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Brad Pitt, un acteur en quête de sens

Brad Pitt[CC/[le]doo (francis)]

Depuis près de vingt ans, il est le sex-symbol de sa génération, et la simple évocation de son nom suffit à faire naître des soupirs d’envie chez les femmes, et de jalousie chez les hommes. Un statut qui a parfois tendance à éclipser le fait que le comédien a souvent privilégié les rôles inattendus aux grosses productions lisses et aseptisées.

 

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Certains comédiens choisissent d’interpréter des rôles par simple goût du jeu, d’autres y ajoutent des convictions. Il semble que Brad Pitt fasse partie de la seconde catégorie. On sent chez lui une quête de sens.

 

Un ami qui a le nez creux

Brad Pitt est né le 18 décembre 1963 à Shawnee dans l’Oklahoma. A l’origine, rien ne semblait prédisposer Brad Pitt à devenir une icône hollywoodienne. Avant d’entamer des études d’art dramatique à Los Angeles, où il connut des débuts difficiles, Brad a suivi suit tour à tour des cursus d’architecture et de journalisme à l’université du Missouri. Il avait donc déjà à l’époque ce désir de comprendre le monde et de dénoncer ses déséquilibres et ses fractures. Mais il renonce à l’un et l’autre avant d’être diplômé. De retour chez ses parents, dans le Missouri, un de ses amis d’enfance lui souffle que son physique pourrait lui ouvrir les portes d’une carrière d’acteur.

Le jeune homme part alors pour Los Angeles et, comme des milliers d’aspirants stars avant lui, essaie de se faire remarquer tout en survivant grâce à des petits boulots. Il décroche de petits rôles à la télévision et dans des publicités. Un spot pour les jeans Levis le fait remarquer par un producteur.

 

Vidéo : Brad Pitt dans 21 Jump Street

 

 

En 1987, des petits rôles dans les séries Dallas et 21 Jump Street aux côtés de Johnny Depp lui ouvre les portes de la télévision. On le retrouve au côté de Juliette Lewis (qui sera sa compagne pendant trois ans) dans Trop jeune pour mourir. Mais sa carrière semble se placer sous le signe de la malchance lorsqu’il tourne en Yougoslavie son premier grand rôle pour rien, puisque les pellicules de The Dark Side of the Sun d’Angelo Arandjelovic sont égarées dans un pays en pleine guerre civile. Tout va pourtant basculer pour l’acteur grâce à une courte, mais marquante prestation dans Thelma et Louise de Ridley Scott, en 1991. Son apparition en gigolo détrousseur, torse nu et chapeau de cow-boy, dans Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991) le fait passer, du jour au lendemain, au statut de sex-symbol et lui permet de sortir de l’anonymat en attirant l’attention du public.

 

Vidéo ; Brad Pitt dans Thelma & Louise (Ridley Scott, 1991)

 

 

Il confirme l’année suivante avec Et au milieu coule une rivière, très belle fable écologiste de Robert Redford dans lequel il incarne un pê(é)cheur, dans les deux sens du terme. Le cinéaste considère d’ailleurs qu’il est son véritable successeur.  Par la suite, Brad Pitt n’hésite pas à casser son image d’ange blond dans des films emblématiques des années 1990, et il poursuit son ascension avec Entretien avec un vampire en 1994 où Pitt joue un vampire du 17e siècle au côté de Tom Cruise et Kirsten Dunst. Il joue également dans L’armée des 12 singes (Terry Gilliam, 1996) pour lequel il reçoit le Golden Globes du meilleur rôle secondaire masculin ou Fight Club (David Fincher, 1999). L’acteur s’illustre aussi dans des premiers rôles marquants, comme dans Sept ans au Tibet (Jean-Jacques Annaud, 1997), ou Seven (1996), thriller générationnel de Fincher toujours, dans lequel l’acteur donne la réplique à Gwyneth Paltrow, alors sa compagne. Mais il sait aussi jouer de ses mèches dans des films à faire craquer les midinettes plus que les cinéphiles (Légendes d’automne, Rencontre avec Joe Black).

 

Vidéo : Brad Pitt dans L’Armée des douze singes (Terry Gilliam, 1996)

 

 

D’icône adolescente à superstar

Dans les années 2000, l’étoile Pitt reste à son firmament avec des films de potes à succès (la trilogie des Ocean’s), des chefs- d’œuvre (Babel d’Alexandro Gonzales Iñarritu, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik), des retrouvailles avec Robert Redford (Spy Game) et un long métrage en forme d’agence matrimoniale (Mr. & Mrs. Smith, sur le plateau duquel il rencontre Angelina Jolie). Dans Babel, l’acteur américain est aux prises avec la violence. Cette fois-ci, l’histoire se déroule dans cinq pays, sur quatre récits parallèles. Il campe le rôle d’un touriste américain victime avec sa femme d’un accident aux répercussions planétaires puisque, ce sont quatre histoires qui s’entremêlent et font voyager du Maroc au Japon en passant par la Californie et le Mexique. Une tentative d’explication de ce monde globalisé : l’histoire d’une nouvelle Babel où les êtres humains n’ont plus conscience d’être connectés alors qu’ils ne le sont que trop. Les histoires s’enchevêtrent, à l’image d’un monde zappé, éclaté, déchiré. Un film remarquable magnifié par la prestation de Brad Pitt et de Cate Blanchett, à ses côtés, qu’il retrouve dans L’étrange histoire de Benjamin Button (David Fincher, 2008).

 

Vidéo : Brad Pitt dans L’étrange histoire de Benjamin Button (David Fincher, 2008)

 

 

Mais le plus bel exploit de Brad Pitt dans cette décennie est peut-être d’arriver à être crédible en jupette et spartiates dans le péplum Troie de Wolfgang Petersen. Après son rôle dans le film des frères Coen, Brad Pitt retrouve David Fincher, son réalisateur fétiche avec lequel il a réalisé Seven et Fight Club, pour L’étrange histoire de Benjamin Button. « Brad Pitt s’intéressait à cette histoire depuis près de dix-sept ans » explique le réalisateur. 

Puis il joue dans Inglourious Basters de Quentin Tarantino et  The Tree of Life de Terrence Malick, ce qui tend à prouver que Brad Pitt n’est pas seulement une cible pour paparazzi mais aussi l’un des acteurs les plus convoités par les grands réalisateurs. En 2007 il avait obtenu la Coupe Volpi, qui récompense à la Mostra de Venise la meilleure interprétation masculine pour son interprétation de Jesse James dans L’Assassinat de Jesses James par le lâche Robert Ford.

 

Vidéo : Brad Pitt dans Inglourious Basters (Quentin Tarantino, 2009)

 

 

Dans Burn After Reading (Joel & Ethan Coean, 2008), Brad Pitt confirme ainsi son goût pour les rôles qui mettent à mal son statut. Il préfère collaborer avec des auteurs signant des œuvres personnelles plutôt qu’avec des mercenaires de studios qui travaillent à la commande et élèvent les blockbusters au rang de crimes en série. Une démarche qualifiée de prise de risques ou de choix artistiques, selon que l’on envisage le cinéma en tant que business ou en tant que 7e art. Preuve que l’intéressé privilégie la seconde définition, la description qu’il fait de son personnage dans le film : « Je ne m’attendais pas à ce (qu’il) soit un abruti au crâne vide, mâchouilleur de chewing-gum, buveur de Gatorade et accro à l’iPod. C’est un idiot total... mais il a bon cœur. Je considère donc ce rôle comme un tremplin pour ma carrière ».

Il poursuit sa quête de rôles sérieux et engagés dans Le Stratège (Bennett Miller, 2011), un drame dans le milieu du baseball américain, Cogan : la Mort en douce (Andrew Dominik, 2012) ou encore Twelve Years a Slave (Steve McQueen, 2013) et The Counselor (Ridley Scott, 2013), des films âpres où l’acteur tient des rôles secondaires mais qui lui permettent de dévoiler davantage ses talents d’acteurs.

 

Vidéo : Bande-annonce de The Counselor (Ridley Scott, 2013)

 

 

« Bradangelina »

Si les succès qui ont jalonné sa filmographie lui avaient déjà garanti son accession au vedettariat, c’est sa vie sentimentale qui en a fait l’une des cibles préférées des paparazzi de tous pays. En 2000, lorsqu’il épouse Jennifer Aniston, célèbre pour avoir incarné Rachel dans la série Friends, les chroniques people se régalent de cette union, déjà qualifiée de «couple le plus glamour». Brad Pitt a alors un avant-goût de la difficulté d’entretenir une relation presque normale avec une célébrité qui, même si elle est en vue, n’a tout de même pas une aura similaire à la sienne.

Mais quand il divorce de l’héroïne de sitcom et officialise peu après sa liaison avec Angelina Jolie, l’engouement médiatique prend une dimension sans égale. Ce n’est plus seulement de couple le plus glamour dont on parle, mais carrément de «Brangelina». Comme deux entreprises qui fusionnent, on associe leurs noms, on cumule leur image de marque et on démultiplie leur notoriété. Les amants au grand cœur, qui s’impliquent dans de nombreuses œuvres de bienfaisance et projets humanitaires à travers la planète, adoptent des enfants originaires de pays en développement, font les choux gras de la presse people et sont traqués par les photographes partout où ils se rendent. La rançon du succès, sans doute, pour un acteur qui n’a jamais revendiqué le statut qu’on lui attribue.

 

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Brad Pitt vu par Jean-Jacques Annaud, réalisateur de Sept ans au Tibet

 

«J’ai fait la connaissance de Brad Pitt lors de la préparation de Sept ans au Tibet. Le scénario lui avait été donné et il m’a appelé pour que nous en discutions. Nous devions nous rencontrer autour d’un déjeuner et nous sommes finalement restés à table à bavarder jusqu’à 19h. Le courant est passé immédiatement, et cette première impression ne s’est d’ailleurs pas démentie. Par la suite, le tournage a été idyllique. Il m’a dit une chose très touchante : “Je fais ce métier pour faire les films que vous faites.” C’était très sincère, et il l’a prouvé depuis : il a essayé de faire des choix éclectiques, ambitieux souvent, risqués parfois. Je suis heureux de voir qu’il a gardé le cap. Je sais qu’il a été très malheureux d’avoir accepté certains projets pour de mauvaises raisons, et il s’est juré très vite de ne plus recommencer. Ce fut un délice de travailler avec lui parce que justement, il se donne beaucoup de mal. Il veut apprendre, progresser, être meilleur et faire des films intéressants. Il a mené sa carrière de cette façon, et a finalement réussi à rester au sommet du box-office tout en gardant cette exigence, ce qui est remarquable. Sur le tournage, cela se traduit par une très grande concentration, par le désir de toujours faire mieux. Il s’améliore au cours des prises et insiste pour en faire des supplémentaires. Il est très à l’écoute de ce que dit le metteur en scène. Il se donne beaucoup de mal pour lui donner satisfaction. Brad est travailleur et consciencieux, au contraire d’autres acteurs qui sont plus impulsifs et peuvent se satisfaire de la première prise. Il avait le statut de jeune premier le plus sexy du monde, ce qui l’exaspérait, car il voulait être respecté pour son travail ».

 

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