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Alain Chabat, jamais nul

Alain Chabat en 2012[Capture d'écran Youtube]

Tour à tour chroniqueur radio, humoriste cathodique puis cinématographique, comédien, réalisateur, scénariste, producteur, animateur télé – et parfois en même temps – Alain Chabat est un véritable homme-orchestre. Avec une constante : le succès. De La Cité de la peur au Marsupilami en passant par le Burger Quizz et Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, retour sur la vie d’un comédien jamais nul.

 

Archives – Article publié le mardi 12 juin 2007

 

Ancien leader des Nuls, une bande d’humoristes qui a marqué toute une génération, cinéaste césarisé dès son premier film, Alain Chabat est un acteur, producteur, réalisateur, auteur, scénariste à qui tout sourit. Avec la tête pleine de projets.

Du petit au grand écran, devant ou derrière l’objectif, il est un artiste qui transforme en or tout ce qu’il touche. Alain Chabat a développé très jeune une allergie bien particulière. Ce natif d’Oran n’a jamais pu supporter l’autorité. Sa scolarité s’en est fortement ressentie. Entre la sixième et la terminale, il a dû changer près de dix fois d’établissement. Mais la fin de l’école ne marque pas celle des ennuis: le service militaire se rappelle à son bon souvenir. Ne reculant devant rien, il n’hésite pas à passer un mois dans un hôpital psychiatrique pour échapper aux drapeaux. C’est probablement ce besoin viscéral de liberté qui l’a conduit à l’antenne de Canal+ dès les débuts de la chaîne, pour y devenir un humoriste anticonformiste, avant de se muer en un producteur indépendant, qui laisse libre cours à ses foisonnantes idées.

 

Vidéo : Sketch des Nuls à l’envers

 

 

Nul ? Mon œil !

Après des débuts sur les ondes, à Radio Andorre et France Inter, Alain Chabat atterrit à RMC, où il fait la rencontre qui va changer le cours de sa vie. En 1984, il y est remarqué par Pierre Lescure, qui le fait venir à Paris, où il lance une nouvelle chaîne de télévision. Alain est présent dès les premiers pas de Canal+. Il anime la météo et participe au Zénith de Michel Denisot, avant que ne le rejoignent Bruno Carette et Chantal Lauby. Ensemble, ils formeront les Nuls, trio comique qui deviendra plus tard un quatuor avec l’arrivée de Dominique Farrugia.

Les Nuls n’ont pas choisi leur nom. C’est leur première émission qui les en a affublés. En 1986, le feuilleton spatial « Objectif : Nul » conte les péripéties du vaisseau Liberator. Dans les couloirs de Canal+, lorsque quelqu’un cherche les responsables de cet ovni télévisuel, il demande «le bureau des nuls», en référence à l’émission. Ainsi naquirent les Nuls. Première émission et premier 7 d’or pour la bande, qui sera un élément essentiel du fameux «esprit Canal». Humour potache et parodie feront leur succès. Fausses pubs, faux journal télévisé, fausses bandes-annonces, les Nuls maîtrisent à la perfection l’art du détournement. Leur aventure commune à l’antenne de Canal+ se termine en apothéose. Ils prennent en 1992 les rênes de L’émission, une heure en direct chaque samedi soir, avec un invité prestigieux, des sketches et toujours des informations détournées.

La Cité de la peur, en 1994, marque la fin de «l’ère Nuls». Les trois compères emmènent avec eux plus de 2 millions de spectateurs dans leur polar cannois. Mais les Nuls ont toujours été et seront toujours quatre. La Cité de la peur rend hommage à Bruno Carette, le cher disparu, le temps d’une montée des marches de Misou-Misou, le dandy pétomane qu’il aimait tant interpréter. Le film laisse derrière lui quelques répliques cultes. Avec ce long métrage, Alain, Chantal et Dominique laissent les Nuls derrière eux.

 

Vidéo : Alain Chabat dans La Cité de la peur (1994)

 

 

Pour Alain Chabat, c’es la fin des Nuls, mais le début du cinéma. Il avait déjà effectué quelques apparitions, comme dans Les Secrets professionnels du Dr Apfelglück, mais c’est Josiane Balasko qui lui confie, en 1995, son premier rôle d’importance. Il est le mari trompé de Victoria Abril dans Gazon maudit. Depuis, il a tourné dans une vingtaine de longs métrages, de Delphine 1, Yvan 0, réalisé par l’ex-Nul Dominique Farrugia et écrit par Michel Hazanaviciux, lui aussi transfuge de Canal +, au Goût des autres de Agnès Jaoui, pour lequel il est nominé pour le César du meilleur second rôle masculin. Ces deux films montrent encore une fois le penchant humain de Chabat, qui préfère toujours travailler avec ses amis, ses compères. Au fil de sa filmographie, il a su diversifier son registre, comme par exemple dans Le Cousin, où il campe un flic sombre, La Sciences des rêves de Michel Gondry ou dans la comédie romantique avec Prête-moi ta main, film qu’il a aussi écrit, scénarisé et produit, et qui a fait un carton au box-office.

 

Vidéo : Bande-annonce de Prête-moi ta main (2006)

 

 

Cinéaste surdoué

Acteur à succès, sa carrière de réalisateur est plus impressionnante encore. Depuis toujours, il est un observateur attentif des chiens et des chats. Son premier film en tant que réalisateur mettra ce penchant à l’honneur. Dans Didier, un chien se réveille un beau matin dans le corps d’un homme. Celui d’Alain Chabat. C’est Jean-Pierre Bacri, encore lui, qui se retrouve affublé de ce fardeau. Dans ce film drôle et touchant, comme son auteur, Alain Chabat réalise la prouesse d’être un chien crédible. Le petit monde du grand écran ne s’y trompe pas, et Didier, sorti en 1997, reçoit le césar du meilleur premier film.

 

Vidéo : Bande-annonce Didier (1997)

 

 

Pour son deuxième long-métrage en tant que réalisateur, Alain Chabat se voit confier le plus gros budget de l’histoire du cinéma français de l’époque (si l’on excepte Le Cinquième élément, superproduction internationale de Luc Besson) et une tâche pharaonique : porter à l’écran un deuxième volet des aventures d’Astérix et Obélix préférés des Français. Chabat le cinéaste s’entoure de ses copains Jamel, les Robins des bois, Edouard Baer, Isabelle Nanty et bien d’autres, et relève le défi haut la main. Astérix et Obélix : mission Cléopâtre bat des records d’affluence. Le film a réalisé l’incroyable score de 14,5 millions de spectateurs. Il fait bien mieux qu’Astérix et Obélix contre César de Claude Zidi (un peu moins de 9 millions), et occupait à l’époque la deuxième place dans l’histoire du box-office hexagonal, derrière les 17 millions d’entrées de La Grande Vadrouille.

 

Vidéo : Bande-annonce d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002)

 

 

Avec de tels résultats, on pouvait légitimement s’attendre à ce que Chabat rempile pour le troisième opus de la série. Pourtant, Astérix aux Jeux olympiques est l’œuvre de Thomas Langmann et Frédéric Forestier. C’est Albert Uderzo qui n’a pas souhaité renouveler l’expérience avec l’ex-Nul. Le dessinateur des héros moustachus n’aurait pas apprécié qu’Alain Chabat ne le consulte pas pour Mission Cléopâtre. En 2004, Alain Chabat réalise en compagnie des Robins des Bois RRRrrr !!!, une comédie se déroulant à la préhistoire. Ce film obtient moins de succès que prévu et n'attire "que" 1,5 millions de spectateurs

 

Projets tout azimuts

Et il ne compte pas s’arrêter en si bonne route. Les projets ne manquent pas. La bande dessinée est pour Alain Chabat une vocation de jeunesse : il voulait être dessinateur. C’est aussi une passion jamais démentie, comme l’atteste la réalisation d’Astérix. Il s’est lancé un nouveau défi : porter à l’écran le marsupilami, animal fantasque et insaisissable créé par Franquin. L’entreprise est colossale et ne va pas sans difficultés. « Comme je refuse les effets spéciaux, explique Chabat, nous cherchons un vrai marsupilami. Le premier sur lequel nous sommes tombés n’est sans doute pas le meilleur, il joue moyen ».

 

Vidéo : Sur la piste du Marsupilami (2012)

 

 

Le cinéaste souhaite réaliser un film mêlant environnement réel, véritables acteurs et animations 3D, ce qui représente une masse de travail importante. Et son perfectionnisme rallonge encore les délais. Prévu au départ pour 2009, le long-métrage est sorti au printemps 2012 en France avec dans les rôles principaux Alain Chabat, Jamel Debbouze, Lambert Wilson et Fred Testot. Chabat s'est mis lui-même en scène dans la peau de Dan Geraldo, un reporter pantouflard parti en Palombie à la recherche de la mystérieuse tribu Paya. A ses côtés, Pablito (Jamel Debbouze), arnaqueur au grand cœur, va lui servir de guide dans la jungle. En chemin, ils croisent un général fan de Céline Dion (Lambert Wilson), Hermoso le botaniste (Fred Testot), un géant à la voix de souris (The Great Khali) et une envoûtante reine Paya (Liya Kebede). Plus de 5 millions de spectateurs se sont déplacés pour voir son nouvel opus.

Avant de réaliser Sur la piste du Marsupilami, Alain Chabat a ajouté une nouvelle corde a son arc en imaginant Bébés, "le premier doc animalier sur les bébés", selon ses propres dires. L'idée est de suivre cinq nouveau-nés sur les cinq continents. Commencé début 2006, le film sort sur les écrans français en 2010 e récolte 9 millions de dollars de recettes mondiales.

Alain Chabat a déjà une carrière bien remplie. Alors Chabat, stakhanoviste audiovisuel ? Non, « plutôt un fainéant contrarié. Mais […] tellement passionné qu’[il ne se rend] pas compte qu’[il] bosse!». Alors prions pour que la flamme de cette passion ne s’éteigne pas de sitôt. Monsieur Chabat a encore bien des choses à nous montrer, n’en doutons pas.

 

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