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Bruce Willis, pur et dur

Bruce Willis[CC/Alan Light]

Avec une carrière riche de plus d’une soixantaine de films et une notoriété internationale, Bruce Willis, célèbre pour son rôle de John McCLane, flic new-yorkais, cynique au grand cœur et héros malgré lui, s’est imposé parmi les plus grands noms du cinéma.

 

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Le modèle de l’anti-héros

Pour la première fois, avec Piège de Cristal, le héros n’était pas indestructible et n’avait pas pour seule envie de sauver le monde. Quand Bruce Willis incarne John McClane en 1988, dans ce qui sera le premier volet d’une série de cinq volets, il est ce personnage sans ambition, qui aime sa femme et sa famille, voudrait juste rentrer chez lui, s’essouffle à chaque poursuite et s’efforce de ne jamais perdre son sens de l’humour. Une composition qui va à rebours des héros des années 1980.

Avant d’endosser le rôle pour Retour en enfer, le quatrième film de la série sorti en 2007, Bruce Willis a veillé à rester fidèle au personnage : « L’une des choses les plus intéressantes et les plus excitantes chez McClane, c’est qu’il n’est définitivement pas un super-héros. Il n’a aucun pouvoir spécial, aucune capacité particulière ». En 1988, sollicités pour incarner le personnage de McClane, Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Burt Reynolds et Richard Gere avaient refusé le rôle. Le producteur Joel Silver se tourne alors vers Bruce Willis, à qui il offre 5 millions de dollars pour figurer dans cette nouvelle production.

 

Vidéo : Les 10 meilleurs moments de Die Hard

 

 

Reconnu à la télévision

Bruce Willis en est alors à ses débuts au cinéma. Il a donné la réplique à Kim Basinger dans Boires et déboires (Blake Edwards, 1987), où il incarne un homme d’affaires un poil cynique. Le film obtient un succès mitigé, alors que l’acteur est célèbre à la télévision. Depuis trois ans, les Américains le connaissent sous le nom de David Addison, responsable d’une agence de détectives au bord de la faillite, dans la série télévisée Clair de lune (Moonlighting) rôle pour lequel il vient de recevoir l’Emmy Award du meilleur acteur télé et le Golden Globe du meilleur acteur dans une série comique. Le réalisateur, Glenn Gordon Caron, expliquera plus tard qu’il avait choisi Willis sans hésitation parmi des centaines de prétendants car « il avait exactement le bon dosage de cynisme et de férocité ». Au bout de trois ans, 65 épisodes et trois nominations aux Golden Globes, la série s’arrête.

Le tournage de Piège de cristal va permettre à Bruce Willis de tourner la page des séries télé. Avec son habituelle décontraction, il transcende le personnage du policier paumé. Mélangeant arrogance cocasse et héroïsme extrême, il lui donne une dimension humaine, posant ainsi les jalons de sa future carrière.

 

Vidéo : Bruce Willis dans Moonlighting

 

 

Des débuts au théâtre

Rien ne prédestinait Bruce Willis à devenir un des acteurs les plus «bankable» («rentable») de l’industrie hollywoodienne. Il est né en 1955 à Idar Oberstein, dans une garnison d’Allemagne de l’Ouest où son père est affecté. De retour aux Etats-Unis, à la fin des années 1950, sa famille retrouve la ville de Penns Grove, dans le New Jersey, où son père reprend son métier de soudeur. Il dira plus tard, à propos de ses choix de carrière : « Les chantiers c’est bien, mais Hollywood c’est mieux ». Dans cette ville, Bruce va passer la plus grande partie de sa jeunesse. Passionné par la musique, il apprend l’harmonica en autodidacte. A la fin de ses études secondaires, il s’inscrit à l’université de Montclair, dont il préside le conseil étudiant.

Le jeune Bruce a pourtant un problème : il bégaie. Voulant guérir de ce handicap, il s’inscrit en section théâtre et se découvre une nouvelle passion. « Dès que j’étais en face d’un public, mon bégaiement disparaissait. J’ai l’esprit contradictoire... » Son charisme, son côté nature, son sens inné du comique et de l’improvisation séduisent immédiatement ses professeurs et le public. Diplôme en poche, Bruce Willis alterne auditions et petits jobs. Deux ans plus tard, il est engagé par la troupe First Amendment Comedy Theater. En 1977, il s’installe à New York et décroche un rôle dans la pièce Heaven and Earth. Le jeune comédien arrondit ses fins de mois en étant serveur au Café central, un café spectacle de l’Upper West Side, réputé pour être fréquenté par un grand nombre d’acteurs. «Il y avait des gens comme Richard Gere et Mickey Rourke. Je les regardais pour voir comment il fallait et comment il ne fallait pas se comporter quand on est une star ». Bruce sert les clients en patins à roulettes avec des tee-shirts déchirés, il fait le pitre, soucieux d’amuser la galerie, se moquant de tout le monde, y compris de lui. C’est ainsi qu’une agence de pub l’engage pour le jean Levis 501. Le jeune Bruce prend goût à la célébrité. A presque 30 ans, il sait que son avenir sera devant les caméras ou sur les planches. Il poursuit sa carrière théâtrale, jouant dans Railroad Bill ou encore Fool for Love, jusqu’en 1985, date à laquelle sa carrière décolle à la télévision avec la série Clair de lune.

 

Vidéo : Bande-annonce de  L’Armée des Douze Singes (Terry Gilliam, 1995)

 

 

Un personnage culte

Après le colossal succès de Piège de cristal, Bruce Willis peut se libérer de la télévision et se consacrer à plein-temps au cinéma. Le concept de Die Hard, machine extrêmement rentable, peut être décliné... Le deuxième volet sort en 1990 en reprenant les codes du personnage: le dur à cuire qui sait rester calme quand on le met sous pression et qui se fiche éperdument des ordres donnés. 58 minutes pour vivre va remporter un succès encore plus important. Cette fois-ci, Bruce Willis empêche des terroristes de prendre le contrôle d’un aéroport pour faire atterrir leur chef.

En retrouvant le rôle de John McClane, son sourire en coin, son marcel, son coup-de-poing et ses bons mots, Bruce Willis sait qu’il tient le rôle de sa vie, celui auquel on ne va plus cesser de l’assimiler, au même titre que Schwarzenegger avec Terminator ou Sylvester Stallone avec Rocky.

A la même période, alors que le comédien est maintenant payé 15 millions de dollars par film, il s’offre le luxe de jouer dans des œuvres plus intimistes. Le méconnu Un héros comme tant d’autres (Norman Jewinson, 1989), où il interprète un vétéran de la guerre du Vietnam, lui permet d’explorer d’autres registres et de ne pas se cantonner aux grosses productions hollywoodiennes.

 

Vidéo : Bruce Willis dans Le Cinquième Élément (Luc besson, 1997)

 

 

Un Bruce toute-à-tout

De la comédie au drame fantastique, il se met au service de réalisateurs aussi variés que Tony Scott (Le Dernier Samaritain, 1991), Robert Zemeckis (La Mort vous va si bien, 1992), Quentin Tarantino (Pulp Fiction, 1994), Terry Gilliam (L’Armée des douze singes, 1995), Luc Besson (Le Cinquième élément, 1997), M. Night Shyamalan (Sixième Sens et Incassable), Barry Levinson (Bandits et Panique à Hollywood), Florent Emilio Siri (Otage, 2005) ou Richard Donner (16 blocks, 2006). Des films qui vont lui permettre d’explorer toutes les facettes du métier d’acteur. Pourtant, les succès ne sont pas toujours au rendez-vous, comme Le bûcher des vanités, La mort vous va si bien ou encore Piège en eaux troubles. Au creux de la vague, l’acteur trouvera un nouveau souffle grâce à Quentin Tarantino, qui lui offre un de ses plus beaux rôles, celui du boxeur Butch dans le cultissime Pulp Fiction. Puis à nouveau, presque malgré lui, il se fait bientôt étiqueter « sauveur de l’humanité » en s’illustrant dans trois grosses productions où il a le destin de notre planète entre les mains: L’armée des 12 singes (1996), Le cinquième élément (1997) et Armageddon (1998).

 

Vidéo : Bruce Willis dans Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

 

 

Il faudra attendre 1995 et le retour derrière la caméra de McTiernan, auteur du premier opus, pour découvrir le troisième Die Hard. McClane n’évolue plus en solitaire, il y est accompagné par Samuel L. Jackson, marchand de matériel audio à Harlem embarqué dans l’aventure malgré lui. Ce nouveau compagnon, aussi teigneux que le McClane des grands jours, va l’aider à survivre aux énigmes explosives de leur adversaire, un terroriste qui a placé des bombes aux quatre coins de New York. Comme d’habitude, le héros arrive à sauver la ville au dernier moment, bardé de cicatrices et sous une bordée de jurons.

Douze ans plus tard, le quatrième chapitre des aventures de McClane est enfin écrit. Dans Retour en Enfer, John McClane est confronté à un nouveau type de terrorisme. Des pirates informatiques de haut vol détruisent de façon systématique les communications, les transports et l’énergie des Etats- Unis. Et bien sûr, un seul va leur barrer la route, avec ses méthodes «à l’ancienne». En respectant les codes qui ont fait le succès de Die Hard, le réalisateur Len Wiseman met en scène un Bruce Willis sur qui le temps n’a pas de prise. L’acteur, étant lui-même producteur, a particulièrement veillé à ce que les fans ne soient pas déçus. « Depuis plusieurs années, nous parlions de refaire un film, mais rien n’était vraiment satisfaisant jusqu’à ce que nous ayons l’idée de voir menacer deux des choses qui comptent le plus pour McClane. Il aime sa famille par-dessus tout, et il méprise toute personne qui s’en prend à des gens incapables de se défendre tout seuls ».

Pourtant, le personnage a évolué, tout comme Bruce Willis : « C’est un film Die Hard, ce qui implique que McClane en voit de toutes les couleurs. Je voulais que, cette fois encore, McClane puisse affronter n’importe quelle situation, et j’ai donc suivi un entraînement spécial pendant plusieurs mois avant le début du tournage. McClane est plus âgé, tout comme moi, et cela faisait partie de ce qui était amusant dans mes retrouvailles avec ce personnage », explique l’acteur.

 

Vidéo : Bande-annonce d’Incassable (M. Night Shyamalan, 2000)

 

 

Être un exemple

Mais l’âge ne semble avoir aucune prise sur le moral de l’acteur, lucide sur le temps qui passe : «J’aime mon look, j’aime les rides sur mon visage... Je n’ai jamais eu un visage lisse, même étant jeune. Je m’aime comme je suis et je n’ai aucune envie de passer sous le bistouri !» Vieillir semble d’ailleurs lui convenir : «Au début de ma carrière, je n’étais pas très humble et un peu crétin ! Maintenant, je me prends moins au sérieux, je m’améliore. Au fil de ma vie, j’essaie de devenir meilleur. D’être un exemple pour mes enfants Père de trois filles nées de son union avec Demi Moore, Bruce Willis est resté, malgré leur divorce, très proche de son ex-femme, pour le bien de leurs filles. Aujourd’hui remarié, comme Demi, l’acteur est fier de sa «famille étendue», comme il aime à l’appeler.

 

Chronologie

 

1955 : Naissance le 19 mars à Idar-Oberstein (Allemagne).

1977 : Obtention de la nationalité américaine.

1985 : Premier succès grâce à son rôle dans la série télévisée Clair de lune.

1986 : Premier pas au cinéma dans Boires et Déboires avec Kim Basinger et enregistrement de son premier album, The Return of Bruno.

1987 : Il épouse l’actrice Demi Moore avec qui il vivra treize ans. Le couple aura trois filles : Rumer Glenn, Scout LaRue, Tallulah Belle.

1989 : deuxième album If It Ddon’t Kill You, It Just Makes You Stronger

1994 : Palme d’or à Cannes pour Pulp Fiction de Quentin Tarantino.

2002 : Il se produit avec ses musiciens devant les soldats américains en Irak.

2005 : Promu officier des Arts et des Lettres par la France.

2009 : Il se marie avec le mannequin Emma Heming.

 

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Bruce Willis vu par Patrick Poivey, voix française de l’acteur depuis 1988

 

« Je suis la voix française de Bruce Willis depuis de nombreuses années, et c’est toujours un plaisir de reproduire ses expressions. Assis dans mon fauteuil, en train de travailler et pouvoir dire «Yipee-Kay pauvre con !» est une chance, car Bruce Willis est un sacré personnage. Il est très sympathique, courtois, il a beaucoup d’humour et une grande modestie. Il ne pense qu’à sourire et il sait savourer les choses de la vie. Car c’est un homme qui a de la mémoire, il sait qu’il n’a pas toujours eu du succès. Le doubler m’a donné confiance en moi. Pourtant, je ne dois surtout pas m’identifier à lui. Mon métier est de passer discrètement derrière lui, j’essaie de l’abîmer le moins possible. Je m’efforce seulement de retrouver la même intention que son personnage. Dans Retour en enfer, il est impressionnant. Il a dû beaucoup travailler pour faire ce film, surtout dans le registre de la comédie. Il arrive à passer du désespoir à l’action, en passant par l’humour. Pour moi, c’est un grand monsieur, car il a su rester un homme normal ».

 

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