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André Dussolier, acteur discret et talentueux

André Dussolier[Capture d'écran Youtube ]

Lunaire, candide, chaleureux, déchiré, cruel, monstrueux... André Dussollier peut endosser tous les rôles, du candide des Enfants du marais de Jean Becker au Staline d’Une Exécution ordinaire de Marc Dugain.  Avec plus d’une cinquantaine de films à son actif, l'acteur fétiche d'Alain Resnais est devenu un comédien insoutenable du cinéma français, alternant entre films populaires et cinéma d’auteur.

 

(ARCHIVES)

 

Serait-ce réducteur d’associer prioritairement André Dussollier à sa voix ? Sans doute pas, car elle est à l’image de l’homme. Profonde, chaleureuse, généreuse. A elle seule, elle peut donner une étonnante tessiture aux films et documentaires auxquels il collabore. N’est-il pas à lui seul l’âme du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, même s’il n’apparaît jamais à l’écran ? Mais Dussollier, c’est aussi un sourire. Vrai, modeste, parfois naïf. Un sourire qui donne envie de l’avoir pour ami, pour frère ou pour père, et de l’interpeller en toute simplicité quand on le croise, déambulant dans son cher 14e arrondissement, du côté du boulevard Raspail. Ce sourire que l’on aime tant, par exemple, dans Les enfants du marais (Jean Becker, 1999). Deux caractéristiques, la voix et le sourire, qui contribuent à expliquer l’étonnante affection dont bénéficie auprès du public ce comédien aussi à l’aise dans le burlesque, le cinéma d’auteur, le polar que le drame.

 

Vidéo : André Dussolier fait la voix-off du Fabuleux destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001)

 

 

Du conservatoire au cinéma d’auteur

C’est une maîtrise de lettres en poche que le jeune étudiant a quitté sa Haute-Savoie natale pour s’installer à Paris dans l’espoir de fouler un jour la scène d’un grand théâtre. A 23 ans, il débute sa formation artistique par les cours d’art dramatique à l’Ecole Jean Périmony. Sérieux, volontaire et discipliné, cet amoureux des arts et des lettres décroche en 1972 le premier prix du Conservatoire avant de devenir pensionnaire de la Comédie-Française – qu’il va rapidement quitter pour rejoindre les plateaux de cinéma.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, François Truffaut, l’ex-critique de cinéma devenu réalisateur, le repère la même année après à sa prestation dans la pièce de Georg Büchner, Léonce et Lena. L’auteur des 400 coups et de Jules et Jim offre à André Dussollier son premier rôle dans Une belle fille comme moi. Il y incarne un jeune sociologue au côté de Bernadette Lafont. Avec son physique d’adolescent, le comédien se glisse aisément dans la peau du jeune premier romantique.

 

Vidéo : André Dussolier dans Mélo (Alain Resnais, 1986)

 

 

Attiré très tôt par les films d’auteur, André Dussollier collabore avec de grands noms de la Nouvelle Vague : Claude Chabrol (Alice ou la dernière fugue en 1976), Éric Rohmer (Perceval le Gallois en 1978 et Le Beau mariage en 1981) et Jacques Rivette (L’Amour par terre en 1984). Après une participation pour la télévision dans Madame Bovary de Pierre Cardinal, il tourne sous la direction de Claude Lelouch dans Toute une vie (1973) et de William Klein dans Couple témoin (1975).

Mais c’est en 1982 que l’acteur fait une rencontre qui se révèle déterminante dans sa carrière cinématographique. Il fait la connaissance d’Alain Resnais, avec lequel il tourne La vie est un roman (1982). André Dussollier devient l’un des acteurs fétiches d’Alain Resnais, à l’instar de Sabine Azéma et Pierre Arditi. Les deux hommes, complices, multiplient les collaborations, comme dans L’amour à mort (1984), Mélo (1986), On Connaît la chanson (1997) – pour lequel il reçoit le césar du meilleur acteur, Cœurs (2006), Les Herbes Folles (2009) et Aimer, boire et chanter (2013).

 

Vidéo : André Dussolier dans Les Herbes folles (Alain Resnais, 2009)

 

 

Du répertoire classique à la comédie

Il faut attendre1985 et la sortie de Trois hommes et un couffin de Coline Serreau, pour que le public découvre un André Dussollier drôle et léger. Dans cette comédie populaire, il campe le rôle de Jacques, séducteur célibataire qui voit son quotidien bouleversé du jour au lendemain par l’arrivée d’un bébé. Perdu entre les couches et les biberons, il est épaulé par ses deux colocataires, Pierre et Michel, interprétés respectivement par Roland Giraud et Michel Boujenah. Récompensé par trois césars, le film attire près de dix millions de spectateurs et permet à André Dussollier de casser son image d’acteur discret et classique.

 

Vidéo : Bande-annonce de Trois hommes et un couffin (Coline Serreau, 1985)

 

 

Très sollicite dans les années 1990, il ne quitte plus les plateaux de cinéma. Sa prestation dans Un cœur en hiver (Claude Sauter, 1992), lui vaut le césar du meilleur second rôle. Fidèle à Alain Resnais, il retrouve le réalisateur dans On connaît la chanson (1997). Plus de deux millions de Français vont faire provision de bonne humeur devant Les enfants du marais de Jean Becker, avec Jacques Villeret. André Dussollier y tient un rôle tout en candeur et en gentillesse.

Touche-à-tout, André Dussollier s’essaie avec réussite dans des registres variés. Il joue dans Le colonel Chabert (1993), film d’époque d’Yves Angeloou Tanguy (Etienne Chatiliez, 2000), un autre succès populaire mais également dans La chambre des officiers (2000), film très remarqué de François Dupeyron, pour lequel l’acteur reçoit le césar du meilleur second rôle masculin.

Figure incontournable du cinéma français, André Dussollier est également sollicité par la jeune génération. L’acteur et réalisateur Guillaume Canet lui propose de participer, aux côtés de François Cluzet et de Marie-Josée Croze, à l’adaptation du best-seller d’Harlan Coben, Ne le dis à personne (2005). L’acteur n’en oublie pas pour autant les comédies et tourne la même année dans Un ticket pour l’espace d’Eric Lartigau et La vérité ou presque (Sam Karmann, 2006).

 

Vidéo : André Dussolier dans Une Exécution ordinaire (Marc Dugain, 2010)

 

 

Homme de lettres

Parallèlement à sa carrière cinématographique, le comédien remonte sur les planches pour le plus grand plaisir du public. En 2002, il se produit dans Monstres sacrés, sacrés monstres au théâtre parisien de la Gaîté Mont- parnasse. Seul sur scène, il reprend les textes de grands noms de la littérature, de Victor Hugo à Alfred de Musset en passant par Sacha Guitry. Boulimique de travail, l’acteur sexagénaire ne semble pas vouloir s’arrêter.

Surtout depuis qu’il a montré sa capacité à incarner les personnages les plus sombres avec un talent qui glace le sang. Les années 2000 qui commencent avec les terribles Scènes de crimes (Frédéric Schoendoerffer, 2000) et s’achèvent avec Une exécution ordinaire (Marc Dugain, 2010) témoignent plus que toutes de son talent dans les registres les plus obscurs. En 2010, il a ainsi fait l’un des paris les plus audacieux de sa carrière en incarnant Staline dans Une exécution ordinaire: « c’est un régal [de jouer Staline] quand on a si souvent les candides comme moi » déclarait-il en 2010 à Télé Ciné Obs.

                                                                       

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