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Michel Galabru : l'art d'assumer les nanars

Michel Galabru sur le tournage des "Gendrames et des gendarmettes" en 1982. Michel Galabru sur le tournage des "Gendrames et des gendarmettes" en 1982. [ERIC GAILLARD / AFP]

Avec la mort de Michel Galabru ce 4 janvier 2016, disparaît aussi l'un des acteurs les plus prolifiques du cinéma français.

Si Michel Galabru a tourné pour de très grands réalisateurs comme Costa-Gavras, Bertrand Tavernier, Bertrand Blier ou Luigi Comencini, le comédien a lancé très tôt un pavé dans la mare du cinéma français en choisissant d'assumer le fait d'avoir tourné dans de nombreux "films alimentaires".

Entré à la prestigieuse Comédie Française en 1950 (pour en partir en 1958), Michel Galabru n'aura eu de cesse d'effectuer des allers-retours entre les planches, souvent dans de grands rôles classiques, et le cinéma français dont beaucoup de films grands publics.

Dans ses interviews, l'acteur n'a jamais caché sa propension à tourner des «nanars» pour pouvoir vivre, faire plaisir et... rigoler un peu aussi.

Dans une interview à Paris Match en 2007, Michel Galabru était déjà très lucide sur sa carrière : «Je suis sorti du Conservatoire avec un premier prix, mais au bout de cinq ans, à force d'ouvrir et de fermer les portes, de remplacer un acteur au pied levé, j'ai compris qu'il valait mieux partir. Ce que j'ai fait après n'était pas du Fellini, mais 'Le gendarme de Saint-Tropez' m'a permis de me faire un nom, de gagner ma vie et de pouvoir continuer à faire du théâtre classique tous les étés dans les festivals jusqu'à la chute finale !

En 2008, pour Le Télégramme, l'acteur explique ce qui l'attachait à ces "petits" films :

«Mon pourcentage de nanars doit être de 70 %. Pour les bons films, je me suis rattrapé sur le tard. J'ai quand même fait « Subway », « Uranus », « Le juge et l'assassin », « Section spéciale » avec Costa-Gavras, j'ai tourné avec Dino Risi, Luigi Comencini... Mais je ne veux pas cracher dans la soupe, c'est le nanar qui m'a fait vedette, c'est vrai. Et quand ils me voient, les gens me disent encore : le gendarme, le gendarme ! Que voulez-vous !»

Des «nanars» pour vivre

Outre la séries des «Gendarmes», Michel Galabru n'a eu de cesse de tourner dans des comédies populaires, notamment dans les années 1970 avec des films tels que « Les joyeux lurons » ou «Les vacanciers» de Michel Gérard, «Y'a un os dans la moulinette » de Raoul André ou encore «Le grand Fanfaron" de Philippe Clair. Au totals, Michel galabru aura tourné dans plus de 200 films, sans jamais renier les plus faibles d'entre eux. De quoi s'attirer l'amour du public mais aussi, plus étonnamment, de ses pairs.

«Tavernier m'avait engagé un an à l'avance. J'ai eu très peur, car je m'imaginais qu'avec tous les mauvais films que j'enchaînais il changerait d'avis. Eh bien, pas du tout ! Nous ne sommes que des intermittents. Je suis resté sans travail pendant huit mois. On attend que le téléphone sonne, comme les putes ! C'est une mort lente. (...) le cinéma ne m'intéresse pas. Un comédien y est utilisé comme une marionnette. Vous passez la journée à attendre, on vous dit de prendre des cafés, et à 7 heures du soir c'est à vous ! Comme disait Jouvet, le cinéma est l'art de trouver une chaise ! Mon métier, c'est le théâtre. » expliquait-il toujours à Paris Match.

Alors qu'il recevait un Molière en 2008 pour son interprétation dans la pièce «Les chaussettes», Michel Galabru était monté sur scène afin de remercier tous ceux qui l'avaient aidé sans oublier de dire un mot sur les fameux "navets", de quoi provoquer les rires de la salle et un tonnerre d'applaudissements.

 

 

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