En direct
A suivre

Mylène Farmer, chanteuse énigmatique (1/2)

Mylène Farmer en 2012[CC/thomasbonte]

Elle est la seule chanteuse française à remplir le Stade de France et possède un sens du spectacle unique. Depuis plus de vingt-cinq ans, Mylène Farmer fascine ses fans par son univers hors normes. La sortie de chacun de ses albums crée l’événement, car chacun espère en découvrir un peu plus sur son auteur (PREMIERE PARTIE)

 

ARCHIVE

 

C’est un constat : il existe bien un mystère Mylène Farmer. Ses rares apparitions télévisées ne permettent pas de répondre à toutes les questions. A peine se livre-t-elle dans ses albums et dans ses prestations scéniques. Vingt-cinq ans après ses débuts, elle demeure indéfectiblement énigmatique. Paradoxale pudeur ou marketing efficace ? Tentative de portrait.

 

Si c’est par des chiffres que l’on peut juger du rayonnement d’un artiste, alors Mylène Farmer s’inscrit au rang des plus grandes stars francophones. Avec trente millions d’albums vendus depuis le début de sa carrière, elle occupe la seconde marche du top des ventes sur lequel culmine Johnny Hallyday. L’incroyable engouement du public pour ses concerts témoigne aussi du rayonnement de Mylène Farmer.

 

Le triomphe de la volonté

Au-delà des alchimies inexplicables, l’immense succès de Mylène Farmer s’explique par un travail considérable. Alors qu’elle s’appelait encore Mylène Gautier et qu’elle enchaînait les petits boulots pour payer ses cours d’art dramatique au cours Florent à Paris, la jeune femme faisait déjà preuve d’une incroyable détermination pour mener à bien ses projets. Ses rencontres – Jérôme Dahan, Laurent Boutonnat entre autres – furent naturellement déterminantes, mais jamais elle ne laissa le hasard gouverner sa carrière. Saisir la moindre chance, surpasser tout échec : deux attitudes immuables que l’on repère dans son parcours depuis un quart de siècle. «Mylène Farmer n’a brûlé aucune étape et ne vit que pour son art. Elle est littéralement habitée par la recherche de la perfection», commente Vanessa Pontet a signé, avec Brigitte Hemmerlin, une biographie de l’artiste. Femme d’affaires avertie, Mylène Farmer a en outre mis au point avec ses proches une stratégie de communication implacable, aussi provocatrice que parcimonieuse, qui entretient le suspense, crée l’événement et dope les ventes. Cette success story artistique ne serait-elle qu’une géniale aventure commerciale ?

 

Vidéo : Clip de « Je te dis tout » (2013)

 

 

Sans contrefaçon ?                                                                            

Cette hypothèse est à coup sûr injustifiée. Si pragmatique soit-elle, Mylène Farmer a une personnalité complexe, obscure parfois, passionnante toujours. Une enfance mystérieuse au Québec, des deuils traumatisants – son père victime d’un cancer en 1986, Jean-François Pigaglio, vigile du label Polydor, abattu a coups de fusil par un fan hystérique en 1991, son frère Jean-Loup victime d’un accident en 1996, son collaborateur historique Bertrand Le Page qui se donne la mort en 1999 – ont alimenté l’univers tourmenté et onirique qui imprègne son œuvre.

Les paroles de ses chansons, comme les images de ses clips, oscillent entre Eros et Thanatos, le sexe et la mort. Cette vision du monde, qui n’est pas sans évoquer le marquis de Sade ou Georges Bataille, gêne lorsqu’elle devient une esthétisation complaisante de la perversion. Elle n’en demeure pas moins intéressante dans un milieu musical facilement perméable aux ritournelles gnangnan ou à la provocation vulgaire.

Curieusement, la «vraie» Mylène Farmer, hors de la scène ou des studios, est une personne plutôt simple. L’argent qui coule à flot ne l’a pas déconnectée du réel : elle vit confortablement mais sans ostentation, goûtant la discrétion par pudeur autant que par timidité. De même, ses hantises et ses fantasmes n’ont pas eu raison de sa sociabilité. Celle que l’on imaginerait recluse et taciturne laisse apparaître au contraire, dans ses rares interviews et les témoignages de proches, un goût prononcé et exigeant pour l’amitié... et pour l’amour. Et nul doute qu’elle en a encore beaucoup à donner.

 

Vidéo : Clip de « Oui mais .. non » (2010)

 

 

Née le 12 septembre 1961 à Pierrefonds, à une vingtaine de kilomètres de Montréal, elle est la benjamine d’une famille de quatre enfants. Jeune fille discrète à l’école, Mylène Gautier quitte le Canada vers l’âge de dix ans. Sa famille et elle abandonnent les grandes étendues canadiennes pour Ville-d’Avray, en banlieue parisienne (Hauts-de-Seine). Enfant, elle s’imagine monitrice d’équitation mais comprend rapidement que c’est la scène qui l’attire. Elle quitte les bancs du lycée en terminale et suit une formation théâtrale au Cours Florent. Pour financer ses études qui la passionnent, elle enchaîne les petits boulots, surtout dans le mannequinat.

 

La rencontre

C’est en 1984 que Mylène Gautier fait ses débuts dans la chanson, en rencontrant l’homme qui marquera sa carrière : Laurent Boutonnat. Elle devient alors Mylène Farmer. Elle emprunte son nom de scène à France Farmer, une actrice américaine des années 1930, et teint ses cheveux en roux. «Je suis née châtain, mais il a dû y avoir une erreur : j’aurais dû naître rousse», aime-t-elle préciser. La même année sort «Maman a tort» Mylène Farmer entame véritablement sa carrière avec ce premier single signé Jérôme Dahan et Laurent Boutonnat. A 23 ans, elle s’inscrit d’emblée dans le registre scandaleux en évoquant l’attrait un peu trouble d’une enfant hospitalisée pour son infirmière : pédophilie et homosexualité, rejet de la famille... Curieusement, l’émoi reste limité, sans doute parce que l’interprète est alors débutante et inconnue. Néanmoins, le 45 tours se vend rapidement à 100 000 exemplaires.

 

Vidéo : « Maman a tort » de Mylène Farmer (1984)

 

 

Son premier album voit le jour en 1986. Cendres de lune. Alain Lévy, qui dirigeait le label Polydor, avait choisi de sortir « Plus grandir » en 45 tours, en amont de l’album. Mais c’est « Libertine » qui crée l’événement. Pour le clip, très étudié, Mylène Farmer joue nue, entretenant ainsi sa réputation avec constance. Il n’aura fallu que deux ans à Mylène Farmer pour s’imposer sur la scène musicale. Avec « Libertine », elle restera près de six mois au Top 50.

 

Vidéo : Clip de « Libertine » (1986)

 

 

Deux ans plus tard, c’est avec Ainsi soit je... que Mylène Farmer bat des records. L’album est disque de diamant (un million d’exemplaires) en seulement quelques semaines ! Il contient des titres comme « Sans contrefaçon » ou « Pourvu qu’elles soient douces », qui créent la polémique (...)

 

Mylène Farmer, chanteuse énigmatique (suite du portrait)

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités