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Gérard Depardieu, monument du cinéma français

Gérard Depardieu en 2012[Capture d'écran Youtube]

Acteur majeur du cinéma français, Gérard Depardieu est aujourd’hui l’un des rares à pouvoir prétendre à une place parmi les légendes du cinéma français, aux côtés des Gabin, Ventura et autres Delon ou Belmondo. Incarnant, entre autres, Cyrano de Bergerac, le Comte de Monte Cristo, le colonel Chabert, Christophe Colomb ou encore Raspoutine, il aura donné corps aux plus grands mythes historiques et littéraires de notre Histoire.

 

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Que dire de Gérard Depardieu ? Qu’il est l’acteur français le plus talentueux de sa génération ? Qu’il est un spécimen unique, « une bombe que l’on pose et qui éclate partout où on la pose », comme le souligne le comédien Jacques Weber ? La réponse vient peut-être de Peter Weir, qui a dirigé l’acteur dans Green Card (1990) : « Il est une sorte d’aborigène blanc d’une tribu étrange et perdue. Il est peut-être la seule personne de cette tribu encore vivante aujourd’hui ». Depardieu a consacré sa vie au cinéma : plus de 40 ans de carrière, plus de 200 films, une douzaine de pièces de théâtre et une trentaine de téléfilms. Son rythme de travail fut, à l’image de l’homme, gargantuesque. Xavier Giannoli, qui l’a dirigé dans Quand j’étais chanteur, exprimait en ces termes son admiration pour ce monstre sacré du 7e Art : « Depardieu a tout joué, les travelos, les curés, les flics, les séducteurs, les homosexuels impuissants... Il est l’un des plus grands acteurs du monde. Et cela veut dire que le monde entier s’est exprimé à travers lui ». Si Depardieu est une grande star, sa personnalité reste encore difficile à cerner et ses récents déboires n’ont fait que la troubler davantage. 

 

Vidéo : Gérard Depardieu dans Les Valseuses

 

 

Né en 1948 à Châteauroux, Gérard Depardieu a grandi loin du star system. Fils de René – « le Dédé », comme il le surnomme – et d’Alice – « la Lilette » –, il est peu porté sur les études et le jeune Gérard décide de quitter l’école à 13 ans et vit de petits boulots. Mais il découvre alors le théâtre, qui va vite devenir pour lui une passion dévorante, le poussant à quitter Châteauroux pour la capitale, où il suit des cours de comédie et découvre des œuvres classiques et devient un boulimique de lecture : « Je suis curieux de tout et je vais au bout des choses », dit-il. De 1964 à 1970, il fait ses classes, jusqu’à obtenir ses premiers cachets. Sa présence animale à l’écran, son phrasé d’homme de la rue, sa voix de stentor et son talent original le font vite repérer. 

La notoriété, Gérard Depardieu la connaît assez rapidement, c’est-à-dire trois ans après ses débuts au cinéma. C’est en 1970 qu’il débute, avec un petit rôle dans un film de Michel AudiardLe Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques. Aux premiers temps de sa carrière, on lui confie surtout des rôles de petits malfrats, d’hommes de main ou de marginaux. Des rôles assez proches de la vie que connut ce fils de famille modeste. C’est en 1973 que Bertrand Blier lui offre son rôle fondateur, dans Les Valseuses. Aux côtés de Miou-Miou, Isabelle Huppert et de Patrick Dewaere, Depardieu campe un voyou en cavale. Le film défraie la chronique et choque les bonnes mœurs de l’époque. Il fera date, tout comme la prestation du jeune débutant. Se noue avec Bertrand Blier une amitié durable et il tournera sous sa direction à sept autres reprises, de Préparez vos mouchoirs (1977) à Combien tu m'aimes (2005) en passant par Buffet froid (1979), Tenue de soirée (1986), Trop belle pour toi (1989), Merci la vie (1991) et Les Acteurs (1999).

 

Vidéo : Gérard Depardieu chez Bertrand Blier 

 

 

Ce coup d’essai donne naissance à une relation privilégiée avec le cinéaste, qui signera avec lui ses œuvres majeures, comme Préparez vos mouchoirs (1977), Buffet froid (1979), Tenue de soirée (1986) ou encore Trop belle pour toi (1989). La fidélité aux grands réalisateurs sera d’ailleurs une ligne directrice dans la carrière de Depardieu, qui s’illustre notamment avec Maurice Pialat (Loulou, Police, Sous le soleil de Satan, Le Garçu), François Truffaut (La femme d’à côté, Le dernier métro) ou Francis Veber (La chèvre, Les compères, Les fugitifs, Le placard, Tais-toi).

Durant la seconde moitié des années 1970, le comédien fait plusieurs incursions dans le cinéma italien, tournant avec Marco Ferreri (La dernière femme, Rêve de singe), Luigi Comencini (Le grand embouteillage) et surtout Bernardo Bertolucci, avec lequel il signe un chef-d’œuvre, 1900 ; il y partage l’affiche avec Robert De Niro, Burt Lancaster ou encore Sterling Hayden.

 

Vidéo : La Femme d’à côté de François Truffaut

 

 

Stakanovisme

Les années 1980 le voient confirmer sa boulimie d’expériences diverses, de nouvelles rencontres, de personnages différents et de registres variés. Depardieu s’essaie à tout, de la comédie au drame, des fresques historiques aux films policiers. Sa capacité à tourner à une cadence infernale – quatre à six films par an en moyenne – favorise, il est vrai, la diversité.  Mais, et c’est ce qui le distingue des autres, il commet rarement de faux pas, et ses prestations sont régulièrement acclamées, tant par la critique que par le public.

 

Vidéo : Gérard Depardieu dans La Chèvre de Francis Veber

 

 

Les jurys les plus divers saluent ses rôles : Depardieu est cité pas moins de quatorze fois aux césars de 1976 à 1995, et en décroche un à deux reprises pour son rôle dans Le dernier métro, au côté de Catherine Deneuve, et pour l’inoubliable Cyrano de Bergerac (1991) dans lequel il porte le rôle-titre, combinant une force et une sensibilité que peu de comédiens ont su conférer au héros d’Edmond Rostand. Partageant l’affiche avec lui, Anne Brochet est une émouvante Roxanne. A l’étranger également, la notoriété de Gérard Depardieu grandit, comme en témoigne le Golden Globe obtenu en 1991 pour Green Card.

Depuis les années 1990, cet amoureux du travail a enchaîné les rôles, alternant comédies populaires, films intimistes, thrillers noirs et apparitions dans des blockbusters hollywoodiens, au point de perdre parfois les spectateurs dans cette filmographie foisonnante. Et il multiplie les scandales : fin 2012, son exil fiscal en Belgique et ses relations avec Vladimir Poutine ont fait scandales et il s’apprête à incarner, dans le nouveau film d’Abel Ferrara consacré à l’Affaire du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn. L’occasion pour lui d’exprimer, à travers une personne qu’il n’« aime pas», les innombrables facettes de son talent.

 

Vidéo : Gérard Depardieu dans Cyrano de Bergerac

 

 

Box Office

Véritable poids lourd du cinéma français, Gérard Depardieu a participé à de nombreux succès populaires entrés dans l’histoire du box-office. Astérix et Obélix : mission Cléôpatre réalisé par Alain Chabat a ainsi rassemblé 14,5 millions de spectateurs, tandis que le premier volet des aventures des deux Gaulois avait culminé à près de 9 millions d’entrées. La chèvre et Jean de Florette avaient tous deux dépassé les 7 millions de billets vendus, Germinal et Astérix aux Jeux olympiques ont franchi la barre des 6 millions, Les anges gardiens, Le placard et La môme celle des 5 millions d’entrées.

 

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