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F. Busnel : "Les scènes érotiques ne sont pas si nombreuses"

François Busnel anime l'émission La Grande Librairie sur France 5.[STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

François Busnel reçevra jeudi sur le plateau de La Grande Librairie (France 5) E.L. James, l'auteur de Fifty shades of Grey. Son émission sera consacrée à “L’érotisme, le couple, l’amour". Il décrypte le phénomène du "Mommy Porn" pour DirectMatin.fr.

 

- Que penser du succès de ce livre ? 

Fifty Shades...  s’est imposé comme un phénomène d’édition car il développe, avant tout, un thème récurrent dans la littérature amoureuse : jusqu’où puis-je aller pour satisfaire les désirs et les plaisirs de celui que j’aime, même s’il a des goûts un peu... spéciaux ? C’est une interrogation qui parcourt toute la littérature sentimentale mais qui est aussi omniprésente dans la vie quotidienne. En tous cas, elle devrait l’être, non?

 

- Pour quel public est-ce destiné ?

Tout public, vraiment. Les scènes érotiques ne sont pas si nombreuses et n’ont rien de “hard”, comme on dit : elles servent davantage de prétexte pour tenter de comprendre ce qui pousse une très jeune femme dans les bras d’un homme devenu pervers. Pourquoi Grey est-il devenu ce qu’il est, un Dominant? Et jusqu’où Ana acceptera-t-elle d’aller? Tel est l’enjeu.

 

- D'un point de vue strictement littéraire, est-ce un bon livre ?

C’est un livre construit sur le modèle des séries américaines (on pense à Desperate Housewife, Friends et Twilight), avec du rythme et des références littéraires fortes. L’auteur le dit clairement : c’est une variante ultra-moderne et SM du roman de Thomas Hardy, Tess d’Uberville, qui fut un énorme succès au 19ème siècle en Angleterre.

 

- Est-ce que le fait d'assouvir son désir de littérature "coquine" en toute transparence peut être une des raisons du succès ?

Je ne crois pas : aujourd’hui, il est plus facile de surfer sur internet et d’allumer la télé pour “assouvir” ce désir, comme vous le dites, que d’acheter un livre. Et tous les romans érotiques ne rencontrent pas le même succès.

 

- Est-ce que cela va inspirer d'autres parutions du genre ? 

Sans doute, mais l’original est toujours préférable à la copie.

 

- Avant d'être un livre c'était un E-Book. Est-ce une nouvelle source de succès littéraires?

Oui, et ce n’est pas très grave. Au contraire ! Mais il faut relativiser ce phénomène : ce livre est le seul succès venu d’internet, à ce jour. Pour un roman qui s’arrache, combien de centaines ne sont pas publiables ?

 

- En France, l'éditeur a acheté le manuscrit 50.000 euros... C'est un gros coup pour lui ?

Si ce chiffre est exact, c’est peu, comparé à ce que ça a déjà rapporté (40 millions d’exemplaires vendus dans le monde) et à ce que ça peut rapporter en France. C’est surtout un bon coup.

 

- Avez-vous le souvenir (histoire d'O,...) d'un succès aussi important sur un genre identique? 

Cela fait bien longtemps qu’un roman de ce “genre” n’avait pas rencontré un tel succès. Histoire d’O a marché dans les années 60, dans un contexte socio-culturel très différent. Preuve que le roman est loin d’être mort !

 

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