En direct
A suivre

Phil Collins, le retour à la genèse

Phil Collins à Pérouse (Italie) en 1996[DR]

Le 7 novembre 2006, le groupe anglais Genesis annonçait, après quinze ans de séparation, que le trio formé par Phil Collins, Tony Banks et Mike Rutherford se reformait pour une série de concerts. En juin 2007, une tournée de retrouvailles – intitulée Turn it on Again tour – débutait en Europe. À cette occasion, Direct Matin avait publié un portrait du leader de Genesis.

 

Archives – Article publié le jeudi 28 juin 2007

 

Si le nom de Collins est lié à celui de Genesis, il n’en est pas un des membres fondateurs. Une chose et certaine, la philosophie du groupe a favorisé l’expression artistique et permis à Phil Collins de montrer l’étendue de son talent. En retour, le batteur a donné, dès son arrivée et surtout après le départ de Peter Gabriel, un nouveau souffle à la formation. Pour les spécialistes et les fans, la «période Collins» est d’ailleurs la meilleure que le groupe ait connue.

 

Les débuts

Dans la famille Collins, il y a la sœur, Carol, patineuse professionnelle, le frère Clive, journaliste, et Phil, qui tape sur sa batterie depuis l’âge de cinq ans. Phil est le musicien de la famille. Personne à la maison ne dit l’avoir vu faire autre chose. Talent précoce, il a aussi cette particularité de ne pas lire, ni écrire la musique de façon classique. Il ne connaît pas le solfège, au sens académique. Il eut recours, du moins à ses débuts, à son propre système de notation. Mais quand on a la musique dans la peau, peu importe de ne pas l’écrire comme tout le monde. Phil Collins est depuis longtemps un compositeur reconnu, et reste, avec Peter Gabriel, un des membres les plus emblématiques de Genesis.

En 1967, des étudiants d’un collège de Charterhouse, au sud-ouest de Londres, fondent un groupe de rock. Dans les rangs déjà, quatre membres du «cinq majeur» de Genesis : Peter Gabriel, Tony Banks, Michael Rutherford et Anthony Phillips. Les musiciens enregistrent un premier album, deux ans à peine après leur rencontre. From Genesis to Revelation sort en 1969. Le disque fait un flop. Dans la foulée, les membres de Genesis, qui viennent de faire l’amère expérience de la mainmise d’un producteur sur les choix artistiques, rompent le contrat et reprennent leur liberté. Le batteur John Mayhew fait les frais de cette reprise en main. Son niveau de jeu ne correspond plus aux ambitions du groupe, il est écarté. La place est libre pour la future pépite du groupe : Phil Collins.

 

Collins dans son jardin

« Groupe rock cherche batteur sensible à la guitare 12 cordes ». L’annonce un peu obscure émane des membres de Genesis. Elle est publiée dans la revue musicale Melody Maker. Phil Collins, qui n’a pas de groupe attitré, y répond. L’audition se déroule dans la maison de Peter Gabriel, le leader du groupe. L’histoire, un peu romancée, raconte que si les membres de Genesis ont finalement retenu Phil Collins, c’est parce qu’il n’a pas cherché à les épater. Gabriel raconte que Collins est arrivé détendu, il lançait quelques blagues avant de s’installer derrière la batterie. Décontracté certes. Car Phil Collins raconte aussi qu’il était arrivé en retard, en passant après les autres il avait pu particulièrement bien mémoriser les morceaux à jouer. Par la suite le talent ne sera pas démenti.

 

Phil Collins installe le style Genesis

Phil Collins est donc retenu. Il fait désormais partie de Genesis, il en sera rapidement un des piliers. En 1971 paraît Nursery Crim contenant « The Musical Box » et « The Fountain of Salmacis » deux titres qui donnent un avant-goût du style «progressif» que la formation rock va développer. En 1972, l’album Foxtrot assoit la réputation des Genesis. Sur ce vinyle, un ovni musical, une plage de vingt-trois minutes intitulé « Supper’s Ready ».

 

Vidéo : « Supper’s Ready » de Genesis

 

 

Sur scène, Phil n’est pas encore le boss, Peter Gabriel fait un véritable show, des improvisations, des poèmes avant chaque morceau, tout cela en enchaînant les changements de costumes. Derrière sa batterie, Phil Collins est particulièrement brillant. En 1973, Phil Collins participe à Selling England by the Pound, premier album qui fait aujourd’hui partie des classiques de Genesis. La critique musicale salue les compositions. « I know what I like » devient un des tubes de 1974. L’album British parvient même à faire une incursion dans les charts américains... pas si commun à l’époque !

 

Vidéo : « I know what I like »

 

 

Un batteur en avant-scène

Après cinq années à la tête de la formation son chanteur historique, Peter Gabriel quitte le groupe en 1975. Qui va le remplacer ? Un batteur n’est pas naturellement appelé à occuper le devant de la scène, encore moins à prendre le micro et pourtant c’est précisément ce que Phil Collins va faire. « Après avoir auditionné plusieurs remplaçants, nous avons eu énormément d’excentriques, à cause de Peter et de ses accoutrements », déclarait Rutherford. Aucun ne sera retenu et finalement, Genesis se tourne vers Phil Collins. Après tout, il officie déjà au chant, sur les chœurs et en seconde voix. Collins va réussir la prouesse de n’être ni contesté par les fans ni par les professionnels. La raison est aussi simple qu’il l’est lui-même. Collins partage ses émotions, on reprochait parfois à Peter Gabriel sa démarche élitiste, on va adorer Collins pour son côté populaire. Grâce à lui, le champ musical du groupe s’ouvre en grand. Phil Collins va conduire Genesis vers ses meilleures années, ses plus grands succès.

 

Vidéo : Solo de batterie de Phil Collins

 

 

Collins et la drum machine

En 1981 alors qu’il poursuit sa carrière à la tête du groupe, Phil Collins entame en fanfare son parcours solo. Face value, c’est lui, lui seul. L’album déboule dès la première semaine en tête du classement des albums en Angleterre. « In the air tonight » en est le titre phare. Face value restera pendant six ans au top 75 anglais des albums les plus vendus. Pas mal, pour un début ! Pour les musiciens et les professionnels de la musique, la réelle singularité de cet album, c’est le mariage de la batterie traditionnelle et des rythmiques préenregistrés, la désormais incontournable «drum machine» percussion électronique. Phil Collins a été l’un des tout premier à l’imposer sur des enregistrements.

 

Vidéo : « In the air tonight »

 

 

Compositeur pour le cinéma

Musicien prolifique, il a depuis composé, en solo, treize albums, sans compter les «lives», les bandes originales de films et les enregistrements signés Genesis. Des ventes records accompagneront les six premiers albums. Both sides, le septième, imprime les premiers signes d’une défection, les ventes marquent le pas, l’engouement du public est moins fort. Phil Collins va passer à autre chose, tenter de nouvelles aventures. Le cinéma, qui lui avait confié à plusieurs reprises déjà des places de figurant, lui offre en 1988 le rôle-titre dans Buster. Collins joue le rôle de Buster Edwards resté célèbre pour l’attaque d’un train de transport de fonds en Angleterre en 1963.

Le cinéma lui donne aussi la possibilité de composer des bandes originales de films. Pour le dessin animé Tarzan, il interprète même, en cinq langues, les titres de la bande originale et décroche un oscar à Hollywood pour le titre « You’ll be in my heart ». Les studios Disney en redemandent et lui confient en 2003 la musique de Frère des ours. C’est encore un succès.

 

Vidéo : « You’ll be in my heart »

 

 

Le 19 octobre 2009, Phil Collins annonce qu’il a perdu toute sensibilité au niveau des doigts à la suite d’une opération de luxation des vertèbres. Quelques mois plus tard, en mars 2010, il annonce qu’il arrête la batterie car il souffre de plus en plus de problèmes de dos, en raison de la façon dont il joue depuis l’âge de 9 ans. Le 6 mars 2011, Phil Collins met un terme définitif à sa carrière, évoquant ses problèmes de santé ainsi qu’une lassitude de l’industrie du disque.

Son dernier disque, Going Back, sorti en 2010, est un disque nostalgique où il rend hommage à la musique qui l’a vu grandir et qui lui a donné envie de devenir à son tour musicien, des classiques de Motown tels que « (Love is like a) Heatwave » de Martha Reeves & The Vandellas, « Papa was a rolling stone » et « Going to a Go-Go » de Smokey Robinson & The Miracles et « Standing in the shadow of love » des Four Tops.

 

The Rolling Stones, comme une pierre qui roule

La légende d’Elvis Presley

Les huit mots du rock’n’roll

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités