Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.
JEUDI 20 JUIN
J’ai envie de donner un coup de chapeau amical – et confraternel à l’équipe de Mon quotidien, qui sort, aujourd’hui, son 5 000e numéro. C’est une belle aventure, celle d’un trio de jeunes gens qui, grâce à l’argent gagné par les fiches du jeu Les incollables en 1995, conçurent l’idée d’une presse destinée aux écoliers, lycéens, profs et parents.
François Dufour, l’un des cofondateurs et rédacteur en chef, dit : «Nous avons 150 000 abonnés qui nous lisent du lundi au samedi, avec deux autres titres, Le petit quotidien et L’actu. Nous faisons participer, de façon très fréquente, les enfants à la conception du journal.»
Ce qui surprend ce journaliste professionnel qui a conservé sur un visage d’adulte, un air de gamin – sans doute dû au contact permanent des enfants : «Même s’ils sont familiers des écrans et tablettes, 1 % s’en servent et préfèrent lire les infos sur papier.»
VENDREDI 21 JUIN
Fête de la musique. 32e édition de cet événement reproduit, au fil des ans, dans plus de 110 pays dans le monde. Il m’a semblé qu’elle n’avait pas, cette année, imposé la même tonitruante présence. Mais il ne faut pas se fier à ma seule impression.
Certes, dans quelques endroits clés à Paris (Denfert-Rochereau, Palais-Royal, Bercy Village, les nouvelles «berges de la Seine», etc.), les grandes sonos ont éclaté dans la nuit qui tombe si tard, en ce solstice d’été.
Mais, dans les quartiers que j’ai traversés, aux coins des rues ou le long des terrasses de bistrot, j’ai cru moins voir ces petites formations qui faisaient le bonheur des passants et le malheur des riverains. Trombones et accordéons. Saxos et guitares sèches. Tambours. Où étaient-ils ? Beaucoup d’uniformes.
Les leçons des ravages du Trocadéro (lors de la fête avortée du PSG), avaient-elles poussé les services de police à une plus stricte surveillance ? Je l’ignore et sans doute mon témoignage est-il très limité, subjectif. Les chiffres ne mentent pas : il y eut tout de même 5 552 concerts dans tout le pays, dont 451 à Paris.
A 5h46, au lever du soleil, le 22 juin, des groupes disséminés de garçons et filles, rentraient chez eux, apparemment épuisés et satisfaits d’une fête que j’avais, peut-être, sous-estimée. Ce doit être l’effet du temps désastreux. Il faut un vrai soir d’été, plein, long, chaud, pour créer cette singulière euphorie que procure toute musique. La fête ne supporte pas le gris du ciel.
MARDI 25 JUIN
Charles Rivkin, le 62e ambassadeur des Etats-Unis en France, va quitter Paris, d’ici à deux mois. Depuis l’annonce de son départ, il est félicité et honoré par tous ceux qui ont observé son incessant travail de relations entre nos deux pays. Je participe à l’une de ces cérémonies, organisée par la French-American Foundation.
Rivkin évoque le souvenir de son père, qui fut lui-même ambassadeur au Luxembourg sous Kennedy. Avec son sourire désarmant et dans un français plus que fluide, le très jeune diplomate (51 ans), vante la variété de la France (il est le premier ambassadeur à avoir, systématiquement, rendu visite aux vingt-deux régions).
Grâce à lui, la relation bilatérale n’a jamais été aussi chaleureuse et riche en innovations (séminaires avec les banlieues, création d’un Washburne Award pour l’Innovation dans la diversité). Rivkin aime aussi rappeler ce matin du 3 juin de l’an dernier, lorsqu’il participa à un saut en parachute au-dessus de Sainte-Mère-Eglise, lors du 68e anniversaire du Débarquement.
Dans ses yeux, la fierté et l’émotion. Dans les nôtres, l’amitié – et aussi le regret. Cet homme, venu d’un autre univers que la diplomatie, aura fait preuve d’une étonnante faculté d’adaptation et d’une curiosité passionnée pour la France. «Thank you, Mister Ambassador.»