainsbourg dans Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (Yvan Attal, 2004)

 

 

« Charlotte prend son travail très au sérieux. Elle réussit à faire sortir des émotions à demi-mots. Ce sont à chaque fois des moments beaux, forts et très particuliers. Elle parvient à mêler drame et douceur », explique Romain Duris, son partenaire dans Persécution (Patrice Chéreau, 2009). Des prouesses de Charlotte Gainsbourg en tant qu’actrice, le héros de L’auberge espagnole et De battre mon cœur s’est arrêté n’est pas le seul à en faire l’éloge. Yvan Attal, son réalisateur de mari, défend avec passion les qualités artistiques de sa femme. « Objectivement, c’est l’une des meilleures actrices du monde, et, subjectivement, la meilleure... », affirmait Yvan Attal dans Télérama. Tout au long de sa vie, Charlotte Gainsbourg a apprécié d’être dirigée, aiguillée, manipulée, que ce soit devant une caméra ou derrière un micro. Avec un célèbre fumeur de Gitanes comme ange gardien.

 

Vidéo : Charlotte Gainsbourg dans Antichrist (Lars Von  Trier, 2009)

 

 

Mannequin

Même si la comédienne voue un culte à la discrétion, Charlotte Gainsbourg a été pendant cinq ans l’égérie de Gérard Darel et a posé pour les plus grands photographes. Avec son jean, ses bottines et son trench, elle incarne un style parisien qui correspond à sa génération. Le célèbre sac à main de la marque, plébiscité par toutes les «fashionistas», s’appelait d’ailleurs le Charlotte. L’enseigne avait également commercialisé des pulls avec son prénom inscrit dessus. Désireuse de se tourner vers l’international, la maison Gérard Darel a ensuite remplacé notre Frenchie par Mamie Gummer, la fille de Meryl Streep.

Libérée de ses obligations, Charlotte Gainsbourg est devenue le nouveau visage de Balenciaga, dont elle était l’ambassadrice avant même qu’un contrat ne l’officialise. En effet, la jeune femme s’habillait déjà de pied en cap dans cette maison de couture depuis que son ami, le styliste Nicolas Ghesquière, en était devenu le directeur artistique. En 2010, Charlotte représentait également le quatrième parfum de la marque, un événement puisque Balenciaga n’a pas sorti de nouvelle fragrance depuis 1955. A ce sujet, l’actrice avait alors déclaré : « Mon amitié avec Nicolas Ghesquière et nos liens faits d’admiration mutuelle et de complicité sont devenus si forts avec les années que j’espérais secrètement devenir l’égérie de son premier parfum pour Balenciaga ».

 

Vidéo : « 5 :55 » de Charlotte Gainsbourg

 

 

Trois albums

Vingt ans après Charlotte For Ever, Charlotte Gainsbourg reprend la route des studios, à 35 ans. Elle sort en 2006 5:55, un deuxième album anglophone. Fruit d’une collaboration avec Air pour la musique, Jarvis Cocker et Niel Hannon à l’écriture et Niels Godrich à la production, cet opus est de l’un ces objets rares et envoûtants. 5:55 s’est vendu à 1,5 million d’exemplaires.

En 2009 sort un nouvel opus baptisé, IRM («Imagerie par résonance magnétique»). Un titre choisi en référence à un dramatique épisode survenu dans son existence. Alors qu’elle passe ses vacances aux Etats-Unis en 2007, Charlotte Gainsbourg est victime d’un accident de ski nautique. Deux mois plus tard, elle doit subir de multiples examens médicaux suite à une hémorragie cérébrale. Sa vie, mise entre parenthèses, est rythmée par le bruit sourd et lancinant des machines médicales. « Ce son m’est devenu familier, il n’était plus du tout dérangeant pour moi. Il ne m’a pas bercée, mais presque », expliquait la chanteuse en octobre 2009 dans un entretien accordé aux Inrockuptibles. L’idée d’en faire un album germe dans sa tête. Sa maison de disques contacte directement le producteur américain Beck, la star n’osant pas le faire elle-même.

 

Vidéo : « Heaven Can Wait » de Charlotte Gainsbourg et Beck

 

 

Rencontré brièvement lors de l’enregistrement de 5:55, la chanteuse retrouve Beck dans cet album résolument plus éclectique. Alors que la fille de Jane Birkin était habituée à écrire en anglais, l’auteur-compositeur venu de l’autre côté d’Atlantique la force à chanter quelques titres en français. Francophile, admirateur de Serge Gainsbourg, cet ingénieux compositeur a également une érudition musicale impressionnante. Au cœur de cet IRM, on retrouvera quelques titres écrits dans la langue de Molière. On y retrouve pêle-mêle « La collectionneuse », inspirée de « L’adieu », magnifique poème d’Apollinaire, et une reprise du « Chat du Café des artistes », un titre du Québécois signé Jean-Pierre Ferland (choisi par Beck). Les sonorités sont tout aussi mêlées : si l’influence pop de Beck est bien présente, le duo ne se prive pas de moments plus lyriques et d’une couleur indie rock comme des sons saturés, des basses et des rythmes entêtants. Après un 5:55 marqué par une certaine timidité, Charlotte Gainsbourg semble ici libérée de ses liens, jusque dans sa voix à l’assurance joyeuse.

 

Vidéo : Yvan Attal demande la main de Charlotte Gainsbourg lors d’une remise de décoration

Charlotte Gainsbourg dans une film classé X

Carla Bruni, sur un air de poésie

 

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