Avec un oscar et onze Grammy Awards, l’équivalent américain des victoires de la musique, Eminem fait partie des artistes hip-hop les plus emblématiques de sa génération. Le magazine américain Vibe l’a même nommé «meilleur rappeur vivant», en 2008. Une consécration pour ce petit Blanc qui a grandi dans les quartiers pauvres de Detroit, dans le Michigan.
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Avant de s’y installer, sa famille déménage souvent. Eminem, Marshall Bruce Mathers III de son vrai nom, peine à s’intégrer. Petit, blanc et frêle, il est sans cesse battu et humilié par ses camarades de classe. Les changements d’école n’y font rien. A 10 ans, un lynchage le plonge dans le coma pendant une dizaine de jours. «D’Angelo Bailey. Je n’oublierai jamais ce garçon», s’est rappelé Eminem dans le magazine Rolling Stone.
Premiers flops
Cet événement marque un tournant dans la vie du rappeur. Adolescent, il passe beaucoup de temps avec son oncle Ronnie, qui lui fait écouter ses albums de rap. D’un an son aîné, Ronnie joue le rôle de grand frère et l’aide à écrire ses premiers textes. Marshall a alors 14 ans. Dès lors, celui qui deviendra Eminem s’inscrit à des «battles», des concours de rimes, et crée plusieurs groupes. Sans succès. Le jeune rappeur garde espoir jusqu’à une journée froide de décembre 1991. Après une dépression amoureuse, Ronnie se suicide, à 19 ans. Marshall perd un oncle, un ami et un partenaire de hip-hop. Il s’arrête d’écrire pendant deux ans et fait faire sur son bras gauche un tatouage en hommage à Ronnie. En 1996, il sort son premier album, Infinite, sous un nouveau nom, Eminem, reprenant ses initiales («M & M», pour Marshall & Mathers). Diffusé uniquement à Detroit, Infinite fait un flop.
Vidéo : Bande-annonce de 8 Mile
Le come-back
La chance lui sourit enfin lorsqu’en 1997, il envoie une copie de son album au Rap Olympics, une compétition de rap à Los Angeles. Il décroche la deuxième place et se fait remarquer par le puissant producteur Dr. Dre. Deux ans plus tard, ils sortent l’album Slim Shady LP. Il y raconte notamment son passage à tabac, dans le titre « Brain Damage ». Le succès est immédiat. Dix millions d’exemplaires sont vendus dans le monde, ce qui lui vaut d’être sacré meilleur album rap de l’année 2000 aux Grammy Awards. Les succès s’enchaînent. Ses albums et le film inspiré de sa vie, 8 Mile, (dans lequel il joue son propre rôle) cartonnent. Dépendant aux médicaments, Eminem interrompt subitement sa carrière.
Vidéo : « Lose Yourself », oscar de la meilleur chanson originale en 2003
Cinq ans se sont écoulés entre Encore (2004) et Relapse (2009), son sixième album. Entretemps, la mort de son ami Proof, une addiction aux médicaments, sa prise de poids et ses cures de désintoxication ont suspendu la carrière du chanteur. Précédé par le single « Crack A Bottle », sur lequel les fans affamés se sont jetés, Relapse était un des albums les plus attendus de 2009 et plus de 600 000 albums ont été vendus la première semaine. Au niveau de la couleur musicale, on y retrouve la patte de son producteur et mentor Dr Dre, qui se permet quelques apparitions vocales avec 50 Cent. Quant aux textes, l’auteur provocateur à souhait persiste dans sa misogynie et son homophobie notoires (« Underground »). Mais The Slim Shady se fait ici plus radical que jamais. Concentré de rap rageur, viscéral, violent, haineux, le cœur de Relapse tourne autour de la drogue et de ses conséquences. Overdoses, désintox, Marshall Mathers évoque son séjour à l’hôpital, «officiellement» pour pneumonie, officieusement, «à cause de la méthadone»... Confessions pour confessions, le chanteur au débit de mitraillette tire sur tout ce qui bouge et se prend aussi pour cible. De son enfance glauque, entre une mère sous Valium qu’il déteste haïr (« My Mom ») et un beau-père abusif (« Insane »), en passant par ses batailles avec son label, son aversion pour la notoriété, jusqu’aux fantasmes de meurtres sur Britney et Lindsay (« Same Song & Dance »)... Eminem l’annonce dans « Medicine Ball » : «Il est de nouveau temps pour vous de me haïr.»
Vidéo : « We made you » d’Eminem
« Complètement différent »
Un an seulement après son retour avec Relapse («rechute), album rap le plus vendu en 2009 dont étaient extraits les singles, Eminem annonce qu’il ne fera pas de seconde rechute avec Recovery. A la production de ce nouvel opus, exit Dr. Dre, le rappeur ayant préféré faire appel à la crème des producteurs actuels, comme DJ Khalil (50 Cent, Cypress Hill), Just Blaze (Jay Z, Kanye West), Jim Jonsin (Beyonce, T.I.) et Boi1da (déjà présent pour le single Forever, et collaborateur de Lil Wayne et Kanye West). «J’avais initialement prévu que Relapse 2 sorte l’année dernière», avait alors expliqué Eminem. «Mais j’ai enregistré avec beaucoup de nouveaux producteurs, et l’idée d’une suite à Relapse avait de moins en moins de sens, donc j’ai voulu faire un album complètement différent. Les titres de Recovery sont très éloignés de Relapse, et ce nouvel album mérite son propre titre.» Précédé par « Not Afraid », single entré directement numéro un au Hot 100, le disque dévoile une autre facette de Slim Shady, moins celle d’un rappeur à la recherche de la phrase drôle qui choque, que celle d’un homme sur la voie de la guérison («Recovery»), soit l’œuvre d’un artiste au sommet de son art qui continue de se battre contre ses démons et la drogue. Et pour ne rien gâcher, l’album compte les participations vocales de Kobe, Pink, Lil Wayne et Rihanna.
Vidéo : « Not Afraid’ d’Eminem
Biographie
1972 Naissance le 17 octobre à Kansas City (Missouri, Etats-Unis).
1996 Sortie de son premier album, Infinite.
1999 Sortie de Slim Shady LP.
2000 Grammy Award du meilleur album rap.
2002 Sortie du film 8 Mile.
2003 Oscar de la meilleure chanson de film pour "Lose Yourself" (8 Mile).
2005 Interruption de sa carrière.
2010 Grammy Award du meilleur album rap pour Relapse.
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