En direct
A suivre

Le laguiole, à la pointe de l’art

N’ayant pas été breveté lors de sa création, le couteau originaire de Laguiole ne peut être protégé. Il n’existe donc ni de vrais ni de faux laguioles, mais juste des bons ou des moins bons couteaux. [CC/Vimages]

Avec l’Opinel et le couteau suisse, le laguiole est l’un de ces célèbres couteaux traditionnels français. Il est le symbole d’un savoir-faire particulier et d’une fierté régionale. Retour sur l’histoire d’une pièce d’exception.

 

ARCHIVES DIRECT MATIN

 

«C’est un compagnon de tous les jours qui parle à notre cœur  et porte en lui des souvenirs», explique Christophe Durand, cogérant de la coutellerie de Laguiole Honoré Durand, pour exprimer ce que représente à ses yeux un laguiole. Ce couteau pliant originaire de l’Aveyron est donc plus qu’un simple accessoire pour ses fidèles utilisateurs.

Arthur, 30 ans, se souvient : «J’ai acheté mon premier laguiole il y a déjà dix ans et je m’en sers tous les jours. Il n’a pas bougé. Plus qu’un couteau, c’est une pièce de collection. Ce savoir-faire propre à Laguiole participe à la préciosité de cet objet. Pour moi qui suis passionné de coutellerie, les laguioles sont sans doute les couteaux les plus emblématiques de la coutellerie française

 

Ses origines

Son manche, à l’origine de corne, de bois, d’os ou d’ivoire, et son mécanisme à cran forcé – et non à cran d’arrêt, comme sur l’Opinel – en ont fait un objet emblématique du terroir français.

Ce couteau serait né en 1829, à Laguiole, un petit village de l’Aubrac. Il s’est progressivement introduit dans le quotidien des paysans de la région tout au long du XIXe siècle. «Pendant l’entre-deux-guerres, un virage s’est opéré, poursuit Christophe Durand. Laguiole n’a pas voulu investir dans de nouvelles machines, donc la production a petit à petit été transférée dans la ville de Thiers, et pendant près de quatre-vingts ans, plus aucun couteau n’a été fabriqué à Laguiole.»

Le retour de la production s’est réalisé en 1987. Aujourd’hui, «99 % des couteaux fabriqués en France sont produits à Laguiole et à Thiers», ajoute Christophe Durand, précisant : «Il n’existe à Laguiole que deux fabricants de couteaux, qui incluent les deux métiers de forgeron et de coutelier.»

 

Les motifs du célèbre couteau

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que sont apparus les motifs qui ornent le laguiole. Leur présence est devenue mythique mais ne constitue en aucun cas un indicateur de qualité ou de provenance du couteau.

Une abeille est très souvent utilisée pour cacher le mécanisme du couteau pliant. Selon la légende, Napoléon Ier aurait offert son sceau impérial symbolisé par une abeille à la ville en hommage aux hommes partis au combat. Mais l’abeille n’est pas le seul motif représenté. Existent aussi le trèfle, la coquille Saint-Jacques, la feuille de chêne, la fleur de lys...

La croix de berger n’est dessinée que sur un côté du manche et servait autrefois aux bergers aveyronnais. Ils plantaient le couteau dans leur pain de manière à former une croix, devant laquelle ils priaient.

 

Vidéo : Histoire du couteau Laguiole

 

 

Histoire de mots

Si l’orthographe du mot a changé, il n’en va pas de même pour sa prononciation, «laïole» : très ancienne, elle vient du patois occitan, autrefois parlé dans la région. Un couteau chargé d’histoire et de petites histoires, qui sont celles de notre quotidien.

Qu’on ne s’y trompe pas ! Laguiole n’est pas le nom d’une marque, mais d’un village aveyronnais. N’ayant pas été breveté lors de sa création, le couteau originaire de Laguiole ne peut être protégé. En 1998, la cour d’appel de Riom a défini le laguiole comme étant un terme générique. Un couteau laguiole peut ainsi être fabriqué dans tous les coins de France et du monde. La Chine et le Pakistan sont aujourd’hui les premiers fabricants de couteaux.

Il n’existe donc ni de vrais ni de faux laguioles, mais juste des bons ou des moins bons couteaux. Mais pour être sûr d’acheter un ustensile de qualité, pensez à vérifier la présence du bon de garantie sur lequel doivent impérativement figurer le nom et l’adresse du fabricant.

 

Entretien

La corne, le bois ou l’ivoire qui ornent souvent le manche du couteau sont des matières naturelles. Aussi, il est fortement recommandé de ne pas mouiller le manche. Passez simplement une éponge humide de façon très occasionnelle sur le dessus. Il est également déconseillé d’utiliser le lave-vaisselle pour les laguioles pliants.

Pour nettoyer la lame, utilisez également une éponge humide en évitant de vous servir de la partie abrasive de l’éponge.

Pour l’aiguiser, inclinez-la et formez un angle moyen de 30° avec le fusil à aiguiser, la pierre ou la meule que vous utiliserez. N’aiguisez jamais votre lame à plat : vous risquez de l’abîmer ou de la rayer, et cette action ne donnerait aucun résultat.

 

(ARCHIVE)

 

Laguiole compte sur la loi consommation pour protéger enfin son couteau

Les couteliers de Thiers, défenseurs du « made in France » bien avant l’heure

2 ans de prison pour le faux Gainsbourg qui a poignardé le sosie de Johnny

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités