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La semaine de Philippe Labro : le feu sacré de Mimoun, l’étincelle de Gerwig

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE ]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

VENDREDI 28 JUIN

Il courait, il courait, il dodelinait de la tête, sa maigre personne semblait tout entière dévouée à cette espèce de monomanie : courir, courir, ne pas se préoccuper de l’atroce chaleur (36 °C à l’ombre) et conserver cette foulée saccadée de ses deux jambes musclées qui le menaient à la victoire, sous les cris des Australiens.

C’était le 1er décembre 1956, il y a longtemps ! Il s’appelait Alain Mimoun. Fils de pauvres agriculteurs, héros de guerre entre 1940 et 1944, garçon de café à sa démobilisation. Un personnage habité par le goût de l’effort, d’une simplicité qui ne dissimulait pas sa grande fierté d’avoir gagné cette médaille d’or au marathon des JO de Melbourne.

J’ai toujours été frappé par ce qu’il s’est passé pendant les deux cents derniers mètres, lorsqu’il pénètre dans le stade du Melbourne Cricket Ground. Il possède une belle avance sur le Yougoslave Mihalic, eh bien, ça ne fait rien, il se retourne, regarde en arrière pour être sûr que personne, jamais, en tout cas pas ce jour-là, ne le rattrape.

Jusqu’au dernier centimètre, il va se méfier – tout en croyant à son étoile. Merveilleux Mimoun, sans cachet astronomique, sans dopage, sans sponsoring, sans rien d’autre que sa fureur de courir, sa joie d’être reconnu, honoré, décoré, tout en continuant de vivre, entouré de trophées et médailles, dans son pavillon de Champigny-sur-Marne. Il est mort dans la nuit du 27 au 28 juin. Les gamins que nous étions et qui avaient fait de son nom une sorte d’adjectif («tu te prends pour Mimoun, ou quoi ?») se doivent de réfléchir, quel­ques instants, à l’extraordinaire différence entre l’époque, ce personnage, et le monde d’aujourd’hui.

 

LUNDI 1ER JUILLET

Dans un paysage cinématographique plutôt morose en ce moment, on voit surgir plusieurs articles et photos à propos de l’Américaine Greta Gerwig, qui semble fasciner la critique avec Frances Ha, qui est sorti mercredi. Un «petit film» de 1h26, dominé par une actrice jusqu’ici peu connue du grand public. La «new girl in town» semble posséder ce «petit quelque chose en plus», qui, soudain, brille et étonne. Il faudra sans doute aller voir.

 

AUJOURD’HUI 

Ceci est ma dernière chronique jusqu’à septembre. Que retenir des mois écoulés ? La tête vous tourne, et tout y passe, tout ou presque. La réflexion est souvent occultée par l’immédiateté, on a quelque peine à faire le tri. Un nouveau pape, nommé François un débat national sur le mariage gay et La manif pour tous – une intervention au Mali une Syrie théâtre d’horreurs – une tornade en Oklahoma – la libération de Florence Cassez et l’effarante pluie de météorites en Russie – des inondations – du Cahuzac et du Tapie – un système d’espionnage à échelle mondiale révélé par un Snowden qui embarrasse l’Amérique – la Corée du Nord et le nucléaire – le dopage la veille du centième Tour de France – des coups de feu à Marseille – des rugbymen qui déçoivent et des «Braqueuses» qui pleurent – les masses qui perturbent la Turquie, le Brésil, l’Egypte – pour des raisons radicalement différentes, mais sous le même signe de l’insatisfaction – on éprouve alors l’envie de dire : «Assez !» Et se référer à Beaumarchais : «Si tout ne va pas bien, tout ne va pas mal.»

Je vous retrouverai à la rentrée à cette même page. Je vous souhaite – si vous avez la chance d’en prendre – de bonnes vacances sans pression médiatique, auprès de celles et ceux que vous aimez.

 

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