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Olivier Py : "Il faut un public métissé"

Olivier Py, nouveau directeur du Festival d'Avignon Olivier Py, nouveau directeur du Festival d'Avignon. [BORIS HORVAT / AFP]

Le festival d’Avignon  – plus grand rassemblement scénique d’Europe –a évité le pire. Bien que quelques actions des intermittents soient à prévoir, le personnel du festival a voté à 80 % contre la grève. Dans ce contexte difficile mais apaisé, son nouveau directeur, Olivier Py, revient sur sa nomination, le mouvement social et ses ambitions pour le festival, qu’il veut ouvrir plus encore à la jeunesse.

 

Le festival d’Avignon semble avoir évité le pire. Avez-vous un instant hésité à l’annuler ?

J’ai toujours dit que je n’annulerai pas le festival d’Avignon, ni un seul des spectacles programmés. Mais il y a un droit de grève et je le respecte.

 

Alors que le personnel du festival a voté mardi dernier à 80 % contre la grève, quelle a été jusqu’à présent votre position aussi bien sur la réforme que sur le mouvement social ?

Sur le mouvement social, il est légitime. Je ne vois pas pourquoi le fait de faire un métier artistique ne donnerait pas droit à une indemnisation comme d’autres catégories socio-professionnelles. Il y a eu beaucoup trop de retard sur cette question et les propositions des comités de suivi n’ont pas été écoutées, ce qui était une promesse de la gauche.

Pour autant, j’ai toujours pensé que la destruction d'œuvres d’art n’était pas possible. Que la violence n’était pas possible. Je respecte le droit de grève, mais je ne suis pas solidaire des gens qui détruisent les œuvres des autres. Je ne le serai jamais. Je suis solidaire des mouvements intermittents tant qu’ils s’expriment dans le cadre de la démocratie.

 

Ce mouvement a-t-il eu des conséquences sur la billetterie ?

Je suis assez surpris de voir que les conséquences sur les réservations sont faibles. Je suis  même assez  émerveillé de voir que le public réserve massivement pour voir les spectacles du festival avec la certitude que cette chose qui leur tient tellement à cœur ne peut pas être assassinée. 

 

Vous êtes le premier artiste nommé à la tête du festival d’Avignon depuis Jean Vilar, son fondateur. En quoi est-ce un symbole fort ?

Cela a un sens politique. Cela montre que les artistes ne sont pas des objets et qu’ils peuvent jouer un rôle citoyen. Que leur présence dans la ville au service de la république est une chose fondamentale.  Je crois que l’histoire du festival, c’est l’histoire d’un contrat entre le monde des artistes et la république donc cela a un sens très fort que le ministère de la Culture ait eu le courage de nommer un artiste à la tête du festival. 

 

Quelle direction proposez-vous ?

Le Festival n’est pas qu’une grande vitrine de spectacles. C’est un haut lieu de la conscience politique. Dans la programmation et dans les nouvelles tarifications, j’accorde une vraie importance à la jeunesse et à l’ouverture au monde, à l’extérieur. Jean Vilar n’aurait pas voulu d’un musée mort. Il voulait un festival qui se réinvente. Si le public crée l’artiste, ce sont les artistes qui créent de nouveaux liens, de nouvelles rencontres avec le public.

 

Rajeunir le public sera-t-il l’un de vos grands chantiers ?

La grande réussite du festival, c’est le public. Il ne faut pas qu'il vieillisse trop. Il faut  un public très métissé de manière générationnelle et sociale. Le grand travail d’un directeur de festival, c’est que le public soit toujours  la représentation de la société et non pas d’un club.

Nous devons continuer à travailler sur l’accueil des jeunes. Ce n’est pas par le contenu que l’on rajeunit le public, c’est par des offres tarifaires.  Ce n’est pas parce qu’il y a de la musique électronique, qu’il y aura plus de jeunes. On peut être jeune et avoir la passion de Shakespeare et des musiques anciennes.

 

Pour ce premier festival en tant que directeur vous avez également souhaité mettre en scène et présenter une création. En quoi était-ce important pour vous ?

C’est le sens même de mon action. Si je n’étais pas artiste, il n’y aurait pas d’intérêt à ce qu’un artiste dirige le festival. C’est mon destin qui continue. Je ne le fais pas comme un péché de gourmandise mais comme un acte conscient et hautement politique.

 

Festival d’Avignon, du 4 au 27 juillet.

 

Olivier Py : bio express

1988 : A 23 ans, il crée sa première pièce, "Des oranges et des ongles".
1995 : Il est révélé au Festival In d’Avignon avec La servante, une pièce qui dure 24 heures.
1997 : Il est nommé directeur du Centre dramatique national d’Orléans.
2007 : Il prend la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. En 2012, son mandat n’est pas reconduit par le ministre de la Culture à la surprise générale.
2013 : Il est nommé à la tête du Festival d’Avignon.

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