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Le mauvais exemple du basket, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin.[MERIADECK POUR DIRECT MATIN]

Le débat passionne tellement qu’il est passé inaperçu auprès du grand public. Le basket européen n’intéresse guère que les supporters.

On est loin des shoots à trois points de Stephen Curry ou des dunks de LeBron James en NBA. Mais ce qui se passe en ce moment pourrait bien donner des idées à d’autres sports, notamment le foot. Lorsque Karl-Heinz Rummenigge, président du Bayern Munich, réclame des têtes de série en Ligue des champions, ce n’est pas anodin. Les plus grands clubs, qui dépensent des fortunes, veulent raréfier le hasard. Autrement dit, ils veulent jouer entre eux.

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Pour être clair, depuis 2000, date de la rupture entre la Fiba (Fédération internationale de basket) et les grands clubs européens, les compétitions continentales sont partagées comme suit : l’Euroligue (24 clubs) et l’Eurocoupe (36 clubs) qui sont organisées par une société privée (Euroleague). La Fiba souhaite reprendre la main sur la C1 et la C2. Elle a annoncé, en octobre 2015, la création d’une Champions League tout en proposant à l’Euroleague de lui concéder l’exécutif de la C1, ce qu’elle a refusé. L’Euroleague a alors répliqué par un resserrement de son épreuve à 16 clubs, dont 11 permanents (la plupart des plus grosses écuries) et a signé un contrat commercial avec la société IMG de 630 millions d’euros pour dix ans, sur un modèle très proche des franchises NBA sans critère sportif. Les deux instances s’accusent mutuellement de refuser le dialogue.

Tony Parker et l’Asvel pour l’Euroligue

Le 14 mars dernier, l’Euroleague a proposé à 20 clubs de premier plan, écartés de la nouvelle C1, et 4 Ligues nationales importantes, de constituer une C2 avec des licences de trois ans, sans critère sportif. Ce qui tuerait dans l’œuf la compétitivité de la Fiba Champions League. Les clubs invités ont jusqu’au 1er avril pour accepter la proposition de l’Euroleague. La Fiba allant même jusqu’à menacer les fédérations nationales et les clubs dissidents d’exclusion de leurs championnats respectifs. 

L’Asvel, présidée par Tony Parker, s’est prononcée pour l’Euroligue-Eurocoupe, des présidents de clubs importants comme Strasbourg ou Le Mans ont fait savoir qu’ils souhaitaient que la FFBB (Fédération française de basket) «révise sa position afin de permettre aux clubs français de participer à l’Eurocoupe». Et la LNB (Ligue nationale de basket) «réserve sa position car elle ne souhaite pas entraîner ses clubs vers une compétition dont le ranking du premier club serait le 41e européen». Bref, c’est un épouvantable foutoir.

La Fiba fait preuve d’une absence de classe absolue pour conserver ses privilèges. La concurrence pense au business. Et personne ne pense au sport et surtout à créer une compétition qui fasse l’unanimité. Reste à connaître la position des diffuseurs. Là où ira la télévision sera la clé du débat. Mais encore une fois, les autres sports feraient bien de s’intéresser de très près à ce qui se passe dans le basket.

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