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"N° 5 Culture Chanel" ou les codes artistiques de Mademoiselle

Un flacon du parfum Chanel n°5, créé en 1921, est présenté à l'exposition  "N°5 culture Chanel" au Palais de Tokyo, le 3 mai 2013 [Eric Feferberg / AFP/Archives] Un flacon du parfum Chanel n°5, créé en 1921, est présenté à l'exposition "N°5 culture Chanel" au Palais de Tokyo, le 3 mai 2013 [Eric Feferberg / AFP/Archives]

Le Palais de Tokyo, à Paris, accueille du 5 mai au 5 juin "N° 5 Culture Chanel", une exposition qui met en lumière l'environnement artistique avant-gardiste dont s'est nourrie Gabrielle Chanel tout au long de sa vie pour créer sa marque, l'une des plus célèbres au monde, à travers des objets culte comme le parfum N° 5 qui a inspiré à son tour nombre d'artistes.

Ce parcours artistique et olfactif débute par la traversée d'un jardin vertical, parsemé de jacinthes. Il s'achève par un atelier expliquant la composition du N° 5 et la découverte d'herbiers contenant les fleurs chères à Coco Chanel.

La scénographie de cette exposition gratuite est minimaliste: trois rangées parallèles de vitrines transparentes et rectangulaires qui rappellent le flacon du célèbre parfum, créé en 1921 et le plus vendu au monde, aujourd'hui encore.

Chaque vitrine renvoie à un jeu de correspondances dans lequel on découvre les sources d'inspiration de Mademoiselle, les événements qui ont marqué sa vie, ses lieux privilégiés et les liens personnels qu'elle entretenait avec les artistes de son époque.

S'y égrainent aussi ses souvenirs à l'orphelinat d'Aubazine où elle a grandi et ceux rattachés à ses voyages en Italie ou à sa mythologie personnelle, autour de personnages comme Catherine de Médicis, l'astrologie, des objets et livres plein de réminiscence tels que l'encensoir ou la Bible.

Un buste représentant Coco Chanel réalisé par Jacques Lipchitz en 1921 et présenté à l'exposition, "N°5 culture Chanel" au Palais de Tokyo à Paris, le 3 mai 2013. [Eric Feferberg / AFP/Archives]
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Un buste représentant Coco Chanel réalisé par Jacques Lipchitz en 1921 et présenté à l'exposition, "N°5 culture Chanel" au Palais de Tokyo à Paris, le 3 mai 2013.
 

Oeuvres d'art, photographies, films, archives et objets précieux provenant de grands musées internationaux ou de collections privées sont exposés le long du parcours tandis qu'au centre, l'artiste néerlandaise Irma Bloom imprime en relief sa vision de l'univers Chanel dans une série de livres blancs.

Tous les grands artistes du début XXe siècle sont là : Cocteau, Picasso, Apollinaire, Stravinsky, Picabia, Modigliani, Tristan Tzara, Man Ray, Dali, Diaghilev, représentants de la modernité qu'elle s'est choisie et de l'abstraction qui traverse les courants artistiques de l'époque.

Deneuve, Warhol

Car "le N° 5, dit M. Froment, ce n'est pas un parfum, c'est un objet de culture qui s'appuie totalement sur l'aventure artistique historique". Il voit le jour dans un contexte artistique en ébullition depuis la révolution cubiste des Demoiselles d'Avignon de Picasso en 1907, et l'avènement du Futurisme italien en 1908.

Lorsque Gabrielle Chanel charge Ernest Beaux de "composer un mélange abstrait, unique et somptueux", elle précise: "un parfum inimitable, un parfum de femme à odeur de femme (...), un parfum artificiel, je dis bien artificiel comme une robe, c'est-à-dire fabriqué".

Il sera composé de jasmin, d'ylang, d'iris et de 80 composants au total dont des corps chimiques de synthèse en grande quantité, les aldéhydes, "trait de citron sur les fraises".

Le N° 5, rappelle l'exposition, fut aussi pour Coco Chanel une manière de recréer par un immatériel sensuel l'absence-présence du grand amour de sa vie disparu en 1919 dans un accident de voiture, Boy Capel.

"Gabrielle Chanel a donné une forme à son absence d'amour. A la mort de Boy Capel, elle a sublimé ce départ, cette part manquante par un parfum", ajoute M. Froment. Et comme Coco Chanel s'attache aux signes depuis l'enfance, ce sera le 5, son chiffre fétiche comme les cinq doigts de la main et la cinquième proposition d'Ernest Beaux.

Un collier en diamant, réalisé spécialement pour Nicole Kidman pour un spot de publicité, présenté lors de l'exposition "N°5 culture Chanel", le 3 mai 2013 à Paris [Eric Feferberg / AFP/Archives]
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Un collier en diamant, réalisé spécialement pour Nicole Kidman pour un spot de publicité, présenté lors de l'exposition "N°5 culture Chanel", le 3 mai 2013 à Paris
 

Quant au flacon, on apprend que sa ligne géométrique et son bouchon imitent la célèbre place Vendôme et que le double C s'inspire des vitraux d'Aubazine et de la signature de Catherine de Médicis.

Le Nr 5 a à son tour inspiré les artistes dont Andy Warhol, montre encore l'exposition qui retrace sa renommée à travers la publicité depuis la première dans Harper's Bazaar en 1937 aux égéries qui l'ont porté: Marilyn Monroe, Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Nicole Kidman, Audrey Tautou... Jusqu'à Brad Pitt, premier homme à incarner ce parfum.

Plusieurs volets précédents de l'exposition se sont tenus à Moscou (Musée d'Etat des Beaux-Arts Pouchkine), Shanghai (Museum of Contemporary Art), Pékin (National Art Museum of China) et Canton (Opera House).

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