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Face à Ni Putes Ni Soumises, Orelsan défend sa liberté de création

Le rappeur "Orelsan" au Printemps de Bourges, le 26 avril 2012[AFP]

Aurélien Cotentin, plus connu sous son nom de rappeur "Orelsan", a brandi lundi la liberté de création devant le tribunal correctionnel de Paris où il était poursuivi pour "provocation au crime" par le mouvement féministe Ni Putes Ni Soumises (NPNS) pour une de ses chansons.

C'est un véritable fossé d'incompréhension qui semblait séparer lundi le prévenu de la partie civile et même du tribunal.

"Je ne pense pas que les gens soient suffisamment bêtes pour réitérer ce qui est dit dans une chanson, ou alors c'est qu'ils sont dangereux dès le départ", a expliqué le chanteur de 29 ans, pour qui le titre "Sale Pute", qu'il a écrit en 2006, puis diffusé sur internet en 2009, ne contient "aucune provocation, aucune incitation" à agresser les femmes.

Ni Putes Ni Soumises, qui défend notamment les filles des quartiers populaires contre la violence et le machisme, n'est pas du même avis.

L'association a engagé des poursuites contre Orelsan pour provocation au crime après la diffusion sur internet, en février 2009, de sa chanson "Sale pute", qui décrit en termes très crus la colère d'un jeune homme qui, se découvrant trompé, menace sa compagne de toute une série de violences physiques comme de l'"avorter à l'opinel".

Dans ce clip, diffusé à l'audience, ces propos violents sont entrecoupés de "Je t'aimais" et prononcés par un jeune homme accablé qui se saoule chez lui ou sur la plage après avoir appris l'adultère.

"Pour nous cette chanson est vraiment un appel à la haine", s'est émue la présidente de NPNS, Asma Guérifi.

"Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon et ça, ce n'est pas fictif", a renchéri son avocate, Me Samia Megouche, pour laquelle "on ne peut laisser dire tout et n'importe quoi"

"Oui, il y a des crimes horribles", a rétorqué Orelsan, "mais ce n'est pas pour ça qu'il faut interdire aux chansons d'en parler".

Le parquet a acquiescé: "je crois qu'on se trompe d'ennemi", a argué le procureur Aurore Chauvelot, rappelant que les femmes battues étaient bien réelles mais n'étaient "pas victimes des propos d'un chanteur qui s'exprime dans le cadre de sa liberté d'expression artistique". Elle a requis la relaxe.

Décision le 12 juin.

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