En direct
A suivre

Ratatouille : « jamais encore on n’avait vu Paris selon la perspective d’un rat ! »

L'affiche de Ratatouille[CC/Cristiano Betta]

En 2007, les studios d’animation Pixar sortaient leur huitième opus, Ratatouille. Après les deux Toy Story, 1001 pattes, Monstres et Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles et Cars, les studios californiens éblouissaient à nouveau petits et grands avec les tribulations de Remy, un rat d’égout dont le rêve était de devenir un « grand chef ». Direct Matin avait rencontré le réalisateur Brad Bird.

 

Archives – Article publié le vendredi 29 juin 2007

 

Après avoir entraîné les spectateurs du monde entier dans l’univers des jouets, des petits monstres, des super-héros, ou encore des voitures de course et des poissons rouges, les conteurs des studios d’animation Pixar (acquis par Disney) nous emmènent à la découverte des petits rats qui fréquentent les restaurants 3 étoiles. Une comédie pleine de mouvements, de sauts, de poursuites et de pirouettes, mais aussi riche de personnages résolus affrontant l’improbable et triomphant de l’adversité en allant jusqu’au bout de leurs rêves. Une nouvelle démonstration du savoir-faire des studios Disney. Brad Bird, le réalisateur, déjà oscarisé pour Les Indestructibles, raconte : « J’ai été attiré par l’ampleur des possibilités qu’offrait l’idée de départ de Ratatouille. L’histoire a pour héros un personnage formidable, dont tout le monde peut se sentir proche. Pour faire ce qu’il aime, il doit pénétrer dans un univers qui lui est totalement hostile. C’est une histoire qui parle à tout le monde, puisqu’elle s’affranchit du langage et des cultures ».

 

Vidéo : Bande-annonce de Ratatouille

 

 

Une savoureuse fable universelle

Remy, le héros du film, n’est pas un jeune rat d’égout comme les autres. Son odorat l’élève au rang de spécialiste des arts culinaires. Mais sa condition de rongeur ne lui permet pas de réaliser son rêve : devenir un «grand chef». Pourtant, le restaurant du regretté Auguste Gusteau aurait fort besoin d’un peu de création. Malgré le danger et les pièges, ce premier rat de goût se détourne du mode de vie séculaire de son espèce et quitte les poubelles pour les cuisines de ce grand établissement parisien. Dans ce milieu où l’on déteste particulièrement les rongeurs, le courageux Remy, as du mariage des saveurs, nouera une amitié improbable avec Linguini, le commis chargé des poubelles. Ces deux exclus vont mettre au point un plan qui va leur permettre d’accomplir de grandes choses.

Comme tous les films Pixar, Ratatouille est peuplé de personnages qui, homo sapiens ou genus rattus, apportent leur personnalité unique, leur excentricité et leur passion à l’histoire. Un trait caractéristique du patrimoine des films créés il y a déjà longtemps par un génie qui s’appelait Walt Disney. Mark Walsh, superviseur de l’animation, s’est trouvé face à un nouveau défi : « Animer des personnages parlant avec un accent français. Cela signifiait que leur bouche se mouvait de façon nouvelle et assez mystérieuse... Il a fallu trouver le moyen de retranscrire cela, non seulement dans l’interprétation des comédiens, mais dans le jeu des personnages, dans leur gestuelle ». Les visages de Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg ou même Charles de Gaulle ont aidé à dessiner certains personnages.

Parallèlement à son tempo comique frénétique, Ratatouille offre certaines des images les plus sophistiquées jamais vues dans un film en images de synthèse. Son premier atout est le lieu où se déroule l’histoire : un Paris magique, magnifié par l’imaginaire. Puis viennent les mets : pas une simple nourriture, mais les plats les plus appétissants, les plus visuellement aboutis que l’on puisse concevoir.

 

Vidéo : Les cuisines dans Ratatouille

 

 

Maintenir « l’esprit Disney »

Pour les cinéastes, représenter cet art culinaire et ces recettes de manière authentique et appétissante était vital. Ils se sont donc plongés dans le monde de la grande cuisine. Brad Bird et son équipe se sont rendus à plusieurs reprises à Paris. Ils ont visité la capitale de fond en comble à la recherche des plus beaux endroits et essayé les plus grands restaurants... Le Procope, la Tour d’Argent, Hélène Darroze, Taillevent et Chez Michel. Ce souci du détail est caractéristique de «l’esprit Disney». Depuis les premiers Mickey jusqu’à Bambi, Le livre de la jungle, et autres chefs-d’œuvre historiques de Disney, les concepteurs des films d’animation ont offert au public un souci de la véracité, tout en laissant parler l’imagination. Le Roi Lion en fut un des plus beaux exemples.

Pour Brad Bird, s’inspirer des professionnels était essentiel : « Cette histoire va bien au-delà de la préparation de plats, mais je trouvais qu’en créant une atmosphère comme on en trouve effectivement en cuisine dans les grands restaurants et une nourriture qui ressemble tout à fait à la vraie, nous apporterions du crédit à notre histoire imaginaire. C’était un moyen de l’ancrer dans le réel ».

De retour aux Etats-Unis, toute l’équipe a enchaîné avec des cours de cuisine, durant lesquels des artistes spécialistes du numérique, habitués à manier la souris, ont appris à découper, trancher, effiler comme des pros... Ils ont ainsi acquis une approche essentielle des détails qui comptent tant dans la cuisine, sur la manière dont un chef tient un couteau, émince un oignon, remue une soupe et interagit avec les autres membres du personnel dans une cuisine en plein service. « Créer ce genre de plat est déjà difficile en vrai, alors en numérique... » Bien entendu, le numérique a révolutionné l’art du film d’animation. Et les studios Disney ont eu l’intelligence d’aller chercher chez Pixar, qui était devenu un concurrent redoutable, l’ingénierie et le savoir-faire de grands spécialistes qui ont su moderniser les équipes de la maison mère. Avec, comme credo numéro un : la recherche de l’inventivité soutenue par le goût de l’authentique.

 

Vidéo : Remy découvre Paris

 

Ratatouille from Chloé DMT on Vimeo.

 

Des décors très réalistes

Paris est l’une des villes les plus photographiées, peintes et admirées au monde. Mais pour Brad Bird, « jamais encore on n’avait vu Paris selon la perspective d’un rat ! » Pour cette vision fantaisiste, la mission du chef décorateur a été non seulement de distiller l’essence de la Ville lumière sous forme numérique, mais aussi de créer un paysage qui soit plus qu’un décor et devienne un véritable personnage. Lors d’une promenade un soir le long de la Seine, sur la rive droite, l’équipe de production a trouvé l’une des idées cruciales du film. Ils y ont découvert l’endroit exact de la scène où Remy et Linguini scellent leur alliance. Cette scène se passe de nuit, sous le pont Alexandre III. Le chef décorateur explique : « Les deux personnages ont le moral très bas à ce moment-là, et Brad voulait jouer sur le côté théâtral du cadre, avec la Seine et Notre-Dame au fond ». Pour recréer le monde souterrain où vivent Remy et ceux de son espèce, les Américains sont descendus dans les égouts parisiens... « Ce voyage à Paris a vraiment été une expérience extrême : on errait dans les égouts le jour et on dînait dans les meilleurs restaurants le soir ! »

 

Vidéo : la fameuse ratatouille

 

 

Des prouesses

Déjà célébrée pour son travail pionnier dans le traitement du mouvement des tissus et des vêtements, l’équipe de Pixar est allée un pas plus loin avec Ratatouille, en créant la garde-robe la plus complexe jamais réalisée pour un film en images de synthèse. La pièce de résistance pour Harley Jessup, le chef décorateur, a été la création de la cuisine du restaurant Gusteau : « La conception visuelle de la cuisine a évolué sur environ deux ans. Nous avons visité un grand nombre de cuisines en France et en avons retiré des éléments très précis. Notre cuisine est un peu plus ouverte. La plupart des vraies cuisines sont une série de petites pièces reliées entre elles, et cela n’aurait pas fonctionné au plan cinématographique. Mais nous avons conservé la séparation des zones : boulangerie, préparation des poissons, des viandes, préparations froides... »

Mais ce décor est réduit en miettes dès que le malicieux Remy y pénètre. Pour rendre cette scène réaliste, le directeur de la photographie a dû faire preuve d’inventivité : « Remy adore cuisiner, mais une cuisine est pleine de dangers pour un rat : il doit éviter de tomber dans les pots, traverser un évier plein d’eau de vaisselle... Toutes ces difficultés sont à l’origine d’une bonne partie de la comédie visuelle ». « Ces personnages sont tellement charmants et crédibles émotionnellement que le public va oublier qu’il regarde un film réalisé grâce aux toutes dernières technologies. Il sera bien trop pris par l’histoire pour y penser ! » souligne John Lasseter, directeur de la création chez Walt Disney et Pixar Animation Studios.

 

Comment réaliser un film d’animation ?

« Le Monde de Nemo » des Studios Pixar aura une suite en 2015 avec Dorie

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités