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Bernadette Lafont deale du cannabis dans "Paulette"

Bernadette Lafont dans la comédie "Paulette" Bernadette Lafont dans la comédie "Paulette"[GAUMONT]

L’actrice française étrenne l’année 2013 au cinéma avec un rôle haut en couleur dans une comédie sociale réjouissante signée Jérôme Enrico.   

 

Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans "Paulette" ?

Le scénario, que j’ai trouvé d’une grande fraicheur. Quand, ensuite, Jérôme Enrico m’a appris qu’il sortait d’un atelier d’écriture d’une école de cinéma qui s’était inspiré d’un fait divers qui parlait d’une vieille dame en banlieue qui avait commencé à faire du trafic de haschich dans sa cuisine... j’ai fini d’être convaincue.

Dans ce film, il y avait une adéquation entre un scénario étonnant et un rôle en or. Les grands rôles au cinéma pour les hommes sont ceux de grands savants ou de voyous comme Al Capone, Scarface… Ceux de femmes sont ceux de prostituées ou de saintes. Ce ne sont pas ceux de gens ordinaires. Le public aime aller voir des choses incroyables. Il faut l’étonner, l’embarquer.

Et je trouvais qu’il y avait tout ça dans ce projet. Une dernière chose m’amusait beaucoup aussi. Je me suis fait la réflexion que les femmes que j’avais incarnées dans ma jeunesse à l’écran comme "La Fiancée du Pirate" de Nelly Kaplan ou "Une belle fille comme moi" de Truffaut, étaient elles aussi des personnages hors norme. Je me disais que ces femmes auraient pu se retrouver sans rien, comme Paulette. Leur point commun, c’est la gnaque.

Cette espèce de volonté, de force de vie qui leur permet de faire des choses insensées. Parce que ce que fait Paulette, ce n’est pas du tout anodin quand même… Elle se fait casser la gueule, poursuivre par des chiens…  

 

Paulette évolue beaucoup au cours du film…

La misère abime beaucoup les gens. Il n’y a pas de pauvres qui soient bienveillants. Mais au-delà de la pauvreté, Paulette est aussi dépassée par l’époque. C’est le XXIè siècle, Internet, le métissage… Son restaurant a été racheté par des Chinois. C’est comme ça, il n’y a pas de jugement à avoir. Mais Paulette croit que tout ceci se fait contre elle. C’est ce qu’elle dit au curé d’ailleurs.

Elle est restée une petite bonne femme qui se confesse, qui est restée fidèle à la mémoire de son mari et qui a une certaine dignité. Elle n’aime pas les gens qui vont à la soupe populaire. Elle préfère faire les poubelles des marchés. Tout ça m’avait l’air très juste parce que la richesse du personnage vient aussi du fait qu’elle évolue par la suite. Au fur et à mesure qu’elle gagne mieux sa vie, elle retrouve une certaine considération d’elle-même. Elle devient bienveillante envers les autres, elle va chez le coiffeur, elle amène son petit-fils à la plage…

 

C’est un rôle qui vous a demandé beaucoup de travail ?

Dans le jeu, comme dans tous les autres arts, il faut arriver à ce que le travail ne se voit pas. Il faut que ça ait l’air complètement naturel. J’ai travaillé à laisser tomber le visage, à trouver une démarche un peu cahotante, qui se redresse au fur et à mesure que les choses vont mieux pour elle. C’est une cuisine d’acteur.

 

Quand on parle de vieille dame acariâtre au cinéma, on pense obligatoirement à « Tatie Danielle »…

Je n’ai pas vu "Tatie Danielle". Mais ça n’a rien à voir. Paulette n’est pas méchante. Enfin, bien sûr, elle n’est pas commode au début, mais elle va changer.   

 

«Paulette» n’est pas qu’une comédie...

«Paulette» s’inscrit dans les films italiens des années 1970. On pense à "Affreux, sales et méchants", "L’argent de la vieille"... Dans une bonne comédie, il existe toujours un fond social très fort. Sinon, c’est très artificiel et c’est seulement fait pour ricaner. Là, on ne ricane pas. Si l’on rit, c’est de bon cœur.

 

Qu’est-ce-qui a été le plus difficile à faire sur le tournage ?

Les scènes de violence, parce que j’ai horreur de la violence dans la vie. J’appréhendais beaucoup ces scènes. Mais ça s’est merveilleusement passé parce que les jeunes acteurs du film ont tous été formidables. Ils étaient un peu intimidés au début mais la glace s’est vite rompue parce qu’on a beaucoup travaillé.

 

Ce rôle était-il inespéré ?

Je ne peux pas dire ça, parce que moi, je refuse du travail. Je fais beaucoup de choses, des films, des pièces, des lectures... En revanche, il est vrai qu’on n’a pas tous les jours une partition comme celle-ci.

 

Votre prochaine apparition sur les écrans se fera dans le nouveau film de Sylvain Chomet ?

Ce n’est pas un film d’animation comme "Les Triplettes de Belleville". Sylvain Chomet fait son premier film en prises de vue réelles avec ce film qui s’appelle "Attila Marcel" que nous avons tourné cet été. Avec Hélène Vincent, nous jouons deux vieilles dames aristocratiques jumelles qui donnent des cours de danse de salon et qui s’occupent de leur neveu qui est joué par Guillaume Gouix. On retrouve également Anne Le Ny, Luis Rego et Jean-Claude Dreyfuss à l’écran. C’était un grand bonheur de tourner ce film un peu fou parce que Sylvain Chomet est quelqu’un qui apporte beaucoup du fait de venir de l’animation. Il a un regard, un univers propre. 

 

Avez-vous des projets pour le théâtre ?

En février, je serai à l’Opéra Comique dans "Ciboulette". Je joue un des trois rôles parlés de cette opérette mise en scène par Michel Fau.  

 

La bande-annonce de "Paulette" :

 

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