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"La vie d'Adèle" : la passion brûlante de deux femmes

Les actrices Léa Seydoux (gauche) et Adèle Exarchopoulos, ke 23 mai 2013 à Cannes [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives] Les actrices Léa Seydoux (gauche) et Adèle Exarchopoulos, ke 23 mai 2013 à Cannes [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]

Une adolescente qui s'éveille au désir avec une fille aux cheveux bleus: "La vie d'Adèle" du Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche, présenté en compétition à Cannes, traite avec délicatesse une passion amoureuse entre deux femmes comme rarement abordée au cinéma, portée par un duo d'actrices resplendissant.

Adèle (Adèle Exarchopoulos), lycéenne de 15 ans, sort avec des garçons jusqu'au jour où elle rencontre Emma (Léa Seydoux), une jeune femme aux cheveux bleus, étudiante aux Beaux Arts. Avec elle, Adèle va découvrir le désir et la passion amoureuse, apprendre à se connaître et devenir femme, en même temps qu'elle s'affirme à travers sa vocation d'institutrice.

Adapté librement de la bande dessinée "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh, "La vie d'Adèle - chapitre 1 et 2" suit la naissance et l'évolution d'une passion absolue entre les deux personnages d'Adèle et d'Emma.

Le film s'attache à montrer avec humanité, sensualité et finesse les émotions et le trouble sur leur visage, souvent filmé en gros plan, à travers un regard ou le mouvement d'une bouche.

"Le gros plan permet de capter des expressions très fines, qu'on ne voit pas toujours dans la vie, des petits mouvements. C'est quelque chose que j'aime", a expliqué lors d'une conférence de presse Abdellatif Kechiche, récompensé deux fois par les Césars du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario, pour "L'Esquive" en 2005 et "La graine et le mulet" en 2008.

Le réalisateur dépeint aussi le ballet et le désir des corps à travers des scènes de sexe aussi naturelles que très explicites, sans jamais être glauques.

"On espère que pour chaque scène, il se passe quelque chose de beau", a souligné le réalisateur, qui dit avoir aussi travaillé sur "la sculpture des corps, la lumière et la beauté des visages".

Universel

Les troubles et les questionnements intimes de l'adolescence, l'emballement des sens et les tourments de l'amour sont aussi montrés de manière universelle, au-delà de toute question d'orientation sexuelle.

"Je n'ai pas eu envie de faire un film militant ou avec un discours sur un thème précis, ici en l'occurrence l'homosexualité", explique Abdellatif Kechiche, qui dit avoir voulu plutôt "raconter l'histoire d'un couple, du couple".

"La problématique de l'homosexualité, je ne voyais pas pour quelles raisons je l'aborderais spécialement, car la meilleure façon, si je devais avoir un discours sur ce sujet, ce serait de ne pas en avoir, de filmer cela comme n'importe quelle histoire d'amour", dit-il.

Le réalisateur filme aussi ses actrices avec empathie et amour, qu'il s'agisse d'une Emma/Léa Seydoux aux cheveux courts, libre et provocante, ou d'une Adèle/Adèle Exarchopoulos --actrice de 18 ans vue dans "Les enfants de Timpelbach", "La rafle" ou "Des morceaux de moi"-- sensuelle et toute en sensibilité.

A Cannes, la comédienne était déjà citée jeudi par certains critiques comme possible prix d'interprétation du festival.

S'il y a "une dualité" entre les deux personnages, celui d'Adèle "pragmatique" et l'autre "plus aérien", selon Abdellatif Kechiche, le réalisateur se dit "très admiratif du personnage d'Adèle", "courageuse, dévouée, forte".

"A aucun moment elle n'abdique quand il s'agit de son travail d'institutrice", explique le réalisateur, qui dit avoir "une admiration pour les gens qui passent leur vie à donner à des élèves un enseignement, qui s'investissent dans ce métier".

Pour lui, le personnage d'Adèle est un peu son Antoine Doinel, le héros incarné par Jean-Pierre Léaud dans plusieurs films de François Truffaut. "Je vous avoue que j'y ai pensé", confie-t-il.

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