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Bernard Werber : « Je suis un créateur d’univers »

Bernard Werber en 2013[Capture d'écran Youtube]

 Dans Le papillon des étoiles, le plus célèbre auteur français de science-fiction embarque 144 000 Terriens dans un vaisseau spatial géant, pour un voyage de 1 000 ans vers une autre Terre. Pour Bernard Werber, sauver l’humanité est encore possible.

 

Archive – article publié le mardi 14 novembre 2006

 

Le dernier espoir c’est la fuite... Ce n’est pas un peu trop pessimiste pour vous ?

Bernard Werber : Non. On a toujours trois choix devant un problème : combattre, inhiber et fuir. Combattre, c’est la solution de nos ancêtres, mais ce n’est plus possible dans une société civilisée, et puis on finit toujours par trouver quelqu’un de plus fort que soit. Inhiber, c’est ne rien dire, laisser passer et subir. Ou alors on peut fuir les horreurs. L’humanité se trouve devant plusieurs problèmes : écologiques, guerres à gauche et à droite. Alors prenons les pessimistes au mot : si cela ne va pas, allons-nous en !

 

Cela passe par la construction d’un vaisseau spatial géant. A quoi ressemble-t-il ?

B. W. : C’est un peu le principe de l’arche de Noé. Il faut embarquer des animaux, des plantes, un animateur pour la télé locale. Il y a même un comique, qui d’ailleurs n’est pas très bon, mais a le mérite de divertir. Si tout le monde se prend au sérieux, et on finit par se taper dessus. Mais l’humour permet de faire tomber la pression.

 

En revanche, les prêtres, les politiciens et les soldats n’embarquent pas !

B. W. : Je viens d’une famille d’anarchistes. Mea culpa ! Entre gens de bonne volonté, la mise en œuvre de projets est possible sans qu’on nous dise constamment ce qu’on a à faire. Mais ce n’est pas réaliste, arrive un moment où l’autorité est nécessaire.

 

Vidéo : Bernard Werber évoque sa Nouvelle Encyclopédie du savoir relatif et absolu

 

 

Dans votre conte philosophique, les humains s’échappent dans un vaisseau de lumière conduit par une femme... Une belle image !

B. W. : Notre monde sera forcément sauvé par les femmes car elles sont porteuses de vie. Ce n’est pas de la politique mais de la biologie. Le fait d’avoir une femme navigatrice qui dirige un vaisseau gigantesque, c’est un pied de nez à la Bible où il y a toujours des hommes. C’est aussi un contre-pied aux stéréotypes de la femme qui fait la cuisine.

 

Le rêve s’amenuise vite puisqu’un crime est commis à bord du vaisseau.

B. W. : C’est le problème de l’homme qui a une pulsion de mort. Il existe au fond de nous tous une envie de destruction très difficile à contrôler. Chez les animaux la violence est rarement autodestructrice. J’essaye de comprendre quel animal est l’homme. L’humanité est bloquée par la peur. Il faut rassurer les gens.

 

Ce projet du vaisseau, vous l’avez toujours imaginé ?

B. W. : Il est techniquement réalisable, mais financièrement très coûteux. La voile en Mylar permet d’avancer avec la lumière du soleil. Une fusée classique s’arrêterait au bout d’un moment. Mais avec des voiliers solaires, on peut tirer des bords rien qu’avec l’énergie des étoiles.

 

Vidéo : Atelier d’écrire de Bernard Werber

 

 

Quel rapport avez-vous avec vos fans ?

B. W. : Internet a créé un village de gens avec qui je peux communiquer directement. Mon site compte environ 1 500 connections par jour, et avec L’arbre des possibles, j’ai créé un Web 2.0, un endroit où tous les gens peuvent déposer leur vision du futur, pour définir le meilleur avenir possible. C’est une forme d’art vivant interactif qui me survivra.

 

Vous avez été inspiré par des musiques pour l’écriture de votre livre.

B. W. : J’écris avec un casque et je suis dans l’émotion de la musique. Un livre transfère de l’émotion. Après une journée de travail, les gens peuvent lire l’ouvrage et ressentir ces émotions. L’écriture, c’est du chamanisme. Il faut reconnecter le lecteur avec la nature. Je n’ai pas le souci de faire des jolies phrases, mais d’offrir une idée qui sauve l’espèce.

 

Pourquoi la part de la science diminue-t- elle au fur et à mesure de votre œuvre ?

B. W. : La littérature n’est pas figée. Je ne suis pas un scientifique qui essaie de faire de la vulgarisation. Je suis un créateur d’univers. Un univers artistique. Philippe K. Dick a dit : «si vous croyez que c’est facile de créer un monde, essayez d’en faire un qui résiste à quatre jours avant de s’effondrer.» Quand j’écris la série des Dieux, j’essaie de créer un monde cohérent. Le but, avant tout, c’est de raconter des histoires.

 

 

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