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Leonardo DiCaprio, exigence et maturité

Leonardo DiCaprio en 2013[Capture d'écran Youtube]

Si Leonardo DiCaprio a marqué l’histoire du cinéma dès ses premiers pas dans l’univers de la comédie, c’est bien Martin Scorsese, l’un des plus grands cinéastes américains, qui a révélé au monde entier tout le talent – y compris dans le registre tragique – dont est capable l’acteur. Depuis ses débuts, le comédien, né en 1974, oscille entre les rôles de bellâtre et ceux, plus exigeants, qui révèlent en lui un jeune homme engagé et cultivé.

 

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Le destin de Leonardo DiCaprio était tracé. Son père, italien, et sa mère, allemande, ont tous deux créé un environnement pour l’aider à développer ses aptitudes artistiques. Né le 11 novembre 1974 à Los Angeles, Leonardo Wilhelm DiCaprio comprend très vite que jouer la comédie devra faire partie de sa vie à plein-temps. Il suit des cours de comédie dès l’école primaire. Il a moins de 14 ans lorsqu’il débute dans des films publicitaires et éducatifs. Puis il est remarqué dans le soap opera Santa Barbara, et surtout dans la dernière saison de la sitcom Quoi de neuf, docteur ?, en 1991.

 

Vidéo : Leonardo DiCaprio dans Quoi de neuf, docteur ?

 

 

De la télévision au cinéma

C’est le film d’horreur Critters 3 qui donne la possibilité à Leonardo de passer de la petite lucarne au grand écran. En 1993, il fait une apparition remarquée dans Blessures secrètes, dans lequel il joue le rôle d’un beau-fils maltraité et se confronte au métier d’acteur face à l’excellent Robert De Niro. La même année, le réalisateur Lasse Hallström lui offre son premier rôle au cinéma dans Gilbert Grape, film qui lui permet de décrocher à l’âge de 19 ans deux nominations fois aux oscars et aux Golden Globes dans la catégorie meilleur second rôle. Il vole presque la vedette à Johnny Depp, en interprétant un handicapé mental. En 1995, Mort ou vif , Basketball Diaries  ou encore Rimbaud Verlaine dévoilent son côté torturé et lui permettent de se perfectionner jusqu’à devenir un grand du cinéma américain. Et, en 1996, il joue un certain Roméo dans Roméo + Juliette (Baz Luhrmann, 1996) où il est découvert par le grand public. Sous l’œil de Baz Luhrmann, la carrière du jeune acteur prend une nouvelle tournure. En compagnie de la ravissante Claire Danes, le film Romeo + Juliette est un succès planétaire. Avec une bande-son des années 1990, mais tout en conservant le texte original de William Shakespeare, le mythe des amants de Vérone version contemporaine emporte tous les suffrages. La « DiCapriomania » est lancée. 

 

Vidéo : Leonardo DiCaprio dans Roméo + Juliette

                                                     

 

D’acteur à véritable star

Mais c’est surtout l’année 1997 qui marque un vrai tournant pour Leonardo DiCaprio : Titanic est le film qui l’élève au rang de star internationale. En France, le long métrage garde pendant dix ans la tête des films les plus vus de l’histoire. Avec quelque 20 millions d’entrées, Leonardo DiCaprio devient un symbole. L’histoire vraie (celle du naufrage de «l’insubmersible»), mêlée au romantisme et au jeu des deux acteurs principaux en font un film universel. Sur le tournage, il rencontre Kate Winslet avec qui il nouera une amitié durable.

Le budget de Titanic explose les scores : près de 200 millions de dollars de coût de production et 3,4 milliards de dollars de recettes (entrées, DVD, disques et livres confondus). Le 23 mars 1998, lors de la cérémonie des oscars, c’est également le jackpot pour l’équipe du film. Au total, onze statuettes lui sont attribuées, dont celle du meilleur réalisateur (James Cameron) et du meilleur film. En revanche, les acteurs ne seront pas récompensés mais leur notoriété franchit un pas décisif cette année-là.

Son statut de « héros romantique » s’impose définitivement avec ce film. A Hollywood, où le talent se mesure en dollars, le bond effectué par ses cachets prouve son changement de statut. Pour Titanic, DiCaprio a touché 2,5 millions de dollars. Pour La plage, un voyage initiatique avec Virginie Ledoyen, sorti en 2000, ses émoluments se sont élevés à 20 millions de dollars.

 

Vidéo : Bande-annonce de Titanic

 

 

L’après Titanic

Grâce à sa prestation dans Titanic, Leonardo DiCaprio est désormais un acteur «bankable». Les réalisateurs de films à gros budget savent maintenant que le jeune acteur attire le public dans les salles. De fait, les propositions affluent. Ainsi, en 1998, il tient le double rôle de Louis XIV et de son jumeau dans L’homme au masque de fer de Randall Wallace, librement adapté du roman d’Alexandre Dumas. Celebrity de Woody Allen, où il partage l’affiche avec Winona Ryder, Melanie Griffith et Charlize Theron et La plage de Danny Boyle parachèvent son statut de sex-symbol.

 

Vidéo : Leonardo DiCaprio dans Celebrity

 

 

Au début des années 2000, a carrière semble pourtant connaître un passage à vide : il reçoit le Razzie Award pour son double rôle dans L’homme au masque de fer. Et il entame un nouveau virage dans sa carrière. Après Roméo + Juliette et Titanic, il doit se défaire de son image de «jeune premier». Ses cheveux blonds et son joli minois doivent être oubliés au profit de son jeu d’acteur. C’est alors que Martin Scorsese, le réalisateur de Taxi Driver et des Affranchis, lui offre le rôle principal dans Gangs Of New York, en 2002. Après Robert De Niro et Harvey Keitel, Martin Scorsese trouve en Leonardo DiCaprio un acteur à la mesure de sa virtuosité.

Le film est rapidement suivi par Arrête-moi si tu peux (Steven Spielberg) qui lui permettent de modifier son image. Saluées unanimement par la critique, ses interprétations plus sombres lui valent l’assentiment de ses pairs. Puis il continue sur sa lancée et se forge une filmographie digne des plus grands : Sam Mendes (Les Noces rebelles, 2008), Christopher Nolan (Inception, 2010), Clint Eastwood (J. Edgar, 2011), Quentin Tarantino (Django Unchained, 2012) et il retrouve Baz Lurhmann pour Gatsby le Magnifique (2013).

 

Vidéo : Bande-annonce d’Arrête-moi si tu peux

 

 

Leonardo DiCaprio, une collaboration fructueuse

En 2002, Martin Scorsese collabore pour la première fois avec Leonardo DiCaprio. Le réalisateur lui confie le rôle d’Amsterdam Vallon, jeune Irlandais assoiffé de vengeance dans Gangs Of New York. Une fresque historique sur le New York des années 1850, théâtre d’une guerre des gangs sanglante entre les Native Americans et la communauté irlandaise. Le film remporte un franc succès : cinq nominations aux Golden Globes, dix aux Oscars.

A la demande de Leonardo DiCaprio, le réalisateur et le comédien se retrouvent trois ans plus tard pour Aviator. Après avoir développé ce projet avec le réalisateur Michael Mann, qui se désiste, Leonardo DiCaprio propose le nom de Martin Scorsese. Intéressé par ce biopic sur la vie du mystérieux aviateur, producteur et industriel Howard Hughes, le réalisateur accepte. Nouveau succès. Aviator remporte le BAFTA du meilleur film.

 

Vidéo : Bande-annonce d’Aviator

 

 

Les Infiltrés, sorti en 2006, permet à DiCaprio de retrouver son réalisateur fétiche. Ce thriller captivant oppose la pègre irlandaise et la police dans un chassé-croisé haletant. Leonardo DiCaprio y incarne un agent espion infiltré à ses risques et périls au cœur de cette mafia. Des Affranchis  à Gangs of New York en passant par Mean Streets et Casino, sa carrière est parsemée de films sur la pègre. Mais à en croire Leonardo DiCaprio qui le connaît bien, après trois collaborations avec le réalisateur, « Les infiltrés ne ressemble à aucun autre film de gangsters de Martin ». Le décor a changé. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas à New York que Scorsese a tourné, mais à Boston. Mais surtout, selon son acteur fétiche, « cette histoire parle finalement de l’Amérique et de la corruption de certains systèmes à l’échelle d’une nation ». Le film remporte trois oscars. Martin Scorsese reçoit, lui, l’oscar et le Golden Globe du meilleur réalisateur.

Ils se retrouvent en 2010 sur le tournage de Shutter Island, un thriller psychologique qui se déroule dans les années cinquante. En 1954, les marshalls Teddy Daniel (Leonardo DiCaprio) et Chuck Aule (Mark Ruffalo) enquêtent sur la disparition de Rachel Solando. Internée dans l’hôpital psychiatrique de Shutter Island, une île isolée qui recense les plus dangereux criminels américains, la jeune femme s’est mystérieusement volatilisée. « Sur Gangs Of New York, nous avions poussé très loin l’interprétation. Avec Les infiltrés, nous nous sommes aperçus que cette collaboration pouvait nous emmener plus avant dans certains labyrinthes psychologiques. Mais avec Shutter Island, le jeu a été encore plus complexe », estime Martin Scorsese.

 

Vidéo : Bande-annonce de Shutter Island

 

 

Scorsese explique au sujet de sa collaboration avec Leonardo DiCaprio : « J’aime travailler avec des gens qui partagent les mêmes intérêts que moi et qui me posent des défis, à qui je donne et qui me donnent en retour. Cela me paraît naturel de travailler avec Leonardo, parce que nous avons les mêmes passions ». Et l’acteur de confier à son tour : « Martin et moi aimons les mêmes films, les mêmes formes artistiques. Nous avons un engagement identique pour le cinéma. Il n’y a rien de trop que nous ne ferions pour le septième art ». Quatrième collaboration de Scorsese et de DiCaprio, Shutter Island leur permet de pousser encore plus loin les limites d’une interaction déjà largement reconnue.

Leur cinquième collaboration, Le Loup de Wall Street transporte cette fois Leonardo DiCaprio dans les années 80. Ensemble, ils auront traversé ensemble toute l’Histoire des Etats-Unis, de la fondation de l’Amérique (Gangs of New York) au début du XXIe siècle (Les Infiltrés) en passant par l’âge d’or d’Hollywood (Aviator) et les années cinquante (Shutter Island) et avec à chaque fois la même fois une seule ambition : aller à l’encontre des idées reçues.

 

Vidéo : Bande-annonce Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013)

 

 

Une star engagée   

Lui-même est un homme engagé. « Acteur qui fait preuve de courage », selon Scorsese, le comédien sait mettre cette qualité au profit d’une noble cause. En 1998, il fonde la Leonardo DiCaprio Foundation ainsi que le LeonardoDiCaprio.org, deux associations destinées à développer une conscience globale sur les questions environnementales. Mais son investissement pour la défense de l’environnement rejoint sa passion pour le septième art lorsqu’il écrit, produit et est le narrateur du documentaire La 11e heure, le dernier virage, en 2007. Aujourd’hui, celui qui admire Scorsese pour «son implication dans toutes les phases de la production d’un film» a réussi à conquérir non seulement le cœur de toutes les femmes du monde, mais aussi celui des plus sévères critiques de cinéma, qui seront bien forcés de reconnaître que l’acteur a encore atteint un nouveau sommet de perfection dans cette dernière prestation.

Depuis quelques années, Leonardo DiCaprio privilégie des scénarios plus forts et plus marqués politiquement. Pour Mensonges d’Etat (Ridley Scott, 2008), l’acteur, qui incarne Roger Ferris, un agent de la CIA qui a pour mission de débusquer le chef d’un dangereux groupe terroriste au Moyen-Orient, a dû rencontrer « des gens de la CIA afin de comprendre leurs méthodes et les situations auxquelles ils ont été confrontés » et même apprendre quelques rudiments d’arabe : « quelques mots, différents dialectes, et surtout les coutumes de ces pays. Roger Ferris est un agent secret, il faut qu’il soit capable d’opérer de manière discrète et se fasse respecter pas ses contacts sur place. Il ne fallait pas parler comme un natif du pays, mais pas comme un étranger non plus ».  L’acteur, très engagé, a été « troublé de voir à quel point l’Etat américain a investi dans des armes toujours plus complexes au nom de la lutte contre le terrorisme », ajoutant que le film lui « a permis plus largement de réfléchir aux actions menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient ».

 

Vidéo : Bande-annonce de Mensonges d’État

 

 

La maturité                                                                  

L’éternel jeune premier a bien grandi. En vingt ans de carrière, Leonardo DiCaprio s’est imposé comme l’acteur hollywoodien par excellence, et a déjà interprété les grands de ce monde, du milliardaire américain Howard Hughes dans Aviator au Louis XIV dans L’homme au masque de fer. Sous le regard du réalisateur Clint Eastwood, il est devenu John Edgar Hoover, directeur du FBI et figure emblématique de l’histoire américaine. « C’est l’un des rôles les plus complexes qu’on m’ait jamais proposés », explique-t-il. Un défi tout d’abord physique, puisqu’il campe le personnage de 20 à 77 ans. D’où le recours à des prothèses et du maquillage pour un résultat étonnant. Ainsi, la première fois que Clint Eastwood a croisé l’acteur métamorphosé, il l’a salué sans le reconnaître !

 

Vidéo : Bande-annonce de J.Edgar     

 

 

Alors que son cachet est habituellement de 20 millions de dollars par film, Leonardo DiCaprio a accepté de tourner J. Edgar pour deux millions. Etre dirigé par Clint Eastwood n’a pas de prix. Le réalisateur précise que l’acteur «s’est donné sans compter, et cela se voit dans son jeu». Car le film n’est pas un banal biopic. « Il parle de relations humaines, des rapports intimes entre Hoover et son entourage, ses proches comme Clyde Tolson (Armie Hammer), Helen Gandy (Naomi Watts), sa mère (Judi Dench), mais aussi Robert Kennedy et d’autres politiques importants », affirme Clint Eastwood. Le portrait qu’il en tire est ainsi multiple, complexe, ambigu, à l’image du comédien.

 

Vidéo : Leonardo DiCaprio dans Django Unchained (Quentin Tarantino, 2012)

 

 

Filmographie

 

1991 : Critters 3 (Kristine Peterson). Premier rôle au cinéma.

1993 : Gilbert Grape (Lasse Hallström). Première nomination aux oscars

1996 : Roméo + Juliette (Baz Luhrmann)

1997 : Titanic (James Cameron)

1998 : L’Homme au masque de fer (Randall Wallace) et Celebrity (Woody Allen)

2002 : Il débute une fructueuse collaboration avec Martin Scorsese avec Gangs of New York. Il tourne aussi avec Steven Spielberg avec Arrête-moi si tu peux

2004 : Aviator (Martin Scorsese)

2006 : Les Infiltrés (Martin Scorsese)

2010 : Inception (Christopher Nolan)

2011 : J. Edgar (Clint Eastwood)

2012 : Django unchained (Quentin Tarantino)

2013 : Ils retrouvent Baz Luhrmann (Gatsby le Magnifique) et Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street)

 

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