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Joaquin Phoenix : "si on fait confiance au réalisateur, on est prêt à tout essayer"

Joaquin Phoenix est Doc Sportello dans "Inherent Vice", nouveau film de Paul Thomas Anderson adapté d'un roman de Thomas Pynchon. Joaquin Phoenix est Doc Sportello dans "Inherent Vice", nouveau film de Paul Thomas Anderson adapté d'un roman de Thomas Pynchon. [© Warner Bros]

Deux ans après "The Master", Joaquin Phoenix retrouve le réalisateur Paul Thomas Anderson pour "Inherent Vice", première adaptation cinématographique d’une oeuvre de l’auteur Thomas Pynchon. Une fois de plus l’acteur a fait confiance au réalisateur de "There Will Be Blood" pour donner le meilleur de lui-même dans ce polar déjanté à l’humour féroce. 

 

Comment vous êtes-vous senti sur le tournage ? 

Je crois que si on fait confiance au réalisateur, on est prêt à tout essayer. Et j’ai entièrement confiance en Paul.

 

Comment avez-vous élaboré le look de votre personnage ?

Paul a apporté quelques photos de Neil Young pour qu’on se fasse une idée du look de l’époque. On a essayé différentes choses, différents vêtements. Ce n’est pas une science. On a trouvé au fur et à mesure.

 

En quoi Paul Thomas Anderson est un réalisateur à part ?

C’est effrayant de faire un film. L’argent et le temps sont limités. Ce qui pousse à vouloir tout contrôler. Paul a presque tendance à faire le contraire. Si c’est trop facile, il s’ennuie. Il a besoin d’être poussé dans ses retranchements. J’aime aussi travailler de cette façon.

 

Marvel vous a proposé le rôle de "Doctor Strange".

Ces personnages de super-héros ont été créés dans les années 1960. Ils ont tout ce dont peut rêver un acteur. Mais une grande partie de leur intérêt est dissoute dans des productions à 100 millions de dollars qui essayent de toucher le plus de spectateurs possibles. J’ai réfléchi à la proposition et finalement ce n’était pas pour moi. Mais je suis ouvert à d’autres propositions.

 

De quoi parle "Inherent Vice" au juste ?

Personnellement, je déteste regarder des films sur lesquels j’en sais trop. Mes meilleures expériences cinématographiques ont été celles où je ne savais rien du film et dont je n’avais même pas vu la bande-annonce. Je n’aime pas quand les acteurs ou les réalisateurs expliquent ce qu’ils ont voulu faire. Je préfère qu’on me laisse faire ma propre interprétation. Et donc je ne veux pas polluer votre expérience du film avec mon interprétation…

 

La bande-annonce de "Inherent Vice" :

Avant "Inherent Vice", vous avez tourné "The Master", qui avait une atmosphère très pesante. L’ambiance d’un film affecte-t-elle celle du tournage ?

En effet, le film a souvent un impact sur l’état d’esprit durant le tournage. Sur "The Master", paradoxalement, on a beaucoup ri. Mais certainement que la façon dont j’étais impliqué auprès des autres devait être différente sur "Inherent Vice" que sur "The Master". "The Master" a eu tendance à m’isoler. Et je devais maintenir cet aspect. Ce qui est difficile quand on est entouré d’une soixantaine de personnes toute la journée. Alors que mon personnage dans "Inherent Vice" est au contraire ouvert sur le monde, sur les gens...

 

Avez-vous du mal à vous détacher de vos personnages après un tournage ?

Je sais que ça fait cool de dire ce genre de trucs mais non. Un rôle peut vous atteindre mais comme n’importe quelle chose que vous faites dans la vie. Ou alors, je ne sais pas si je m’en rends compte. Quand je termine un film, j’essaie de ne rien faire pendant un mois.

 

Quand vous avez fait croire que vous arrêtiez votre carrière d’acteur pour "I’m Still Here", cela faisait-il partie d’un plan ou avez-vous navigué à vue avec Casey Affleck ? 

Casey et moi avions toujours plaisanté sur le sujet. Je trouvais juste ça drôle. A l’époque, j’étais fatigué de faire des films comme je le faisais et j’avais besoin de faire quelque chose de différent. Et cette expérience a été tellement forte que je me disais que je ne pourrai plus jamais refaire des films traditionnels. Jusqu’à ce qu’il y ait "The Master". J’ai été chanceux avec ce film.

 

Vos proches étaient-ils au courant de l’expérience ? Etaient-ils inquiets ?

Les gens qui me connaissent bien savaient que ce n’était pas réel. Et ceux qui voulaient vraiment découvrir le pot-aux-roses avaient les moyens de le faire. On avait quand même laissé des indices. La vérité importait peu en réalité. Qui aurait voulu ruiner l’expérience ? Ce qui comptait était de voir les réactions dans les médias…

 

Imaginez-vous arrêter de jouer réellement un jour ?

Non, parce que je ne sais pas ce que je ferai d’autre. Jouer est ce que je fais de plus satisfaisant dans la vie.

 

Vous devez recevoir beaucoup de scénarios. Comment les sélectionnez-vous ?

Je ne sais pas si j’en reçois beaucoup. Pour le choix, c’est un peu comme tomber amoureux. Il faut que je sois séduit.

 

Etes-vous arrivé à un point avec Paul Thomas Anderson, comme avec James Gray, où vous pourriez accepter de jouer n’importe quoi pour lui ?

Je suis sûr que ce serait très difficile de dire non. Après, si je ne sens vraiment pas le film, cela pourrait m’arriver de refuser même si j’adore le réalisateur.

 

Vous êtes comédien depuis votre enfance, est-ce la meilleure chose qui pouvait vous arriver ?

Pour rien au monde, je changerai quelque chose à ma vie. Je ne sais pas ce qui a fait que j’ai été si chanceux. Ce qui est bien quand on débute si jeune, c’est qu’on ne fait que sentir les choses. On ne rationalise pas. Quand on vieillit, on commence à se poser des questions, à se dire qu’on veut faire des choses différentes… On analyse.

 

Que pensez-vous de la promotion ? Pensez-vous que les acteurs et les réalisateurs ne devraient pas parler de leur travail ?

Je ne préférerai pas en effet mais je comprends le besoin, la demande. Il y a tant de films qu’il faut bien trouver un moyen d’attirer l’attention du public. Les acteurs sont les visages des films, les réalisateurs, les responsables… Les acteurs sont en quelque sorte les porte-drapeaux du film et c’est normal qu’on leur demande de faire ça. Mais je préfère ne pas le faire.

 

Vous venez de tourner avec Woody Allen pour le film "Irrational Man". Une rumeur dit qu’Allen ne fait pas grand-chose sur le plateau. Un grand contraste avec Paul Thomas Anderson qu’on dit très actif…

Chaque réalisateur est différent. Parfois, ils sont très impliqués, très spécifiques dans leurs demandes. Je ne peux pas trop parler d’"Irrational Man" mais c’était une expérience formidable de travailler avec Woody. Il ne ressemble pas du tout au personnage qu’on voit à l’écran. On dirait un général. Il est très intelligent, très puissant. Il comprend tout. Notamment sur le rythme des scènes. Parfois, ce n’est pas évident de comprendre ce qui cloche dans une scène, d’en identifier le problème. Lui sait tout de suite ce qui ne va pas. Il enlève une ligne de dialogues, donne quelques indications de mise en scène et alors la scène se met à fonctionner comme par magie. Pour moi, les vrais bons réalisateurs ne sont pas des dictateurs. Ce sont ceux qui vous font sentir que vous êtes totalement libres, alors qu’en fait ce sont eux qui contrôlent. Paul est comme ça. Il ajuste les choses pour que vous vous sentiez libre de faire ce que vous devez faire. C’est vraiment agréable de jouer dans cette atmosphère parce qu’on a l’impression qu’on peut tout faire.

 

"Inherent Vice", de Paul Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin et Owen Wilson. En salles le 4 mars 

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