En direct
A suivre

La semaine de Philippe Labro : Cannes l'internationale, Strasbourg l'européenne

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE ]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

DIMANCHE 26 MAI

J’ai vécu une semaine de téléspectateur. Samedi soir, je regarde, avec bonheur, la belle finale Bayern Munich-Borussia Dortmund. (Voilà le foot comme je l’aime : ouvert, direct, athlétique, précis, en mouvement perpétuel.)

Ensuite, ce soir, je suis sur Canal+ la soirée du palmarès du 66e Festival de Cannes. Ayant «couvert» Cannes comme journaliste plus d’une vingtaine de fois, ayant, ensuite, en 2001, fait partie du jury (présidé par Liv Ullmann), j’ai toujours la sensation, même si je ne m’y trouve pas physiquement, d’en être, d’y participer.

Je retiens ceci : la soirée de clôture a été réglée comme du papier à musique – ni trop longue, ni trop nombriliste (un des défauts de cet univers clos) – avec un palmarès que je trouve judicieux, équilibré, qui fait une part importante à l’Asie, et reconnaît la diversité du cinéma français. Palme d’or à un Français d’origine tunisienne – prix d’interprétation à une Française dirigée par un Iranien – on dirait que Cannes et le cinéma sont au diapason de notre époque – celle de l’abolition de toutes les frontières – qu’elles soient celles de la sexualité ou des nationalités.

Il n’y a rien de plus cosmopolite que l’univers du cinéma – le seul dénominateur commun, c’est le talent, la créativité, la capacité de captiver le public. Steven Spielberg – dont l’on me dit qu’il a été d’une gentillesse, d’une patience, et d’une compétence exemplaires (et c’est cela qui, parfois, soude un jury), a visiblement su mener son équipe pour choisir, à l’unanimité (contrairement à ce que l’on raconte) de décerner la Palme d’or à La vie d’Adèle. Il faut tirer son chapeau au trio de la réussite : Gilles Jacob et Thierry Frémaux, les deux responsables – et Spielberg, un président idéal, de l’avis de tous.

 

MARDI 28 MAI

Je passe une journée à Strasbourg, invité par la Librairie Kléber pour parler de mon dernier ouvrage.

Quelques constatations : d’abord, le TGV est à l’heure, à l’aller comme au retour. Oui, ne soyez pas surpris – il y a encore des TGV sans arrêt en rase campagne, sans panne électrique, sans «perturbation dont nous vous prions de nous excuser» – ce que d’innombrables usagers vivent, particulièrement sur les lignes qui vont vers le Sud-Est.

Ensuite, la ville elle-même – capitale européenne, belle, propre, astucieusement desservie par un système de tramway efficace et rassurant – des quartiers piétonniers parcourus par des touristes dont on n’aperçoit pas les encombrants autocars – des grappes d’étudiants – une population jeune qui donne au visiteur provisoire, une sensation de courtoisie.

Même si Strasbourg n’est pas à l’abri des maladies contemporaines (ne pas oublier qu’ici, chaque année, on bat les records de voitures brûlées), je ne sais pourquoi, ce doit être le beau soleil qui a envahi la ville (24 °C alors qu’il pleut à Paris à la même heure), j’éprouve un sentiment de rupture avec la morosité ambiante du pays et l’actualité si souvent négative.

Enfin, la faculté d’écoute curieuse, le goût de la lecture, des quelque deux cents personnes qui, en plein après-midi de semaine, viennent à la rencontre d’un écrivain dans la salle bondée de cette librairie animée par un de ces hommes qui se dévouent à la défense des livres (François Wolfermann, formidable personnage, jovial, actif), alors tout cela consiste en une sorte de cadeau, le provisoire abandon de la tentation du pessimisme.

Beaumarchais disait : «Si tout ne va pas bien, tout ne va pas mal.» Ça a été cela, ma semaine, grâce à deux villes de France pas comme les autres, plus internationales que «provinciales».

 

Retrouvez tous les éditoriaux de Philippe Labro

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités