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Les frères Bogdanov, auteurs de «la pensée de dieu»

Les frères Bogdanov. [JFP]

Après s’être approchés en 2010 de l’instant du big-bang dans leur best-seller Le visage de Dieu, les frères Bogdanov sont de retour avec La pensée de Dieu (Grasset).

Un passionnant essai scientifique, dont les théories devraient à nouveau susciter de nombreux débats dans la communauté des chercheurs. Ce nouveau livre pose avec force une des der¬nières grandes questions pour l’homme : qui peut bien être à l’origine des lois de la nature qui régissent l’univers ? Pour les deux docteurs, il faut y voir la «pensée de Dieu», selon la formule lancée par Einstein en 1920.

 

Après le visage, voici La pensée de Dieu. Une suite logique ?

Grichka Bogdanov : Le visage de Dieu part d’une image satellite de 1992 montrant à quoi ressemblait l’univers juste 380.000 ans après le big-bang. En étudiant cette explosion d’énergie qui donne naissance à l’univers, il y a 13,7 milliards d’années, on voit qu’il existe des règles précises, des lois universelles et immuables, qui régissent cette énergie. Si on change ces règles, l’univers ne peut exister. Nous avons cherché à donner un sens à ces lois, savoir pourquoi elles existaient avant le big-bang. 

En quoi consistent ces lois ? 

Igor Bogdanov : Il s’agit de règles d’essence mathématique, que l’on peut retrouver de la plus petite cellule à tout l’univers. Les scientifiques ont montré qu’il existe une information préexistante à la matière, d’origine mathématique. Le nombre pi, par exemple, qui permet de concevoir le cercle est un nom¬bre sans fin. C’est 3,14 plus une infinité, sans hasard, de décimales après la virgule. On sait le calculer, mais on ne peut le concevoir, l’infini n’existant pas physiquement dans l’univers. Par quel «miracle» ce nombre a-t-il pu apparaître avant le big-bang ? Pourquoi ne peut-on pas le modifier sans modifier l’existence de l’univers ? L’univers n’est pas né par hasard. 

Ces théories sont-elles vérifiables ? Comment prouver leur validité ?

G.B. : La physique mathématique ouvre aujourd’hui des voies nouvelles, dans l’infiniment petit – à l’échelle de l’ato¬me – comme dans l’infiniment grand, dans le domaine des galaxies. A travers nos travaux à l’Université des sciences appliquées de Belgrade, nous proposons de découvrir ce qui a pu se passer avant le big-bang. Cette démarche débouche sur des questions métaphysiques. Nous cherchons à comprendre pourquoi le big-bang s’est soudain déclenché dans le vide primordial, alors que la communauté scientifique est plutôt obnubilée par le comment. D’où certains débats parfois vifs mais toujours stimulants pour le progrès. 

Quelles sont les dernières avancées en la matière ? 

I.B. : Deux événements pourraient confir¬mer, dans quelques mois, notre théorie d’un univers ordonné, né sans hasard. Tout d’abord le satellite Planck qui, dès 2013, doit rapporter des images précisant le flou qui entoure le big-bang. Ensuite, l’accélérateur de particules LHC, dont la découverte de «la particule-Dieu» devrait révolutionner ce que nous savons sur la naissance de la matière. 

En quoi vos théories se démarquent-elles du créationnisme ? 

G.B. : Nous y sommes totalement opposés, car le créationnisme nie le hasard, qui joue pourtant un rôle fondamental dans l’évolution de la vie. Pour nous, ce «Dieu» n’est pas celui de la révélation, mais, comme pour Einstein, « le Dieu de Spinoza », c’est-à-dire la cause à l’origine des causes. 

La pensée de Dieu, d’Igor et Grichka Bogdanov, postface de Luis Gonzalez-Mestres, chercheur au CNRS, Grasset, 19 €. Disponible demain. 

 

Trois théories pour expliquer l’existence de notre univers 

Alors que depuis des siècles les scientifiques veulent percer les mystères de l’univers, reléguant les explications théologiques pour un rationalisme scientifique, certaines questions demeurent. Pourquoi l’univers est-il apparu il y a des milliards d’années sous cette forme, alors qu’il n’y avait qu’une chance infime qu’il permette l’apparition de la vie ? Trois théories s’affrontent. 

Celle du «hasard cosmique», qui considère que notre existence, et celle de tout ce que contient l’univers, n’est due qu’à un incroyable hasard et à un enchaînement de circonstances heureux, sans coordination. Difficile à corréler scientifiquement, cette théorie se rapprocherait de ce que Jean-Paul Sartre appelle «l’absurdité du monde». 

La deuxième théorie, prospective, en vogue à l’heure actuelle, part du principe qu’il existe de nombreux autres univers à côté du nôtre. Ce dernier serait la seule version réussie d’une multitude d’autres ensembles chaotiques sans règle. Une hypothèse toutefois invérifiable. En outre, puisque la matière est régie par des lois mathématiques qu’il n’est pas possible de modifier – les fameuses «lois fondamentales» –, il est difficile d’imaginer des univers qui n’auraient pas respecté ces règles. 

Enfin, la théorie défendue par les frères Bogdanov, celle d’un univers ordonné, suppose un code sous-jacent, un peu comparable au code génétique de l’homme, qui expliquerait les lois physiques sans rien laisser au hasard. La vie apparaît comme la conséquence inévitable d’un scénario dicté, avec la plus haute précision, dès la naissance de notre univers. 

 

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