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Sfar croque Chagall : « La différence entre le conte et la biographie, c’est la liberté »

Joann Sfar[Capture d'écran Youtube]

Après avoir conquis les salles obscures avec Gainsbourg, vie héroïque, Joann Sfar revient à la bande dessinée avec Chagall en Russie, un conte tiré de la vie d’un autre de ses héros : le peintre Marc Chagall. Loin de la biographie, Joann Sfar met en scène un Marc Chagall tout droit sorti de ses tableaux. Encore tout jeune, le futur peintre habite en Russie et rêve de vivre de ses pinceaux. Seulement, la destinée du pays pourrait bien le pousser à d’autres aventures...

 

Archive – article publié le lundi 13 septembre 2010

 

Il ne s’arrête donc jamais ? s’étonnent ses détracteurs. Le créateur du Chat du rabbin a sa réponse : «Je dessine tout le temps, ça me rend tellement heureux.» Après s’être attaqué au monstre sacré de la chanson française que fut Serge Gainsbourg ou au Petit Prince, de Saint-Exupéry, et alors qu’il préparait une grande exposition pour la Cité de la musique autour de Georges Brassens, Joann Sfar s’intéresse cette fois, par le biais de la BD, à Marc Chagall, dans un diptyque, dont le premier tome, Chagall en Russie, est paru en 2010. «Depuis quelques années, j’essaie de mettre en avant des héros français, explique le dessinateur. Chez Chagall, qui est arrivé de Russie en 1910, il y a un vrai amour de la France. Et puis je suis intéressé par son côté faux naïf. Il a vécu dans un monde de violence et d’étrangeté et pourtant sa peinture est presque enfantine.»

 

Vidéo : Interview de Joann Sfar

 

 

Un touche-à-tout engagé

Comme l’œuvre de Chagall, le dessin et les histoires de Joann Sfar se situent davantage du côté du conte que du réalisme historique. Rien à voir avec une biographie, donc : «Je voulais créer une sorte de conte yiddish à la manière de la comédie musicale Un violon sur le toit. La différence entre le conte et la biographie, c’est la liberté. Je ne suis ni historien ni journaliste. J’essaie de créer un spectacle, je ne peux pas m’empêcher de garder une place pour l’humour et le jeu, de traiter uniquement ce qui me plaît chez un personnage.»

Touche-à-tout, il aime aussi se tourner vers d’autres arts, comme en atteste la réalisation de son premier film. «Le terme de touche-à-tout ne me dérange pas tant qu’on reconnaît qu’il y a une cohérence dans ce que je fais.» Comme un certain engagement qui ne le quitte pas : «Les artistes sont sensibles aux vibrations de la société. Dans Chagall en Russie, on voit des petits personnages juifs qui, comme les Gitans, ne sont pas des immigrés en Europe, ils sont là depuis toujours. Si cela a une résonance avec ce qui se passe en France en ce moment, tant mieux.» Alors, un art léger la BD ? «On peut dire une émotion vraie dans quelque chose d’imaginaire. Le réalisme et la vérité sont des choses bien différentes», explique le prolifique auteur.

 

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