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Didier Barbelivien, à cœur ouvert

Didier Barbelivien en 2012[CC/Georges Biard]

Didier Barbelivien a écrit certaines des plus célèbres chansons françaises. Avec Atelier d’artistes (2009), celui qui a écrit des chansons pour Johnny Halliday, Julio Iglesias, Demis Roussos, Christophe, Patricia Kaas, Gilbert Montagné et bien d’autres encore livre un discours très personnel où il nous laisse pénétrer dans son univers. Direct Matin était allé à sa rencontre à cette occasion.

 

Archives – Article publié le mardi 27 octobre 2009

 

Un piano droit. Trois guitares sèches. Au mur, les photos de ceux qu’il aime, une affiche des Beatles, une litho des Stones, la peinture d’un avion. Des sculptures africaines et un antique juke-box en parfait état de marche. Tout l’univers de Didier Barbelivien se résume dans ces objets qui balisent son atelier d’artiste : la musique, les autres, le voyage. C’est dans cet appartement parisien qu’il écrit ses chansons, quand il n’a pas posé ses valises en Casamance, autre terre d’inspiration chère à son cœur.

Trente-cinq ans après le début de sa carrière, il a voulu raconter son métier avec ce nouveau disque, qui comprend deux inédits. « Cet album est une façon de raconter de manière imagée comment j’écris des chansons. Je raconte mon décor. Ce dont j’ai besoin pour écrire », explique-t-il. Atelier d’artistes, qui a donné son titre à l’album, évoque ainsi l’inspiration et le processus de création. « Seule la solitude », le très beau et dernier titre de l’album, parle davantage de la mélancolie qui saisit l’artiste au sortir de la scène. «Avec « Atelier d’artistes » au début de l’album et « Seule la solitude » à la fin, j’ouvre et je ferme le rideau», résume-t-il.

Totalement autodidacte, ayant appris le solfège tout seul, puis grattouillé ses premières cordes alors qu’il était élève du lycée Chaptal à Paris, Didier Barbelivien reste totalement possédé par la musique. Avoir signé certains des plus grands tubes du répertoire contemporain (il en réinterprète quinze dans Atelier d’Artistes) n’a pas émoussé sa passion, car pour lui la musique est aussi une histoire d’amitié et une aventure collective. « Quand on commence une chanson, c’est très perso. On est tout seul, mais cela se poursuit de manière collective. Je ne chanterais pas sur scène sans mes musiciens : je dis souvent que je suis le chanteur de l’orchestre ».

 

Vidéo : Didier Barbelivien chante « Seule la solitude »

 

 

Petit garçon du soleil                             

Né à Paris au printemps 1954, Didier Barbelivien, enfant, grandit au Congo, où sont installés ses parents. Avec la décolonisation, l’enfant quitte le pays. Fidèle à l’océan Atlantique, mais sous une nouvelle latitude, sa famille s’installe en Loire-Atlantique. Les souvenirs d’enfance ne sont pas les plus heureux. «Je m’ennuyais tout le temps», dit-il aujourd’hui. Il débarque ensuite à Paris. Sa vie débute vraiment à l’adolescence. Les années 1970 commencent !

Barbelivien démarre très vite et très fort. Il écrit ses premières chansons à 15 ans, puis se fait remarquer par la maison de disques Polydor, proche du lycée Chaptal, où il est en cours. Michèle Torr en 1974, Gérard Lenorman en 1975, font partie des premiers artistes à interpréter ses chansons. La deuxième moitié des années 1970 est celle de tous les succès. Barbelivien est réclamé par tous ceux qui comptent.

Dalida, Lavil, Iglesias, Kaas, Sardou... Tout le monde chante du Barbelivien dans les années 1980 tandis qu’il enregistre ses propres disques. Au début des années 1990, il forme un duo qui explose avec Félix Gray (« A toutes les filles ») et se fait remarquer avec Anaïs dans « Les mariés de Vendée ».

 

Vidéo : Didier Barbelivien et Félix Gray chantent « A toutes les filles »

 

 

Une sincérité maximale

Modeste, Barbelivien est aussi d’une désarmante simplicité. Son accueil est direct, sans fard. Il écoute les questions et répond directement, droit dans les yeux, sans jamais manifester la lassitude que la promo rend inévitable. «Je déteste faire des efforts. Si je me force, j’ai l’impression de truquer les cartes», lance-t-il. Prononcé par quelqu’un d’autre, le propos pourrait sembler bien prétentieux. Pas chez lui. Cette phrase témoigne juste d’une volonté de sincérité maximale, dans ses textes comme auprès du public. Ainsi lorsqu’il est au Sénégal, sous les sunlights des tropiques mais aussi loin des projecteurs parisiens, il n’aime rien tant que jouer avec les enfants, dans les écoles ou sur des scènes de fortune, apprendre leurs chansons et en composer pour eux. Et si, en France, il a établi ses quartiers dans la capitale, l’appel de la province hante cet amoureux des littoraux atlantiques. «J’ai été élevé comme ça. J’aime la vie des fermes, les champs, les églises, les maisons, les vieux. Les jeunes aussi ! J’ai plaisir à être dans la vraie vie», s’enthousiasme-t-il, sincère.

 

Vidéo : Didier Barbelivien chante « Jean de France »

 

 

Des projets à foison

Didier Barbelivien a déjà prévu de se retirer de la scène à 60 ans« Je ne me vois pas sur scène fatigué » – mais en attendant l’échéance, que l’on souhaite bien sûr voir repoussée sine die, l’artiste déborde de projets. Des concerts, tout d’abord, dans toute la France, dans de petites salles ou sur de grandes scènes. Qu’importe, pourvu qu’on le demande : c’est ce que l’on appelle le respect du public. Une autobiographie ensuite.

Un spectacle, enfin, consacré à Marie-Antoinette, dont la tête fut tranchée en 1793. «Je travaille de façon un peu utopiste avec l’idée de réhabiliter la reine. Il était inutile de la guillotiner. Idem pour Louis XVI», explique ce passionné d’histoire, qui ne cache pas son tropisme pour la monarchie sous sa forme constitutionnelle. Sincère et libre, donc. Après huit ans d’écriture le spectacle est terminé et devrait être présenté sur scène à la rentrée 2015.

Didier Barbelivien défend des mémoires que l’on préférerait parfois laisser dans les oubliettes de l’histoire, qu’il s’agisse du massacre des Vendéens sous la Révolution ou des harkis abandonnés après l’indépendance de l’Algérie. Passionné par son art, mais en prise totale avec le temps et l’espace, Barbelivien n’est pas seulement l’un des meilleurs de la chanson contemporaine, c’est aussi un artiste en vérité.

 

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