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Claude Chabrol, l’épicurien

Claude Chabrol[Capture d'écran Youtube]

Grand amoureux de la vie, épucurien et cinéaste accompli, Claude Chabrol est mort,  le dimanche 12 septembre 2010, à l’âge de 80 ans. Une semaine après la disparition du réalisateur Alain Corneau, c’était un autre grand nom du cinéma français qui s’éteignait.

 

Archive – article publié le lundi 13 septembre 2010

 

Claude Chabrol, fut, aux côtés de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Éric Rohmer et Jacques Rivette, un des jeunes turcs des Cahiers du Cinéma qui révolutionna le cinéma à la fin des années cinquante. Le réalisateur du Boucher a consacré sa vie au septième art. Du Beau Serge avec Jean-Claude Brialy (1959) à Bellamy cinquante ans plus tard, avec Gérard Depardieu, cet humaniste cynique, grand amateur de cuisine, n’a jamais cessé de mettre le doigt sur les petits et grands travers de l’homme, avec une entêtante fascination pour la petite bourgeoisie de province.

Né à Paris en 1930, il avait commencé sa carrière en tant que critique de cinéma, avant de passer lui-même derrière la caméra à 29 ans, avec Le beau Serge. Fin observateur, friand d’humour noir, il réalisa des longs métrages d’une étonnante personnalité. Claude Chabrol était un grand admirateur de l’œuvre d’Hitchcock et des romans de Georges Simenon. Dès lors, il n’est pas étonnant que ses plus grandes réussites rentrent dans la catégorie des films noirs. Le cinéaste savait subtilement construire ses intrigues pour que la tension et le suspense soient maintenus intacts jusqu’au climax. Fidèle à ses thèmes, mais aussi à ses acteurs, il a permis à nombre d’entre eux, comme Isabelle Huppert, de se révéler. Après cinquante ans de carrière et autant de films, Claude Chabrol laisse derrière lui de très nombreux cinéphiles endeuillés.

 

Vidéo : Documentaire de Jean Douchet sur Claude Chabrol, réalisé dans le cadre de la série Cinéma, de notre temps

 

 

«Entre Balzac et Rabelais»

Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir hier. Pour Nicolas Sarkozy, Chabrol « tenait de Balzac pour la finesse de sa peinture sociale. Il tenait de Rabelais pour son humour et sûrement aussi pour sa truculence, mais il était surtout lui-même dans ses films comme dans sa vie. Et je suis certain qu’il manquera beaucoup à chacun ». Sollicité par RTL, Gérard Depardieu a déclaré : « Claude était la joie de vivre même, je n’arrive pas à imaginer qu’il soit parti, à aucun moment il ne parlait de la mort »

 

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Ses acteurs fétiches

 

Stéphane Audran. L’actrice a été l’épouse de Claude Chabrol pendant seize ans. Ensemble, ils ont eu un fils: Thomas Chabrol, lui aussi comédien. Entre 1959 et 1972, Stéphane Audran figure au générique d’une vingtaine de films du cinéaste. Son charme et sa beauté lui permettent de jouer les séductrices. Elle sera la maîtresse du tueur dans Landru (1962), une bourgeoise lesbienne dans Les biches (1968) et une femme adultère dans Les noces rouges (1973). En 1979, elle remporte le césar du meilleur second rôle pour Violette Nozière (1978).

 

Vidéo : Stéphane Audran dans Les Biches (1968)

 

 

Isabelle Huppert. Révélée par Chabrol qui lui offre son premier grand rôle en 1978, Isabelle Huppert est l’une des muses du réalisateur. Ensemble, ils explorent tous les registres, du drame à la comédie en passant par le film historique. Devant sa caméra, elle sera tour à tour une adolescente empoisonneuse (Violette Nozière), une avorteuse sous l’Occupation (Une affaire de femmes), une postière infanticide (La cérémonie) et même Madame Bovary. L’actrice doit à Chabrol l’obtention de son unique césar de la meilleure actrice en 1996, pour son rôle dans La cérémonie.

 

Vidéo : Isabelle Huppert dans Une Affaire de femmes (1988)

 

 

Jean Poiret. Chabrol fit de lui l’inspecteur Lavardin, policier cynique et pince-sans-rire. Jean Poiret (1926-1992) incarne ce personnage pour la première fois en 1985 dans Poulet au vinaigre, puis l’année suivante dans L’inspecteur Lavardin. Le succès est au rendez-vous et Claude Chabrol décide de poursuivre l’aventure dans une minisérie de quatre épisodes intitulée Les dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin diffusée entre 1988 et 1990 à la télévision. Chabrol ne tournera que deux épisodes. Jean Poiret sera ensuite dirigé par Christian de Chalonge pour les deux dernières enquêtes.

 

Vidéo : Jean Poiret dans Pouet au Vinaigre

 

 

Filmographie

Le Beau Serge (1959) : Avec ce premier long métrage, Claude Chabrol réalise le manifeste de la «nouvelle vague». Un coup d’essai salué par le prix Jean-Vigo.

 

 

La Femme infidèle (1969) : Stéphane Audran, alors mariée à Claude Chabrol, donne la réplique à Michel Bouquet dans ce polar délicieusement cynique.

 

 

Le Boucher (1970) : Ambiance étouffante et tension constante dans ce polar magistralement habité par Jean Yanne.

 

 

Les Fantômes du chapelier (1982) : En adaptant le roman de Georges Simenon, Chabrol offre à Michel Serrault et à Charles Aznavour leurs plus beaux rôles de meurtriers.

 

 

La Cérémonie (1995) : Adaptation de L’Analphabète (Ruth Rendell), cette tragédie en cinq actes est servie par Isabelle Hupert et Sandrine Bonnaire.

 

 

Bellamy (2009) : Le dernier Chabrol rend hommage à Simenon. Gérard Depardieu, dans l’imperméable du commissaire Bellamy, ressemble à s’y méprendre à Maigret.

 

 

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