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Julien Cottereau, mime sans frontières

Le mime Julien Cottereau à Paris, le 26 octobre 2010 [Bertrand Guay / AFP/Archives] Le mime Julien Cottereau à Paris, le 26 octobre 2010 [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Julien Cottereau est un mime-bruiteur qui a passé dix ans avec le cirque du Soleil et a fait rire les enfants de Gaza, Kaboul ou Khartoum avec "clowns sans frontières". Il présente en décembre à Londres son one-man show "imagine-toi", une plongée dans son monde imaginaire.

Qu'il joue à la balle invisible avec les spectateurs ou s'amuse avec un chewing-gum virtuel transformé en corde à sauter, le clown gavroche plonge le public dans un univers drôle et poétique en titillant son imagination.

Batteur depuis ses 10 ans, ce Charlie Chaplin français -les bruitages en plus- qui a obtenu le Molière 2007 (un prix qui est au théâtre français ce que les Oscars sont au cinéma) de la révélation masculine, a toujours rêvé d'être sous les feux de la rampe: "Enfant j'adorais me déguiser, j'étais Mad Max, la Reine d'Angleterre ou Tarzan et les gens rigolaient".

"Petit à petit, ils m'ont révélé à moi-même en disant que j'avais une bouille de clown", se rappelle-t-il.

Il intègre alors l'Ensatt, l'une des plus prestigieuses écoles de théâtre de la place de Paris, où il multiplie les spectacles et décroche un rôle dans "Eternelles" un court-métrage du réalisateur Erick Zonca pour lequel il obtient un prix d'interprétation au festival de Brest.

"A l'école, j'ai été remarqué par mon professeur de clown et de mime qui était le père de l'actrice Juliette Binoche". "J'étais amoureux d'elle en tant que spectateur, j'ai donc voulu être très bon élève dans l'espoir de rencontrer la fille", glisse-t-il malicieux.

Au lieu de cela, "il m'a envoyé très très loin au Japon", pour passer une audition pour la célèbre troupe québécoise du Cirque du Soleil, précurseur du nouveau cirque. Un essai réussi qui lance en 1992 une carrière internationale à seulement 23 ans.

 

"La pureté d'un rire"

"J'ai appris le métier de clown d'abord comme un acteur apprend un rôle et puis, petit à petit, je me suis rendu compte que ça pouvait être ma vie".

Pendant 12 ans, il court le monde en tant qu'Eddy, le clown de "Saltimbanco", qu'il jouera dans 1.500 représentations.

Lors d'une pause dans la tournée, il goûte en juillet 2001 à l'aventure "Clown sans frontières" (CSF) à Gaza. Un choc. Avec cette ONG qui envoie des comiques bénévoles jouer devant des enfants en détresse, notamment dans des camps de réfugiés ou des bidonvilles, il vérifie que "le rire est politique".

"L'art est vital, c'est à travers lui qu'on se relie les uns aux autres, dans une communauté émotionnelle, c'est pour ça que les dictateurs tuent les artistes, parce que l'émotion est une arme pacifique qui permet l'expression de la liberté", s'enflamme-t-il.

"En Palestine, je n'ai jamais vu autant de joie. Dès qu'il y a un tout petit peu de paix, il y a de l'espace pour le rire".

Le clown devient poète quand il glisse que "si l'on pouvait calculer la pureté d'un rire, en kilojoie par exemple, on verrait que la souffrance crée chez eux une joie tellement intense".

Après Gaza, viendront des expériences similaires en Afghanistan, au Soudan ou au Congo, avec leur cortège d'émotions fortes qui lui donne "l'impression d'être Christophe Colomb".

Usé par sa vie de globe-trotteur, aussi gratifiante soit-elle, il choisit de poser ses valises et de créer en 2006 son propre spectacle.

Aujourd'hui marié et papa, il puise son inspiration notamment chez sa fille de 4 ans, qu'il présente comme son "professeur de clownerie, de pudeur et d'innocence".

Celui qui voit "le clown comme un scientifique de l'enfance" prépare un nouveau spectacle autour de la langue des signes avec l'école parisienne de l'artiste sourde et muette Emmanuelle Laborit, l'International Visual Théâtre, et compte repartir avec CSF.

-"Imagine-toi", du 13 au 24 décembre à Londres

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