Avec plus de 4400 accréditations distribuées chaque année aux journalistes, le Festival de Cannes est l’événement le plus médiatisé du monde après les JO et la Coupe du monde de football. Pour la ville comme pour les films présentés à Cannes, le Festival est une aubaine financière qui rassemble tous les professionnels du cinéma.
(ARCHIVES)
Tous les ans, la ville est le point de rencontre incontournable des professionnels du cinéma. C’est l’événement qui attire le plus de journalistes. Le Festival international du film de Cannes était pour Jean Cocteau, président du jury en 1957, «un no man’s land apolitique, un microcosme de ce que serait le monde si les hommes pouvaient prendre des contacts directs et parler la même langue». Cette langue étant celle du cinéma.
Cannes est devenue la ville où l’on prend le pouls du septième art. C’est pendant cette quinzaine du mois de mai que l’on découvre le cinéma de demain. Tant pour les films qui y sont présentés que pour la ville d’accueil, le Festival est devenu un rendez-vous mondial dont les retombées économiques sont très importantes.
Toute une histoire …
L’idée d’un festival consacré au cinéma en France germe dans l’esprit du ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Jean Zay, dès 1938. L’objectif est de concurrencer la Mostra de Venise, qui à la veille de la Seconde Guerre mondiale, fait la part belle à un cinéma qui cède aux sirènes fascistes. Plusieurs villes se disputent l’attribution du festival. Parmi les villes candidates, Monaco, Nice, Biarritz, Vichy et bien sûr Cannes. C’est cette dernière qui est plébiscitée pour son «cadre de vie enchanteur et son ensoleillement».
Le premier festival doit avoir lieu du 1er au 20 septembre 1939. Dès le mois d’août, la Metro Goldwyn Mayer (MGM) affrète même un bateau transatlantique pour amener les stars sur les bords de la Méditerranée. Mais le festival est rattrapé par l’histoire : le 1er septembre de cette année, les troupes allemandes pénètrent en Pologne, mettant du même coup fin à cette première édition du festival et le 3 septembre, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne.
La guerre terminée, le premier véritable Festival de Cannes a lieu du 20 au 5 octobre 1946. Dès 1951, pour ne plus concurrencer la Mostra de Venise qui se déroule depuis 1930 au début du mois de septembre, le Festival de Cannes a lieu au printemps. C’est en 1955 que le prix le plus important (le grand prix) est remplacé par la Palme d’or et ses dix-neuf feuilles. Au cours de son évolution, plusieurs sections sont créées : la Semaine de la critique (1962), la Quinzaine des réalisateurs (1969), la Caméra d’or (1978) et la Cinéfondation (1998).
Vidéo : L’histoire du festival de Cannes
Une manne pour le cinéma
Pour Gilles Jacob, président du Festival depuis 2000 : «Cannes est un endroit bizarre où l’on montre des films qui ne sont pas sûrs de sortir à des gens qui ne sont pas sûrs d’y aller». Mais on le sait, un film présenté en compétition ou hors compétition s’assure une notoriété qu’il aurait difficilement acquise sans ce soutien. Apichatpong Weerasethakul, cinéaste thaïlandais découvert et sélectionné à Cannes en 2002, confiait «que la sélection avait donné un bol d’air à toute la production nationale pendant deux ans».
Même si l’impact du Festival sur le succès d’un film n’est pas quantifiable, on estime que le nombre de salles dans lesquelles le film sera distribué augmente considérablement. La présentation à Cannes constitue souvent le lancement d’un film mais les conséquences sont inégales. Concernant les films en compétition, une sélection officielle à Cannes garantit à coup sûr la sortie française dans les salles. La présence de près de 4 000 distributeurs ouvre également des perspectives inattendues pour certains films. Pourtant, sur les dix dernières années, seuls quatre lauréats de la Palme d’or ont dépassé le million d’entrées et aucun d’entre eux n’a atteint les trois millions.
Mais au-delà des strass et des paillettes, des stars et des maîtres du grand écran qui défilent sur les traditionnelles marches du Palais des festivals, le grand rendez-vous du septième art est un événement unique pour la ville de Cannes, pour son économie et son rayonnement.
Un tremplin pour la ville
Pour la cité cannoise, le Festival international du film est une aubaine. Près de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires sont générés pendant le festival, sur les 834 millions d’euros de chiffre d’affaires engrangés sur toute l’année pour le tourisme d’affaires du Palais des festivals et des congrès. La ville de Cannes estime que l’équivalent publicitaire de la visibilité de la manifestation sur l’ensemble des médias est évalué à 40 millions d’euros par an. Et sur les 16 000 emplois directs, indirects ou induits, créés sur l’ensemble de l’activité tourisme d’affaires, près de 2 500 ont été créés pour le seul Festival de Cannes. La population cannoise hors festival s’établit à 72 000 habitants. Pendant la quinzaine de mai, la population avoisine les 200 000 personnes. Les retombées économiques du festival sont donc essentielles pour la ville. Les hôteliers profitent également de l’événement pour réaliser environ 15 % de leur chiffre d’affaires annuel en douze jours.
Vidéo : Le marché du film du festival de Cannes
Le marché du film : le business en coulisses
Loin des traditionnelles vingt-quatre marches du Palais des festivals, la quinzaine cannoise est également l’occasion pour les producteurs, les distributeurs et les cinéastes de se rencontrer pour le Marché du film. En parallèle du festival, le Marché du film est le plus gros rassemblement de professionnels du cinéma. Près de 10 000 professionnels venant de quatre-vingt-dix pays différents se rencontrent. Du film d’auteur au futur succès du box-office, le marché est un résumé de la production internationale actuelle.
Depuis 2004, le Marché du film possède une section spécialement réservée aux producteurs. Le «Producers Network» est réservé aux producteurs ayant produit au moins un long métrage au cours des trois dernières années. L’objectif est de favoriser les rencontres entre ces professionnels de l’industrie du cinéma pour stimuler la production et inciter a la coproduction internationale. Chaque producteur a vingt minutes pour présenter son projet. Véritable «speed dating» du cinéma, ces dialogues entre producteurs concentrent plus de 500 professionnels, dont beaucoup viennent d’Asie.
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